Séguéla: « Mitterrand avait peur de la télé ! »

Séguéla: « Mitterrand avait peur de la télé ! »

On le sait peu mais François Mitterrand détestait la télévision. Jacques Séguéla, qui fut son conseiller en communication nous livre son analyse, ses confidences et les faux pas à éviter, quand on est candidat à l'élection présidentielle. Les secrets d’un gourou de la com, c'est le sujet de L'info dans le rétro cette semaine, avec nos deux invités Jacques Séguéla et Michel Winock, historien et spécialiste de l’histoire de la République française.
Public Sénat

Par Julie Philippe

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Il est souvent présenté comme l’artisan des victoires présidentielles de François Mitterrand. Dans les années 1980, alors que la communication politique se professionnalise, Jacques Séguéla dispense avec habileté ses conseils au futur président. «J’ai beaucoup travaillé avec François Mitterrand qui avait très peur de la télé », confie le publicitaire. Le conseiller consulte Mitterrand et lui dispense quelques recommandations judicieuses, notamment concernant sa gestuelle.

Gagner du temps pour réfléchir

« Ayez un jeu de mains qui vous représente, vous incarne avec douceur. On vous pose une question : vous vous caressez les mains et vous avez dix, quinze secondes pour réfléchir et balancer votre réponse », suggère Jacques Séguéla. Des conseils mis en application par François Mitterrand. L’animal politique fait pleinement confiance au publicitaire et le laisse aussi gérer le clip de sa campagne en 1988.

"Mitterrand avait peur de la télévision"
01:12

 

« Chaque candidat doit maîtriser sa communication »

Pourtant, pour Jacques Séguéla, François Mitterrand est le seul artisan de sa victoire : « Il a tout décidé au sein de sa campagne, a vérifié chaque élément ». Une  rigueur essentielle, il y a trente ans comme aujourd’hui. « C’est une faute professionnelle pour un candidat de ne pas connaître la communication. » 

Aujourd'hui pour se démarquer il faut moins communiquer

En faire trop peu, et c’est l’échec assuré, mais en faire trop est aussi préjudiciable, note-t-il, donnant l’exemple de Nicolas Sarkozy : « Il en a trop fait et trop de communication tue la communication ». Un constat partagé par l’historien Michel Winock, qui regrette aussi que la forme prime sur le fond : « Aujourd’hui, on juge sur le style, l’allure et l’élégance ».

Jacques Séguéla approuve et explique le succès de François Fillon aux primaires de la droite : « Il a su mesurer et maitriser sa communication, en a fait beaucoup moins que les autres. »

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