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La sénatrice Véronique Guillotin alerte le gouvernement sur la baisse des consultations hors-covid
Par Quentin Calmet
Publié le
L’espace d’un instant, la sénatrice hésite. Est-ce il y a deux ou trois semaines ? Au téléphone, elle marque une courte pause et réfléchit. Elle semble avoir perdu la notion du temps puis se reprend : « Je travaille depuis maintenant trois semaines dans l’unité covid… Que dire sur mon quotidien ? C’est un boulot à temps plein avec des horaires étendus. J’essaie de mener en même temps ma fonction de parlementaire. Je me fais le relai des personnels de santé, des patients…. »
« Nous, en Meurthe-et- Moselle, nous sommes un peu épargnés », dit-elle avec prudence. « Sur le nord du département, dans un bassin de 100 000 habitants, on a des lits d’avance. On arrive à faire entrer et sortir les patients, on a un turn-over… »
Un courrier au Premier ministre
Au téléphone, rapidement, la sénatrice engage la discussion sur les sujets graves du moment : « On est alerté par les hôpitaux plus petits : il y a un décrochage très important des actes de consultations, des patients chroniques ou des pathologies plus graves. »
Certains malades renonceraient à venir se faire soigner ou à surveiller leur santé, « du fait du covid ». Une situation potentiellement grave, « qui doit être rééquilibrée », selon cette élue du Mouvement radical.
« Selon certains syndicats de médecins, les consultations ‘hors-covid’ ont baissé de 40%. Ce n’est pas une petite baisse, c’est une baisse sensible. (...) Au début de la crise, personne n’était vraiment très organisé… donc effectivement, ça toussait dans les salles d’attente… Il y a des organisations qui se sont mises en place, avec des centres covid, des parcours de soin. Il est important de dire aux gens qu’il doivent se faire suivre. C’est une alerte importante. » martèle Véronique Guillotin.
Second sujet d’importance qui a conduit la sénatrice à écrire au Premier ministre : la pénurie de certains médicaments, « ceux utilisés dans les services de réanimation : curare, le midazolam (un sédatif), et certains antibiotiques… On sent que les hôpitaux ont peu de marge de manoeuvre… » s’inquiète-t-elle.
La sénatrice, élue en 2017, a repris du service dans l'hôpital qu’elle connaît bien en Meurthe-et-Moselle. Au début de sa carrière, elle avait été interne dans cet établissement de Mont-Saint-Martin.
Des personnels hospitaliers vaillants
Avant de raccrocher, on évoque son moral. La sénatrice, discrète, explique : « On est dans l'action, on ne se pose pas trop de questions, mais c’est quand même difficile… Quand on arrive dans le service, on se dit ‘on fait le boulot’, mais le poids revient quand on rentre à la maison. Les nuits ne sont pas de tout repos, ça travaille. Quand on reprend de la distance, le climat est lourd. Pour les soignants, on peut pas s'empêcher de se poser des questions. Le personnel est vaillant, on a des équipes très engagées… »
Parmi les moments les plus difficiles à vivre, il y a la mort des patients, sans leurs proches. Elle-même a dû s’habituer à cette idée terrible : « On dit au gens, ce n'est pas possible. C’est humainement très douloureux… » Le silence se fait au téléphone. « C’est arrivé quelques fois… » dira simplement Véronique Guillotin.