Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Vin : une sénatrice accuse Buzyn de vouloir faire de la France le « pays de la prohibition »
Par Public Sénat
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Les propos tenus par Agnès Buzyn le 7 février sur France 2, dans un débat intitulé « Alcool, un tabou français ? », sont restés en travers de la gorge de la sénatrice Nathalie Delattre, siégeant au groupe Rassemblement Démocratique et Social Européen.
La ministre des Solidarités et de la Santé avait expliqué, que sur le plan sanitaire, le vin était « un alcool comme un autre ». « L’industrie du vin laisse croire aujourd'hui que le vin est différent des autres alcools. En termes de santé publique, c'est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. »
Des propos qui n'ont pas été du goût de Nathalie Delattre, élue de Gironde et viticultrice de profession, qui a interpellé le gouvernement, lors des questions d’actualité ce jeudi :
« Le vin ne saurait être ramené à la seule dimension d’une boisson contenant de l’alcool. La profession ne saurait être pointée du doigt lorsque nous sommes engagés depuis de nombreuses années sur une politique de consommation responsable. »
Indiquant que sa profession était ancrée dans les terroirs, créatrice d’emplois et stratégique dans les exportations nationales, la sénatrice accuse la ministre de n’avoir « de cesse de jeter l’opprobre sur [leurs] têtes ».
« Allez vous reconnaître l’existence d’une consommation responsable ou souhaitez vous suivre votre ministre de la Santé qui veut faire de la France le pays de la prohibition ? », demande-t-elle.
« J’aime le vin », répond le Premier ministre
C'est le Premier ministre qui monte au créneau. Fidèle à ses traits d’humour qui ponctuent parfois ses interventions, Édouard Philippe cherche dans un premier temps à détendre l’atmosphère, déclarant, malgré ses origines normandes : « J’aime le vin ». Et de préciser : « ça n’a pas toujours été le cas, y compris parmi les grands élus de notre pays. » Une petite allusion moqueuse à Nicolas Sarkozy.
« Vous dites que le gouvernement, par la voix de la ministre des Solidarités et de la Santé, se serait engagé dans je ne sais quelle croisade contre le vin […] Votre propos m’apparaît outrancier », a poursuivi le chef du gouvernement.
Rappelant que l’exécutif appuyait au contraire la filière dans les négociations internationales, Édouard Philippe dénonce une attaque infondée, avant de prendre la défense de sa ministre :
« D’où tirez-vous que ce gouvernement aurait pris des mesures défavorables aux viticulteurs et à la culture du vin en général ? […] Si vous pensez, Madame la sénatrice, qu’une ministre des Solidarités et de la Santé, qui toute sa vie professionnelle a été médecin, professeur d’hématologie, va dire publiquement que le vin ne comporte pas d’alcool et que l’alcool peut avoir un impact dans des questions de santé publique, c’est que vous ne comprenez pas ce que nous souhaitons faire : respecter et développer une pratique modérée. Je crois que tout le monde ici accepte l’idée qu’il faille boire le vin avec modération. »
Sur les bancs, les sénateurs s’agitent et apostrophent le chef du gouvernement. Il faut dire qu'on ne badine pas avec la défense de ce patrimoine, comme en témoigne l'existence d'un groupe d'études vigne et vin au Sénat, tout comme à l'Assemblée nationale. Édouard Philippe s'adresse à l'hémicycle :
« Non mais franchement, si vous considérez qu’il n’y a pas de problème de santé publique, on peut en parler. »
Comme une nouvelle illustration du « en même temps », Édouard Philippe ménage viticulteurs et médecins, en concluant qu’il serait « irresponsable » de ne « pas voir les deux faces de la même pièce » :
« Nous allons regarder le problème en face et nous allons à la fois respecter cette place particulière à laquelle nous sommes tous attachés du vin dans la culture et l’agriculture françaises, mais que nous n’allons pas faire semblant qu’il n’y aurait pas de problème de santé publique. »