Finances locales : « Il faut une nouvelle organisation de la fiscalité », réclame David Lisnard, président de l’AMF

A quelques heures du Haut conseil des finances publiques locales, le maire de Cannes et président de l’Association des Maires de France, David Lisnard, a défendu, dans la matinale de Public Sénat, une nouvelle organisation de la fiscalité locale.
Camille Romano

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Il est un avocat de la « performance ». Invité du plateau de Bonjour Chez Vous, le président de l’Association des Maires de France David Lisnard a plaidé pour une refonte de la fiscalité locale, sans pour autant passer par un retour de la taxe d’habitation, supprimée pour tous depuis 2023.

« Je suis pour la performance de la France, et aujourd’hui la performance ne peut passer que par la libre administration communale et par la démocratie locale, c’est-à-dire que les gens sanctionnent ceux qui gèrent mal ! », a-t-il argumenté. « Tout le système mis en place par Bercy, et notamment par ceux qui aujourd’hui nous font la leçon, a été un système qui nous a privés de responsabilités devant les contribuables ! »

Pour le maire de Cannes, l’orientation donnée par le gouvernement à la fiscalité locale, notamment avec la suppression de la taxe d’habitation, a été dommageable aux collectivités territoriales et à leur efficacité. S’il exclut le retour de taxe d’habitation, il réclame pour autant « une nouvelle organisation de la fiscalité. » « Il faut que les habitants se sentent concernés par la dépense. Or, aujourd’hui l’impôt local ne repose que sur les propriétaires. » Cette nouvelle fiscalité, le président de l’AMF l’imagine en plusieurs pans : « Il faut un impôt résidentiel, qui soit au niveau du bloc communal, un impôt économique qui soit au niveau des intercommunalités etc. »

Pas de retour de la taxe d’habitation

Il met en avant ce qu’il présente comme « un principe de base, qui arrive à transcender les clivages partisans à l’AMF » : « L’efficacité, c’est la responsabilité, et la responsabilité, c’est la capacité d’action. » Mais pour autant, loin de lui l’idée d’être dans une trajectoire d’augmentation des impôts : il insiste sur sa volonté de baisser la fiscalité : « Je pense qu’il faut baisser les prélèvements, et pour baisser les prélèvements structurellement, il faut qu’on sache qui lève l’impôt, et qu’on rende des comptes en tant qu’homme ou femme politique aux citoyens. » En retrouvant sa capacité à lever l’impôt, la collectivité retrouverait sa responsabilité et sa capacité d’action : « Ce n’est pas nous qui avons demandé à être mis sous la perfusion du malade », finit par s’agacer le maire de Cannes.

Alors que le gouvernement s’alarme du dérapage du déficit public pour 2023, qui s’élève à 5,5 % au lieu des 4,9 % annoncés, et prévoit dans cette optique un plan d’économie de 10 milliards d’euros d’économies pour 2024, David Lisnard a pointé les responsabilités de l’Etat dans la mauvaise gestion de ses propres comptes, une mauvaise gestion qui ne devrait pas retomber sur les collectivités locales. « Si on veut vraiment s’attaquer à la matrice du problème des dépenses publiques, on regarde les comptes de l’Etat, les comptes sociaux et on revoit l’organisation des pouvoirs publics », attaque David Lisnard.

Dans la même thématique

BUSTE MARIANNE
6min

Territoires

Elections municipales : la parité obligatoire adoptée pour les plus petites communes

Après une adoption loin d’être large au Sénat, la proposition de loi « visant à harmoniser le mode de scrutin aux élections municipales afin de garantir la vitalité démocratique, la cohésion municipale et la parité » a été votée de justesse à l’Assemblée nationale hier. Le texte prévoit d’étendre aux communes de moins de 1 000 habitants les scrutins de liste paritaire pour les élections municipales, dès 2026. Une mesure qui, jusqu’au bout, n’a pas fait consensus.

Le

Migrants in the Mozambique Channel
5min

Territoires

Mayotte : le cri d'alarme de deux sénateurs face au blocage de l'aide humanitaire

Une dizaine de conteneurs d’aide humanitaire seraient immobilisés depuis plusieurs semaines dans le port de Longoni, en raison des coûts portuaires trop élevés pour les associations. Les sénateurs socialistes Saïd Omar Oili et Annie Le Houérou demandent aux pouvoirs publics de débloquer la situation pour pouvoir distribuer cette aide aux Mahorais.

Le