Le 105ème congrès des maires de France, organisé chaque année par l’association des maires de France (AMF), s’est achevé ce 23 novembre par deux discours attendus : celui du président de l’association David Lisnard, auquel a immédiatement répondu celui de la Première ministre. L’occasion pour le maire de Cannes de soulever l’ensemble des problématiques rencontrées par les élus locaux, de la sécurité aux lourdeurs bureaucratiques en passant par le manque de moyens financiers.
Le président de l’AMF a également tenu à saluer le succès de cette édition du congrès annuel, une « édition record » avec 11 000 élus participants. Tous étaient réunis pour traiter d’une thématique qui a marqué l’actualité cette année, avec la multiplication des agressions de maires : « Communes attaquées, République menacée ».
Renforcer la protection des élus
En lien avec le thème de cette 105ème édition, dans son discours de clôture, David Lisnard a tenu une nouvelle fois à évoquer la hausse des violences contre les élus : « Nous alertions dès l’année dernière et malheureusement l’année écoulée nous a donné raison. Selon le ministère de l’Intérieur, après avoir augmenté de 32 % entre 2021 et 2022, les agressions contre les élus sont à nouveau en hausse d’au moins 15 % de plus cette année ». Le maire de Cannes dénonce ainsi « un palier supplémentaire franchi dans les violences », en citant les agressions des maires de Saint-Brevin-les-Pins et de L’Haÿ-les-Roses.
Au-delà des violences, le président de l’AMF a également alerté sur la forte augmentation des démissions d’élus, que son association observe dans le cadre d’études en partenariat avec le centre de recherches politiques de Sciences Po. « Il y a deux fois plus de démissions de maires sur la décennie en cours que sur la décennie précédente, avec une moyenne de 40 maires par mois depuis 2020. Plus d’un maire sur deux envisage de ne pas se représenter en 2026 », déplore David Lisnard.
À ce titre, le maire de Cannes a salué l’adoption à l’unanimité au Sénat, le 10 octobre dernier, d’une proposition de loi renforçant la sécurité des élus locaux. Celle-ci prévoit notamment de durcir les sanctions pénales pour les auteurs d’agressions et de mettre en œuvre de manière effective la protection fonctionnelle des élus, une mesure d’assistance dont bénéficient les élus menacés. « Nous souhaitons que ce texte soit voté dans les mêmes termes à l’Assemblée nationale, notamment au regard de la protection fonctionnelle qui doit être automatique et qui doit être prise en charge », a indiqué David Lisnard.
« Nos alertes sont prises au sérieux »
Pour répondre aux attentes de l’AMF sur la sécurité, la Première ministre a notamment rappelé que le gouvernement souhaitait « permettre à certains policiers municipaux d’accomplir des actes de police judiciaire, sous le contrôle des parquets », pour « leur donner les moyens d’agir plus efficacement contre la délinquance du quotidien ». « C’est une satisfaction de voir que nos alertes sont prises au sérieux. Nous nous réjouissons des annonces qui ont été faites, mais comme pour toutes les autres victimes d’agressions, il y aura par la suite le problème des moyens déployés dans les parquets », a estimé David Lisnard au micro de Public Sénat.
C’est sur le sujet des moyens financiers donnés aux maires que les annonces de la Première ministre ont été les plus significatives. La dotation globale de financement (DGF) des communes sera ainsi rallongée de 100 millions d’euros, s’ajoutant aux 220 millions d’euros déjà inscrits dans le budget 2024 en cours d’examen au Sénat. Une annonce qui marque « la reconnaissance de la validité de la doctrine de l’AMF », selon son président.
Lors de son discours, le maire de Cannes avait également demandé à la Première ministre le maintien de « l’amortisseur énergétique », qui permet la prise en charge d’une part de la facture d’électricité des communes. Dans la foulée, Elisabeth Borne a annoncé la reconduction du dispositif pour cette année, permettant de réduire de plus d’un milliard d’euros la facture des collectivités locales. Pour David Lisnard, c’est « la mesure la plus forte annoncée » à l’issue de ce congrès des maires.
« Libérez vous de la surcharge bureaucratique »
Comme lors des éditions précédentes, le président de l’AMF a profité de son discours pour dénoncer le poids de la bureaucratie sur les communes. Dans une longue énumération, il a fustigé tour à tour « le ZAN [zéro artificialisation nette], cette énormité bureaucratique », ou encore « la loi climat et résilience qui est une bombe à fragmentation bureaucratique ».
« Il est temps de remettre de la démocratie locale là où il y a de la bureaucratie », a martelé David Lisnard en reprenant une proposition phare de son association : le transfert du pouvoir réglementaire aux collectivités territoriales. « Libérez-vous de la surcharge bureaucratique ! Notre liberté sera la liberté de l’Etat et de l’administration centrale, délestée des compétences qu’elle ne parvient pas à exercer correctement », a conclu le maire de Cannes en s’adressant directement à la Première ministre.
En matière de décentralisation, les annonces faites par Elisabeth Borne n’ont pas convaincu David Lisnard qui attend encore des actes forts. « Depuis qu’Emmanuel Macron a été élu, on a que de la recentralisation en matière financière, avec le retrait de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises et de la taxe d’habitation. On nous met sous dépendance de l’Etat », a déploré le président de l’AMF.