Vin : une sénatrice accuse Buzyn de vouloir faire de la France le « pays de la prohibition »

Vin : une sénatrice accuse Buzyn de vouloir faire de la France le « pays de la prohibition »

« J'aime le vin », a répondu Édouard Philippe à une sénatrice mécontente des propos de la ministre de la Santé, tout en dénonçant des propos « outranciers ».
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les propos tenus par Agnès Buzyn le 7 février sur France 2, dans un débat intitulé « Alcool, un tabou français ? », sont restés en travers de la gorge de la sénatrice Nathalie Delattre, siégeant au groupe Rassemblement Démocratique et Social Européen.

La ministre des Solidarités et de la Santé avait expliqué, que sur le plan sanitaire, le vin était « un alcool comme un autre ». « L’industrie du vin laisse croire aujourd'hui que le vin est différent des autres alcools. En termes de santé publique, c'est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. »

Des propos qui n'ont pas été du goût de Nathalie Delattre, élue de Gironde et viticultrice de profession, qui a interpellé le gouvernement, lors des questions d’actualité ce jeudi :

« Le vin ne saurait être ramené à la seule dimension d’une boisson contenant de l’alcool. La profession ne saurait être pointée du doigt lorsque nous sommes engagés depuis de nombreuses années sur une politique de consommation responsable. »

Indiquant que sa profession était ancrée dans les terroirs, créatrice d’emplois et stratégique dans les exportations nationales, la sénatrice accuse la ministre de n’avoir « de cesse de jeter l’opprobre sur [leurs] têtes ».

« Allez vous reconnaître l’existence d’une consommation responsable ou souhaitez vous suivre votre ministre de la Santé qui veut faire de la France le pays de la prohibition ? », demande-t-elle.

« J’aime le vin », répond le Premier ministre

« J’aime le vin », répond Édouard Philippe à Nathalie Delattre
04:27

C'est le Premier ministre qui monte au créneau. Fidèle à ses traits d’humour qui ponctuent parfois ses interventions, Édouard Philippe cherche dans un premier temps à détendre l’atmosphère, déclarant, malgré ses origines normandes : « J’aime le vin ». Et de préciser : « ça n’a pas toujours été le cas, y compris parmi les grands élus de notre pays. » Une petite allusion moqueuse à Nicolas Sarkozy.

« Vous dites que le gouvernement, par la voix de la ministre des Solidarités et de la Santé, se serait engagé dans je ne sais quelle croisade contre le vin […] Votre propos m’apparaît outrancier », a poursuivi le chef du gouvernement.

Rappelant que l’exécutif appuyait au contraire la filière dans les négociations internationales, Édouard Philippe dénonce une attaque infondée, avant de prendre la défense de sa ministre :

« D’où tirez-vous que ce gouvernement aurait pris des mesures défavorables aux viticulteurs et à la culture du vin en général ? […] Si vous pensez, Madame la sénatrice, qu’une ministre des Solidarités et de la Santé, qui toute sa vie professionnelle a été médecin, professeur d’hématologie, va dire publiquement que le vin ne comporte pas d’alcool et que l’alcool peut avoir un impact dans des questions de santé publique, c’est que vous ne comprenez pas ce que nous souhaitons faire : respecter et développer une pratique modérée. Je crois que tout le monde ici accepte l’idée qu’il faille boire le vin avec modération. »

Sur les bancs, les sénateurs s’agitent et apostrophent le chef du gouvernement. Il faut dire qu'on ne badine pas avec la défense de ce patrimoine, comme en témoigne l'existence d'un groupe d'études vigne et vin au Sénat, tout comme à l'Assemblée nationale. Édouard Philippe s'adresse à l'hémicycle :

« Non mais franchement, si vous considérez qu’il n’y a pas de problème de santé publique, on peut en parler. »

Comme une nouvelle illustration du « en même temps », Édouard Philippe ménage viticulteurs et médecins, en concluant qu’il serait « irresponsable » de ne « pas voir les deux faces de la même pièce » :

« Nous allons regarder le problème en face et nous allons à la fois respecter cette place particulière à laquelle nous sommes tous attachés du vin dans la culture et l’agriculture françaises, mais que nous n’allons pas faire semblant qu’il n’y aurait pas de problème de santé publique. »

Dans la même thématique

Vin : une sénatrice accuse Buzyn de vouloir faire de la France le « pays de la prohibition »
3min

Politique

Arnaques en ligne : « Ça empêche les seniors de faire des démarches par ordinateur » alerte cette conseillère numérique

Et si le meilleur moyen de lutter contre les arnaques en ligne tenait dans une petite mallette de carton ? Depuis quatre ans Marylise Lemarié, conseillère numérique à la communauté de communes Val-ès-Dunes dans le Calvados utilise la mallette cyber, développée par les pouvoirs publics pour faire de la prévention et accompagner les victimes des arnaques en ligne, comme elle le raconte au micro de Quentin Calmet dans l’émission Dialogue citoyen.

Le

Vin : une sénatrice accuse Buzyn de vouloir faire de la France le « pays de la prohibition »
3min

Politique

Parité : « Grâce aux quotas, on a fait progresser les choses » pour Valérie Pécresse

Il y a 25 ans, les femmes étaient largement sous-représentées dans la vie politique. En 1997, elles ne représentent que 10% des députés et seulement 7% des sénateurs. Pour y remédier, sous l’impulsion de Lionel Jospin, Premier ministre de l’époque, une loi qui instaure la parité en politique est votée. Retour sur cet évènement majeur qui a durablement modifié la vie politique française dans l’émission Il était une loi, présentée par Matthieu Croissandeau.

Le

MEETING RAPHAEL GLUCKSMANN ELECTIONS EUROPEENNES
5min

Politique

Congrès du PS : Nicolas Mayer Rossignol défend une gauche « claire dans les alliances », « de responsabilité » et « pro européenne »

En vue du congrès PS de Nancy, le maire de Rouen et ses amis vont de nouveau tenter de faire tomber le premier secrétaire, Olivier Faure. Alors que « les choses avancent bien » vers un éventuel rapprochement avec la contribution d’Hélène Geoffroy, voire celles de « Boris Vallaud » et de « Jérôme Guedj », Nicolas Mayer Rossignol semble caresser l’idée d’un front anti-Olivier Faure qui lui permettrait cette fois de l’emporter.

Le

Paris XV, Siege de France Television
6min

Politique

Audiovisuel public : vers un nouveau report de la « réforme maudite » ?

Adoptée en juin 2023 par le Sénat, la proposition de loi de Laurent Lafon qui prévoit la création d’une holding pour chapeauter les différentes entités de Radio France et France Télévisions pourraient voir, une fois de plus, son examen reporté à l’Assemblée nationale, après un incident opposant la ministre Rachida Dati et une fonctionnaire de l’Assemblée nationale. « Cette réforme est maudite », finit par croire le rapporteur du texte, Jean-Raymond Hugonet.

Le