Une question de jours, d’heures peut-être ? La teneur des débats à l’Assemblée nationale, où a débuté lundi l’examen du projet de loi de finances 2023, ne laisse guère de doutes quant au recours par l’exécutif de l’article 49.3 pour faire adopter son budget en se passant du vote des députés. Reste encore à savoir quand est-ce que le gouvernement estimera utile de dégainer cette arme constitutionnelle et de mettre fin aux discussions. « Il n’y a pas de vérité dans ce domaine-là. Il faut regarder comment se passe le débat », commente Éric Woerth, l’ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy. « Hier il y a eu deux motions de l’extrême gauche, qui étaient des motions de rejet du débat. C’est assez curieux parce qu’ils disaient : ‘Le débat ! Le débat ! Le débat ! On ne dialogue pas !’ Et là, on a des motions pour rejeter le débat. Ces gens sont toujours à la limite de l’incohérence complète en prenant des contradictions permanentes », soupire l’ex-LR, qui a rallié Emmanuel Macron pendant la présidentielle, et qui était, ce mardi 11 octobre, l’invité de la matinale de Public Sénat.
« Il y aura un 49.3, puisque chacun a indiqué qu’il ne voterait pas le budget », assure Éric Woerth, qui reproche aux oppositions, en particulier celles de gauche, de tout faire pour entraver les discussions. 3 341 amendements ont été déposés et doivent être examinés en séance publique. « On n’est pas loin de l’obstruction parlementaire […] c’est évidemment extrêmement difficile », relève notre invité. « Il y a une brutalité du débat parce qu’une grande partie de la Nupes en a une vision violente, estime encore Éric Woerth qui évoque « l’interruption des orateurs, le non-respect de ce que disent les uns et les autres. » « Bref, ajoute-t-il, ils n’écoutent pas. »
« On ne peut pas non plus perdre trop de temps »
Monté à la tribune en fin d’après-midi, Éric Coquerel, le président de la commission des finances à l’Assemblée nationale, et l’une des principales voix du groupe La France insoumise à l’Assemblée, a demandé au gouvernement de surseoir à l’utilisation du 49.3. « Laissons le temps du débat », a-t-il lancé.
« Les oppositions agrégées de LR à Nupes, en passant par le RN, ont dit qu’elles ne voteraient pas avant même d’entamer le débat. Elles ont mis sur la table, dès le départ, la conclusion du débat. Et comme la conclusion c’est de ne pas voter, c’est un débat qui est dans l’impasse politique », poursuit Éric Woerth, qui invoque également un calendrier parlementaire chargé pour justifier un éventuel passage en force. « On ne peut pas non plus perdre trop de temps, nous avons besoin de beaucoup de temps pour faire plein d’autres choses ».