Une proposition de loi pour «protéger les enfants victimes de viol » et « éviter la notion de consentement »

Une proposition de loi pour «protéger les enfants victimes de viol » et « éviter la notion de consentement »

Une relation sexuelle entre une enfant de 11 ans et un homme de 28 ans peut-elle être consentie ? C'est la question qui fait polémique au parquet de Pontoise, où cet acte a été qualifié non pas de viol, mais « d'atteinte sur mineur ». Sur cette question, la sénatrice communiste Laurence Cohen monte au créneau et annonce qu'elle déposera prochainement une proposition de loi pour éviter que la notion de consentement soit utilisée pour les mineurs, avec une limite à 13 ou 15 ans.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La sénatrice communiste Laurence Cohen va déposer une proposition de loi sur le consentement des mineurs. Une PPL qui trouve son origine dans une affaire judiciaire polémique révélée par Mediapart. À Pontoise, une préadolescente de 11 ans a porté plainte pour « viol » après une relation sexuelle avec un homme de 28 ans. Or, le parquet n’a pas retenu cette qualification à l’encontre du prévenu. Le jeune homme devait comparaître cette semaine pour « atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans », avant que le procès ne soit reporté en février prochain. La victime, une élève de sixième, avait suivi cet homme à la sortie du collège sans violence ni contrainte, comme le précisent les enquêteurs, avant d’arriver au domicile de ce dernier où le rapport sexuel a eu lieu. « Elle était tétanisée, elle ne savait pas comment réagir » expliquent les avocats de la victime.

 

Selon l’article 222-23 du Code Pénal, est qualifié de viol « tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». Ici, le parquet n’a pas retenu ce qualificatif malgré le jeune âge de la victime, la jugeant donc consentante, d’où la poursuite du prévenu pour « atteinte sexuelle sur mineur » seulement (la majorité sexuelle est, pour rappel, de  15 ans).

 

« C’est très grave de penser qu’il puisse y avoir consentement »

 

« J’ai été extrêmement choquée par la déqualification de ce viol. » La sénatrice du Val-de-Marne Laurence Cohen, engagée pour le droit des femmes au sein de la commission des affaires sociales, a annoncé son souhait de légiférer sur la question. «Penser qu’il peut y avoir consentement dans ce cas, avec une enfant de onze ans, c’est très grave. C’est grave pour elle, qui aura du mal à se reconstruire, et c’est grave pour le message qui est envoyé à tous les violeurs en leur disant que finalement, ce n’est pas si grave que ça. » Pour la sénatrice, c’est un crime qui doit être jugé aux assises et elle espère, comme les avocats, une requalification avant la reprise du procès en février prochain.

Pour éviter que ce genre de cas ne se reproduise, Laurence Cohen déposera dans les semaines qui viennent une proposition de loi au Sénat. « Elle visera à protéger les enfants qui sont victimes de viol en empêchant qu’on puisse prétendre, au niveau législatif, qu’il y a consentement pour les mineurs, avec une limite à 13 ou 15 ans. » 

Dans la même thématique

Illustration: justice tibunal,administration penitenciaire.
6min

Société

Qu’est-ce que le « contrôle coercitif », cette notion au cœur des débats sur la proposition de loi contre les violences sexuelles ?

L’intégration dans le Code pénal de cette notion, développée dans les années 1970 pour décrire certains aspects des violences conjugales, a nourri de vifs débats au Sénat jeudi 3 avril. Les élus ont renoncé à la faire entrer strico-sensu dans la loi, mais ils s’en sont inspirés pour revoir la définition pénale du harcèlement sur conjoint.

Le

European Union defence : ‘rearming Europe’ project
6min

Société

Kit de survie : « Quand une population est préparée, elle n’est pas en mode panique », salue le sénateur Olivier Cadic

Pour que les populations soient préparées en cas de crise, la Commission européenne conseille aux citoyens d’avoir un « sac de résilience » avec tout ce qu’il faut pour tenir, en cas de catastrophe naturelle… ou de guerre. « Le but n’est pas de faire peur aux gens », soutient le sénateur LR Cédric Perrin, mais « d’anticiper les situations ». La France prépare un livret de survie, sur le modèle suédois.

Le

Une proposition de loi pour «protéger les enfants victimes de viol » et « éviter la notion de consentement »
4min

Société

« Sur le handicap, le regard de la société a progressé plus vite que celui des institutions » se réjouit Eglantine Eméyé

Mannequin, animatrice de télévision et comédienne. Elle a médiatisé le combat de son second fils Samy, atteint d’autisme sévère, pour alerter sur le manque de prise en charge des enfants handicapés, mais aussi la solitude des mères et des parents. Malgré la disparition de son fils en 2023, elle a décidé de poursuivre le combat. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Eglantine Eméyé dans « Un monde, un regard » sur Public Sénat.

Le