Commission d’enquête Covid-19 : Olivier Véran vole au secours de Jérôme Salomon et se défend de toute contradiction

Commission d’enquête Covid-19 : Olivier Véran vole au secours de Jérôme Salomon et se défend de toute contradiction

Le ministre des Solidarités et de la Santé a été interrogé à deux reprises aux questions d’actualité du Sénat sur les conclusions de la commission d’enquête, un rapport dont il a confessé ne pas avoir lu en entier. Il a estimé que ses propos devant les sénateurs n’avaient pas été contredits, et a défendu son directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, à qui les sénateurs reprochent d’être intervenu dans la rédaction d’un rapport.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Six jours après les conclusions accablantes de la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de la crise sanitaire du covid-19 (relire notre article), c’était l’heure du face-à-face ce 16 décembre entre les sénateurs et le ministre de la Santé et des Solidarités, Olivier Véran. Le successeur d’Agnès Buzyn, qui avait été auditionné par cette commission, a été interrogé à deux reprises sur les conclusions de la commission. Il n’a pas reconnu de dysfonctionnements, notamment sur les masques, mais a, au contraire, défendu son administration, comme Jérôme Salomon, directeur de la santé épinglé dans le rapport.

Le premier sénateur à saisir le micro est l’un visages les plus connus de la commission d’enquête, pour avoir présidé un grand nombre d’auditions : le sénateur LR René-Paul Savary. « On met le doigt sur un certain nombre de dysfonctionnements qui nécessitent des explications », s’est-il adressé à Olivier Véran. « Qu’en avez-vous tiré et que comptez-vous en faire ? »

« Je vais être franc avec vous M. le sénateur, je n’ai pas lu la totalité des 480 pages »

Olivier Véran a déclaré que le rapport comportait un « travail d’audit interne » qualifié d’ « intéressant », car il « apporte des éclairages sur un certain nombre de sujets en lien avec la gestion de crise sanitaire ». Mais le ministre de la Santé a fait une confession : il n’a pas parcouru de A à Z le long rapport des sénateurs, fruit de 101 heures d’auditions et d’autres investigations complémentaires. « Je vais être franc avec vous M. le sénateur, je n’ai pas lu la totalité des 480 pages que comporte votre rapport. Mais je connais le nombre de pages, c’est bien que je l’aie feuilleté et que j’en ai regardé la synthèse ainsi que les bonnes feuilles que j’avais pu découvrir dans la presse la veille au soir. »

Relevant des « éléments de nature purement politique qui émaillent ce rapport », Olivier Véran a affirmé qu’il n’avait « pas vu à la lecture du rapport le moindre élément qui vienne contredire [ses] propos » tenus durant l’audition.

« Merci pour la sincérité de votre réponse, vous ne l’avez pas lu. Je vous invite à le lire », a répliqué le sénateur, estimant qu’il n’appartenait qu’au ministre d’en « tirer les conséquences » pour que les dysfonctionnements mis en lumière dans le rapport « ne se reproduisent plus ». Avant de détourner la désormais célèbre formule d’Emmanuel Macron : « Parfois un peu critique ça ne nuit pas, quoi qu’il vous en coûte ».

L’hémicycle n’en est pas resté là, puisqu’un quart d’heure plus tard, la sénatrice socialiste Michelle Meunier a évoqué l’un des autres « constats accablants du rapport » : le cas de la rédaction d’un rapport de Santé publique France sur la dégradation des stocks de masques qui aurait été « délibérément influencée » par le directeur général de la Santé (relire notre article). « Le fiasco des masques a profondément écorné la confiance de concitoyens et concitoyennes envers les décisions prises par votre ministère », a reproché la sénatrice de Loire-Atlantique. « Le fiasco des masques porte un nom : celui de Jérôme Salomon. » La socialiste estime qu’à quelques jours des débuts de la campagne vaccinale, la « responsabilité politique » d’Olivier Véran est « immense » pour le « rétablissement de la confiance ». « Quand M. Salomon va-t-il être remplacé à la direction générale de la Santé ? »

« Le rapport d’experts mandaté par Santé publique France a été publié en l’état »

Saluant un « grand serviteur de la santé », le ministre a indiqué qu’il avait eu l’occasion de s’entretenir avec le DGS. « Les emails, c’est lui qui les a envoyés au Sénat, en toute transparence », a-t-il insisté. Olivier Véran a ensuite souligné qu’un rapport avait été demandé sur les antiviraux à l’hiver dernier à Santé publique France sur les antiviraux, et qu’un comité d’expert sollicité a adressé une réponse abordant de nombreux aspects de la lutte contre la pandémique. « Ce à quoi le directeur général de la Santé, dans un mail de janvier – que les sénateurs ont eu également mais qui n’a pas été publié dans le rapport – répond en disant « nous avons sollicité un avis sur la question des antiviraux, vous avez répondu au-delà du périmètre de la saisine » », a ajouté Olivier Véran.

Et de poursuivre : « En définitive, le rapport d’experts mandaté par Santé publique France a été publié en l’état et son auteur, le professeur Stahl, un éminent infectiologue grenoblois a reconnu lui-même qu’il n’avait pas changé un traître mot à son rapport, qu’il ne savait même pas de quoi il était question. »

La réponse n’a pas dissipé les inquiétudes de la sénatrice pour la confiance dans la suite de la lutte contre le covid-19. « La DGS va jouer un rôle pivot dans la campagne de vaccination. Elle ne peut supporter les doutes sur le pilotage », a-t-il mis en garde.

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Commission d’enquête Covid-19 : Olivier Véran vole au secours de Jérôme Salomon et se défend de toute contradiction
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Commission d’enquête Covid-19 : Olivier Véran vole au secours de Jérôme Salomon et se défend de toute contradiction
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le