Comment éviter qu’une crise sociale ne suive la crise sanitaire ? C’est la question qui a été posée à Muriel Pénicaud, dès le début de cette audition en visioconférence.
En introduction, elle a pu faire le bilan des actions déjà menées par son ministère, depuis le début de la crise. Ce sont ainsi neuf ordonnances qui ont été prises en dix jours, a-t-elle rappelé, notamment grâce au vote rapide du projet de loi d’urgence sanitaire.
Le chômage partiel, un « filet de sécurité » économique
Parmi les mesures phares, il y a l'extension du recours au chômage partiel. Un « filet de sécurité » qui concerne à l’heure actuelle 544 000 entreprises, a dévoilé Muriel Pénicaud. Ce sont ainsi « 5,8 millions de salariés, pour un total de 2,4 milliards d’heures chômées demandées », a t-elle annoncé aux sénateurs de la commission des Affaires sociales.
Un chômage partiel bientôt rendu possible à d’autres professions, grâce à sept autres décrets, « dont les plus urgents paraîtront dans les tous prochains jours », a ajouté Muriel Pénicaud. Il va ainsi s’agir de détailler « les modalités de pratique de l’activité partielle pour certains publics, comme les VRP, mais il y a aussi les personnels navigants, les pigistes… beaucoup de ce type de catégories de salariés. »
Enfin à propos du chômage partiel, Muriel Pénicaud a évoqué une première estimation du coût de cette mesure pour le budget de l’Etat. Si le le confinement devait durer trois mois, par exemple, la mesure pourrait représenter 19,6 milliards d’euros, a-t-elle dit.
« Cela a un coût mais cela a du sens » a plaidé Muriel Pénicaud, devant les sénateurs. « L’investissement que fait la Nation, c’est éviter que le contrat de travail soit rompu, permettre au salarié d’être protégé par rapport au licenciement, permettre aux entreprises de repartir plus rapidement et plus sûrement demain »
« On ne transigera pas sur la santé des salariés »
Parmi les sujets majeurs de cette audition, on notera les inquiétudes pour les salariés amenés à travailler pendant la crise. La ministre du travail a évoqué à plusieurs reprises des guides regroupant les mesures de sécurité pour chaque filière professionnelle. Ces guides sont disponibles sur le site internet du ministère du travail. Charge aux employeurs de les appliquer lorsque l’activité des salariés est maintenue malgré le confinement.
« Ces guides sont intéressants, ils ont une quinzaine de jours ou quelques jours pour certains. (...) C’est très important que les professionnels diffusent ces guides », a demandé Muriel Pénicaud. Et à propos des employeurs qui n’ont parfois pas mis en place toutes les mesures de protection, la ministre a évoqué des mises en demeure, notamment à l’encontre des grandes surfaces qui n’ont pas encore protégé leurs caissières. « On ne va pas mettre en danger la vie des salariés », a ajouté la ministre, menaçant de fermeture les magasins refusant de mettre en place les protections nécessaires aux caissières.
« Si les équipements sont impossibles à trouver, on ne peut pas avoir des salariés qui travaillent, et on doit recourir au chômage partiel. », a-t-elle également expliqué.
Interrogée sur la faible protection de certains salariés qui travaillent dans les entrepôts ou les plate-formes logistiques, notamment parmi les salariés de l’enseigne Amazon, Muriel Pénicaud a dit : « On doit protéger les salariés et proposer des services. Il y a quatre sites qui ont été mis en demeure. (...) Il reste, selon les sites, quelques heures ou quelques jours pour la mise en conformité (...) sinon les sanctions pourront tomber. (...) On ne transigera pas sur la santé des salariés »
De nouveaux décret à venir
La ministre du travail a profité de l’audition face aux sénateurs pour évoquer de futurs décrets. Ils vont concerner l’assurance chômage, les missions de service de santé au travail, ou encore les modalités de réunion à distance des CSE, c’est-à-dire les comités sociaux et économiques.
Communiquer sur la formation professionnelle
Muriel Pénicaud a reconnu que les premières semaines de confinement avaient été difficiles pour nombre de salariés. Organisation, prise de conscience : les actifs ont mis plusieurs jours à prendre leurs marques.
Pour les chômeurs en fin de droits ou les salariés en chômage partiel, il y a désormais la possibilité d’obtenir une formation reconnue dans les filières, a expliqué la ministre. « Nous avons mobilisé l’appareil de formation pour leur demander ce qu’ils pouvaient faire », a détaillé Muriel Pénicaud. « Il y a 150 organismes de formation qui ont décidé le temps du confinement de mettre toutes leurs offres de formation en ligne gratuitement. (...) On a aujourd’hui une offre qui est disponible, il reste à passer le message : c’est peut-être le moment de se former. »