Paris SNCF : Le trafic des TGV tres perturbe après une attaque massive informatique, 800.000 voyageurs concernes

Sabotage du réseau SNCF : les sénateurs pointent les investissements insuffisants du gouvernement

Après les actes malveillants qui ont paralysé une partie du réseau SNCF le 26 juillet, les sénateurs pointent l’insuffisance des investissements pour régénérer le réseau, en particulier le système d’aiguillage. Les sénateurs plaident pour un système de commande centralisé réduisant la vulnérabilité du réseau.
Henri Clavier

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Vendredi 26 juillet, le réseau SNCF a été pris pour cible et a subi plusieurs actes de sabotage visant des emprises de la société ferroviaire. Les axes Atlantique, Nord et Est ont été touchés par des actes de sabotage qui ont consisté à sectionner des câbles et déclencher des incendies dans trois postes d’aiguillage. Ces actions, vraisemblablement menées par des militants d’ultragauche, illustrent la vulnérabilité du réseau et des emprises de la SNCF. Ainsi, 800 000 voyageurs ont été impactés par ces actions, voyant leurs trains annulés, retardés ou remplacés.

Pourtant, la vulnérabilité des emprises et la nécessité d’en renforcer la sécurisation lors de l’organisation d’événements sportifs mondiaux sont bien connues des pouvoirs publics. Des failles sur lesquelles les sénateurs alertent depuis plusieurs années, déplorant le manque d’investissement du gouvernement sur le sujet.

Des failles bien connues

Le risque de sabotage et d’actes malveillants touchant le réseau avait été identifié par le SNCF dans son plan de vigilance 2024 comme une menace croissante compte tenu de l’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024. Par ailleurs, en janvier 2023, un incendie avait visé le poste d’aiguillage à Vaires-sur-Marne bloquant le trafic ferroviaire de la Gare de l’Est pendant deux jours. Hervé Maurey, sénateur centriste et auteur d’un rapport sur la gestion financière de la SNCF en 2022, avait interpellé le gouvernement dans une question écrite, en février 2023, sur les moyens que ce dernier comptait mettre en œuvre pour lutter contre de nouveaux actes de sabotage. « Je n’ai eu une réponse à ma question qu’en juin dernier dans laquelle le gouvernement m’assure avoir débloqué 5 millions d’euros de crédits supplémentaires pour sécuriser les sites, mais c’est manifestement insuffisant », déplore Hervé Maurey. Au total ce sont 35 millions d’euros qui ont été investis en 2023 et 2024 pour renforcer la sécurité des emprises de la SNCF.

Dans sa réponse, le gouvernement assure que « cet effort financier [vient] compléter les moyens déjà engagés par la SNCF pour sécuriser le réseau, permettant de sécuriser au total près de 130 sites stratégiques, ces crédits sont mobilisés pour renforcer les clôtures, alarmes, détecteurs de personnes, ou moyens de vidéosurveillance ».

Les postes d’aiguillage, cibles privilégiées

Pour Philippe Tabarot, sénateur des Alpes-Maritimes et chef de file Les Républicains sur les transports, « sécuriser l’ensemble du réseau est totalement utopique, le contrôle des emprises de la SNCF est extrêmement compliqué ». Constatant que le réseau compte presque 2 000 postes d’aiguillage, Philippe Tabarot prône la mise en place d’un « système de commande centralisée qui permettrait de réaliser l’aiguillage à partir d’une vingtaine de centres de commande ». « On fait le constat d’une grande fragilité et d’une vulnérabilité des postes d’aiguillage », abonde Stéphane Sautarel, sénateur LR du Cantal qui insiste sur le nombre très supérieur de postes d’aiguillage en France par rapport aux autres pays européens. Ce dernier pointe également un « système d’aiguillage obsolète ».

Indispensables à la circulation, ces postes permettent de sécuriser le trafic ferroviaire.  « Ces câbles commandent les signaux qui sont des informations de sécurité pour les conducteurs et les moteurs des aiguillages pour les itinéraires des trains », expliquait Jean-Pierre Farandou à la suite des actes de malveillance ayant touché le réseau le 26 juillet. Pour les sénateurs impliqués sur le sujet, cela ne fait aucun doute, le renforcement de la sécurisation doit passer par une modernisation des infrastructures et une régénération du réseau.

Un plan d’investissements à 100 milliards qui se fait attendre

« Tant que l’on ne réglera pas la question de la commande centralisée pour l’aiguillage ce sera très compliqué d’avoir une surveillance et une sécurisation renforcée », estime Philippe Tabarot. Alors que de nombreux travaux ont démontré les failles du réseau, les sénateurs s’offusquent d’un investissement minimal du gouvernement sur le sujet. Alors qu’un plan d’investissements de 100 milliards d’euros d’ici 2040 avait été promis par Élisabeth Borne au printemps 2023, les investissements demandés par les sénateurs peinent à se concrétiser.

« Entre l’ERTMS (système européen de gestion de trafic) et la centralisation de l’aiguillage cela nécessite entre 36 et 40 milliards d’euros d’investissements, cela fait partie des 100 milliards qui doivent être alloués au réseau », note Stéphane Sautarel. Si le plan d’investissement n’a pas vocation à être entièrement financé par le budget de l’Etat, M.Sautarel estime que les crédits alloués sont insuffisants au regard de la dégradation du réseau. « Sur le ferroviaire, il y a tout le temps des effets d’annonce, mais ces annonces ne sont jamais suivies d’effets », constate Hervé Maurey.

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