Après les sénateurs, les députés rabotent la niche fiscale des journalistes

Après les sénateurs, les députés rabotent la niche fiscale des journalistes

L’Assemblée nationale a conservé un amendement adopté par le Sénat qui exclut les plus hauts salaires du bénéfice de l’abattement fiscal des journalistes. Le gouvernement s’y était opposé dans un premier temps, avant de laisser faire.
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Le gouvernement change régulièrement d’avis en ce moment. Cette fois, il s’agit de la niche fiscale des journalistes. Dans la nuit de mardi à mercredi, les députés, qui planchaient en nouvelle lecture sur le budget 2019, ont raboté l’abattement d’impôt dont bénéficient les journalistes.

6.000 euros nets

Il s’agit à l’origine d’un amendement du sénateur RDSE Yvon Collin, qui avait été adopté le 23 novembre par le Sénat, comme nous l’avions relevé. Il limite la niche fiscale aux journalistes dont le salaire est inférieur à 6.000 euros nets par mois. Seuls les plus hauts revenus sont donc touchés, comme les directeurs de rédaction ou certains journalistes-présentateurs télés. Le gouvernement avait alors émis un avis défavorable devant la Haute assemblée.

Mais à l’Assemblée, le rapporteur général du budget, Joël Giraud, a laissé faire. S’il a souligné dans son rapport que l’abattement « constitue une forme de soutien au secteur de la presse écrite de nature à encourager la pluralité et la liberté de la presse », la commission des finances a préconisé d’adopter l’article sans modification. Lors de l’examen en séance, le gouvernement n’est pas revenu non plus dessus.

Plusieurs tentatives

Des amendements de suppression totale de la niche, déposés par LFI et Emmanuelle Ménard. Un autre amendement de la députée de l’Hérault, visant à fixer le seuil à 3.000 euros bruts, soit environ 2.300 euros nets, a aussi été rejeté.

Il y avait eu plusieurs tentatives pour modifier la niche fiscale ces dernières années. Pour expliquer ce changement de position du gouvernement, la crise des gilets jaunes, qui a connu son pic entre la lecture du texte au Sénat et son retour devant l’Assemblée, a peut-être pu faire réfléchir l’exécutif.

Précarité surtout chez les jeunes journalistes

L’abattement fiscal permet aux journalistes de déduire 7.650 euros sur leur déclaration d’impôt sur le revenu. Son coût total est estimé entre 50 et 70 millions d’euros. Selon les données issues de la Commission nationale de la carte de presse, le revenu mensuel moyen des journalistes en CDI est de 3.549 euros en 2016, de 1.969 pour les journalistes pigistes et de 1.886 pour les journalistes en CDD.

La profession connaît une forme de précarité, surtout dans les premières années d’exercice. 73,7% des journalistes sont en CDI, 18,7% sont pigistes et 3,2% sont en CDD. Mais chez les moins de 26 ans, 41,5% sont pigistes et 36,6% en CDD. Chez les 26-34 ans, ils sont encore 33,7% de pigistes et 8,5% en CDD.

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