France Winter Games launch of the COJOP French Alps 2030

JO Alpes 2030 : le lancement tardif du comité d’organisation rend le calendrier serré

Le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJOP) d’hiver 2030 dans les Alpes françaises a finalement été lancé ce mardi après-midi à Décines (Rhône). Après de nombreuses tergiversations, c’est l’ancien skieur de ski de bosses Edgar Grospiron qui est nommé à la tête du COJOP.
Marius Texier

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D’abord prévu pour l’automne 2024, puis pour la fin janvier. Le lancement s’est déroulé le 18 février 2025. « Il faut prendre en compte la période politique que nous avons vécue et dans laquelle nous nous trouvons encore. Censure, instabilité, élection du CIO (Comité international olympique) en mars, tout cela n’a pas facilité les choses, mais ensuite ça va dérouler », explique Jean-Michel Arnaud, sénateur des Hautes-Alpes.

Jusqu’à la nomination du président également, rien n’a été facile. Après de longues négociations, Martin Fourcade annonce quitter l’aventure des Jeux, le 3 février, afin de « ne pas se sacrifier » et « de préserver ses convictions ».

Parmi les raisons invoquées, le sextuple champion olympique regrette les « nombreux désaccords » notamment sur « le mode de gouvernance, la vision et l’ancrage territorial »

En coulisse, une véritable lutte d’influence oppose Laurent Wauquiez et Renaud Muselier, respectivement président de la région Auvergne Rhône Alpes et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, où doivent se dérouler les Jeux 2030. Les tensions portent notamment sur l’attribution des lieux d’épreuves.

Dans un entretien accordé à la Provence, la ministre des sports, Marie Barsacq a appelé à une « remise à plat » de la répartition des lieux d’épreuves.

À la recherche d’un président

Dès lors, on cherche un remplaçant à toute vitesse. Plusieurs personnalités déposent leur candidature. Parmi eux : Nathalie Péchalat, ancienne championne de danse sur glace et présidente de la Fédération Française des sports de glace ou encore Gérard Holtz, journaliste sportif.

C’est finalement Edgar Grospiron, le champion olympique de ski de bosses aux Jeux olympiques d’Albertville en 1992, qui est retenu. Ce dernier, a déclaré à l’AFP, nourrir « de grandes ambitions pour ce projet » tout en prenant en compte les difficultés à venir.

« On va remettre le dossier au carré […] il n’est pas nickel. Il faut serrer les boulons partout. Les décisions des prochaines semaines vont être guidées par les finances », a-t-il indiqué.

Peu de temps pour le développement des infrastructures

À 5 ans, presque jour pour jour, du début des jeux, la question de la livraison en temps et en heure des infrastructures, interroge. Jean-Michel Arnaud salue les projets mis en place pour les Alpes françaises et « l’héritage » de ces jeux. « Je suis satisfait des politiques publiques qui vont être mises en place pour ces Jeux », se réjouit-il. Parmi elles, le sénateur évoque le désert ferroviaire dans sa région et les équipements routiers qui seront proposés.

En réponse, les opposants pointent l’impossibilité de construire de telles infrastructures dans un délai aussi court. Pour Guillaume Gontard, sénateur écologiste de l’Isère, les investissements dans le ferroviaire serviront « seulement pour les JO ». « Nous avons du retard dans des projets ferroviaires, notamment de sécurisation, car nous devons attendre le financement des Jeux. Ce sont aussi des projets qui ne serviront que pour l’événement et assez peu par la suite », s’alarme le sénateur.

Le nouveau président Edgar Prospiron a cependant précisé vouloir « penser au lendemain des infrastructures » pour permettre « l’acceptabilité du projet pour tous les Français ». Pour ce faire, il affirme « s’appuyer sur le formidable héritage des Jeux de 1992 ».

« Les Jeux les moins chers de l’histoire »

Le budget, annoncé en juillet dernier par le COJOP, risque également de poser un problème. S’élevant initialement à près de 3 milliards d’euros comprenant 1,9 milliard pour le COJOP et 1 milliard de l’Etat au titre des infrastructures. Il devrait vraisemblablement être augmenté de 500 millions comme l’a indiqué l’Inspection générale des finances (IGF) dans un rapport commandé par Matignon.

Le président de la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA), Renaud Muselier, a pourtant indiqué que ces Jeux seraient « les moins chers de l’histoire ».

« Les investissements vont être faits au détriment des habitants. Ce sont des politiques publiques en moins pour le quotidien en montagne », redoute Guillaume Gontard. Sur la question de l’héritage des Jeux, il prévient : « De nombreuses infrastructures ne vont servir que pour ces jeux et seront en friche ensuite. Mais la question de l’héritage est surtout de savoir à quel prix ? Les habitants d’Albertville payent encore les Jeux de 1992 ».

Le nouveau président Edgar Grospiron a annoncé vouloir veiller à la bonne utilisation des deniers publics en déclarant afficher dans son bureau la phrase « l’argent de l’Etat, c’est sacré, dépense chaque euro comme si ta vie en dépendait ».

La question environnementale au cœur de ces jeux

Parmi les reproches adressés aux Jeux d’hiver 2030, les opposants pointent le non-sens écologique de l’événement. « Au contraire, ces Jeux vont permettre de mettre le focus sur la question écologique en montagne », lance Jean-Michel Arnaud. « Il faut remettre de l’intelligence collective et créer un espace de discussion entre les pro Jeux et les opposants. Cela permettra de questionner les politiques publiques à l’œuvre dans notre région et de réfléchir à la montagne de demain ».

Pour Guillaume Gontard, on est loin d’une discussion équilibrée avec « quelques représentants de droite » qui prennent l’ensemble des décisions. « Je trouve cela intéressant de faire une grande fête de la montagne, avec une ferveur et où l’on réfléchit à l’avenir. Mais là, il n’y a pas de changement de logiciel, ce sont des JO version années 80 qui ne prennent pas en compte les problématiques liées au changement climatique. »

Selon une étude publiée dans la revue « Nature », les Pyrénées et les Alpes sont les montagnes qui se réchauffent le plus au monde. En 20 ans, les glaciers de la planète ont perdu en moyenne 5 % de leur volume initial. « Dans mon département, il y a des glaciers qui s’effondrent. Un village a même été rayé de la carte », se désole Guillaume Gontard. Le 21 juin, le village de la Bérarde, situé en Isère à 1720 mètres d’altitude, a été enseveli par des torrents de roches et de boue.

« Les études indiquent que la neige va se faire de plus en plus rare dans les prochaines années. Il nous faut créer un nouveau rapport à la montagne avec, certes, moins de ski, mais de nouvelles pratiques ».

Du 18 au 21 mars 2025, à l’occasion de la 144e Session du Comité International Olympique (CIO), se tiendra l’élection du président du Comité. David Lappartient, président du Comité national olympique et sportif français est candidat.

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