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Les JO d’hiver 2030 en quatre questions

Il n’y avait pas vraiment de suspens. Sans autre candidat en lice, l’organisation des JO d’hiver 2030 ont été attribuées ce mercredi 24 juillet aux Alpes françaises. Une attribution « sous condition » qui ne fait pas forcément l’unanimité. Voici les points qui posent question.
Samia Dechir

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Pourquoi une attribution « sous conditions » ?

Parce que Gabriel Attal n’a pas signé la garantie financière de l’Etat à organiser ces Jeux Olympiques. Officiellement, parce qu’il est premier ministre démissionnaire en charge des affaires courantes, et que cela ne fait plus partie de ses attributions. Officieusement, il se murmure que cet épisode n’est que la suite d’un bras de fer entamé entre le chef de l’Etat et son premier ministre au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale.

Le comité international olympique demande à la France de fournir cette garantie financière de l’Etat avant le 1er octobre prochain. Le successeur de Gabriel Attal à Matignon signera-t-il sans réserve ? Tout dépend de sa sensibilité politique, et les opposants aux JO 2030 reprennent espoir. « Un premier ministre du Nouveau Front Populaire ne pourrait pas signer ces garanties en l’état. Idéologiquement ce n’est pas possible », veut croire Valérie Paumier du collectif Résilience Montagne. « Oui bien-sûr on a espoir qu’un nouveau premier ministre ne signe pas, même si c’est un premier ministre de droite, c’est hors parti » espère Stéphane Passeron du collectif « No JO »

Combien vont coûter les JO 2030 ?

Le comité d’organisation a chiffré le budget à 1,9 milliard d’euros. Mais un rapport commandé par Matignon à l’Inspection générale des finances, et dévoilé par La Lettre, estime que les JO 2030 coûteront en réalité près de 2,4 milliards d’euros, dont 900 millions d’euros financés par l’Etat. Fervent partisan de la candidature alpine, le sénateur isérois Michel Savin reconnaît lui-même que la vigilance s’impose sur de possibles dérapages budgétaires. « Le budget de Paris 2024 risque d’être deux fois plus important que prévu, beaucoup de dépenses ont été sous-estimées en termes de sécurité. Il y a un travail à faire sur 2030 pour évaluer plus finement les coûts réels des jeux ».

A titre de comparaison, le budget de Paris 2024 devrait tourner autour de 10 milliards d’euros. « Lissé sur cinq ans, que ce soit 1,9 milliard ou 2,4 milliards, ce n’est pas insurmontable », estime Jean-Michel Arnaud, sénateur des Hautes-Alpes et partisan convaincu de la candidature de son territoire pour les jeux d’hiver. Le collectif « No JO » fustige au contraire cette dépense d’argent public pour un modèle jugé dépassé.  « On n’a même encore fini de payer ceux de Paris qu’on commence déjà à payer pour d’autres jeux, c’est du jamais vu ! » s’exclame Stéphane Passeron.

Quelles retombées économiques pour les Alpes ?

Michel Savin en est convaincu, accueillir les JO d’hiver 2030 serait une vraie chance pour les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur. « En termes économiques, ça va être quelque chose d’important avec la construction des villages olympiques, mais ça va surtout permettre d’attirer des touristes avec des images extraordinaires des sites qui seront retransmises dans le monde entier », veut croire l’élu isérois.

Jean-Michel Arnaud est lui aussi persuadé que son département des Hautes-Alpes peut profiter de l’évènement. « Ça peut accélérer des dossiers en attente depuis plusieurs décennies pour les infrastructures routières et ferroviaires. Et encourager les jeunes à venir s’installer dans les Hautes-Alpes, alors que l’INSEE nous prédit une perte de 10% de la population actuelle dans les 15 ans à venir » prédit le centriste.

Quel sera l’impact environnemental de ces jeux ?

Pour les défenseurs de la candidature alpine, les JO 2030 seront « vertueux » puisqu’ils seront très majoritairement organisés sur des sites déjà existants, à l’exception d’une patinoire qui sera construite à Nice. Sénateur écologiste de l’Isère, Guillaume Gontard n’est pas du tout du même avis. « On est dans un territoire de montagne où l’impact climatique est encore plus rude qu’ailleurs. Il y a quelques jours, j’étais encore au hameau de la Bérarde qui a été rayé de la carte (après d’importantes crues au mois de juin) ». Le patron des Verts au Sénat préférait que les millions investis dans les JO d’hiver servent à accompagner les petites stations de ski condamnées à fermer faute de neige. « C’est le niveau zéro de la politique. On continue comme avant, à investir dans le tout-ski, mais c’est l’inverse qu’on devrait faire pour sauver l’économie de la montagne et les gens qui y vivent ! » rage l’élu isérois.

Stéphane Passeron ne dit pas autre chose. Pendant vingt ans, il a pourtant fait partie de l’équipe de France de ski de fond, avant d’entraîner les skieurs handisports aux JO d’hiver de Vancouver. « Dans les Alpes, c’est la catastrophe. Moi je suis moniteur de ski et cette année j’ai travaillé la moitié d’un hiver normal ». Membre du collectif « No JO », il rappelle que les Alpes sont en première ligne face au réchauffement climatique. « Notre économie est liée à la neige, tout le monde le sait mais au lieu de dire on arrête le moteur, on est dans le Titanic et on fonce ». La neige, c’est précisément ce qui risque de manquer prévient aussi Valérie Paumier. « En 2030, on n’aura pas de neige. 100% de la neige sera fabriquée avec de l’eau potable » s’étrangle la fondatrice du collectif Résilience Montagne. « On part sur un dossier mensonger, c’est cynique ».

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