80 sénateurs de plusieurs groupes politiques veulent créer un ticket-restaurant étudiant

80 sénateurs de plusieurs groupes politiques veulent créer un ticket-restaurant étudiant

Le sénateur centriste Pierre-Antoine Lévi a déposé une proposition de loi afin de créer un ticket-restaurant accessible aux étudiants. L’idée est de leur permettre de bénéficier d’une prise en charge d’une partie du repas, même en l’absence d’un lieu de restauration du CROUS.
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Les étudiants pourront-ils bientôt avoir accès à des tickets-restaurants, comparables à ce qui existe pour les salariés ? Face à la précarité montante des étudiants accentuée par les restrictions sanitaires, le sénateur (Union centriste) Pierre-Antoine Lévi a déposé le 3 mars une proposition de loi visant à mettre en place un ticket-restaurant universitaire. L’idée est de permettre à tous les étudiants de bénéficier d’une façon ou d’une autre des tarifs avantageux proposées par les CROUS (Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires) en matière de restauration. Le restaurant universitaire (RU) permet de bénéficier d’un repas complet pour 3,30 euros. Cette tarification a été abaissée à un 1 euro en juillet dernier pour les boursiers. Ce tarif de crise a ensuite été généralisé à l’ensemble des étudiants en janvier.

Si la mesure est jugée bienvenue par le sénateur du Tarn-et-Garonne, elle est cependant inégalitaire. Tous les étudiants n’ayant pas accès à un « RU » (comme les étudiants en BTS), ou n’en disposant tout simplement pas. « Dans beaucoup de villes de taille intermédiaire, il n’y a pas du tout de restaurant universitaire. Cela concernerait pas mal d’étudiants qui pourraient profiter de cette offre. C’est une proposition qui me paraît assez moderne », explique le parlementaire, élu au Sénat pour la première fois en septembre dernier.

« J’ai reçu pas mal de messages d’étudiants. C’est assez déchirant »

D’où sa proposition d’instituer un ticket restau pour les étudiants, sur le même principe que le ticket proposé et cofinancé par les entreprises pour leurs salariés. L’étudiant, qu’il soit boursier ou non, paierait une part équivalente à celui du prix du repas en restaurant universitaire (3,30 euros) et l’Etat compléterait à la même hauteur le titre. Ce chèque d’une valeur de 6,60 euros lui permettrait de se restaurer dans un lieu qui a passé une convention avec le CROUS, ou de faire ses courses. Le chèque-restaurant universitaire aurait l’avantage d’offrir un coup de pouce aux étudiants, même lorsque les restaurants du CROUS sont fermés le week-end, ou l’été. L’enjeu est réel. Avec l’effondrement du nombre de petits boulots, notamment dans la restauration, les files d’étudiants devant les banques alimentaires ou les épiceries solidaires ont bondi. « J’ai reçu pas mal de messages d’étudiants. C’est assez déchirant. Ils n’ont même pas de quoi faire deux repas par jour », fait remonter le sénateur.

L’urgence sur l’alimentation avait d’ailleurs été le grand sujet soulevé par les organisations de jeunesse, face à la mission d’information du Sénat sur l’égalité des chances (relire notre article). Au cours d’une autre audition, l’Observatoire national de la vie étudiante avait alerté sur le creusement des disparités entre étudiants. Le sujet est également abordé par une autre mission d’information, sur l’évolution et la lutte contre la précarisation et la paupérisation d’une partie des Français.

Une proposition de loi soutenue jusque dans les rangs du groupe écologiste

La mesure aura un coût, et nécessitera une logistique supplémentaire aux CROUS. Mais Pierre-Antoine Lévi se montre confiant. « Cela ne me paraît pas insurmontable. C’est une question de volonté politique », met-il au défi. Sa proposition a recueilli de nombreux appuis. Elle a été cosignée par 79 de ses collègues, et pas seulement au sein de son groupe Union centriste. On y trouve une vingtaine de sénateurs du groupe Les Républicains, et quatre du groupe Les Indépendants, mais aussi de manière plus singulière, deux du groupe RDSE (un groupe comptant principalement des membres du Mouvement radical) et deux du groupe écologiste.

« J’ai signé car j’ai pensé que c’était utile. J’espère que cela passera et que ce sera une première étape », encourage la sénatrice EELV Esther Benbassa, qui fait partie des cosignataires. L’écologiste, qui milite pour un RSA ouvert aux jeunes de 18-25 ans considère que les décisions du gouvernement sont loin des attentes. « Nos jeunes ne comprennent pas pourquoi on ne s’intéresse pas à eux. On a trouvé que ce n’était pas rentable pour la présidentielle », dénonce-t-elle.

Le 9 février, la députée (Les Républicains) Anne-Laure Blin avait déposé une proposition de loi identique. Des députés LREM avaient exprimé leur soutien, en cosignant son texte. Le principe d’un ticket-restaurant étudiant est défendu depuis plusieurs années par le syndicat étudiant MET (ex-UNI, classé à droite), dans lequel la députée avait milité. De son côté, la FAGE, première organisation étudiante de France, avait reconnu que la solution d’une tarification à 1 euro dans les restaurants universitaires ne répondait pas à l’ensemble des situations.

La proposition de loi de Pierre-Antoine Lévi n’est pas encore inscrite à l’ordre du jour. Mais la journée du 10 juin, prochaine journée réservée aux initiatives parlementaires de l’Union centriste, pourrait constituer la prochaine fenêtre disponible.

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