Le 15 octobre, la mort de Paul Varry, cycliste de 27 ans écrasé en plein Paris par un automobiliste depuis mis en examen pour meurtre, avait suscité une vague d’indignation. Aujourd’hui, l’émotion laisse la place au débat : faut-il interdire la circulation des SUV en ville ?
Depuis le 1er octobre, suite à un référendum sur le sujet auprès des Parisiens, les propriétaires de SUV non-résidents dans la capitale doivent payer trois fois plus cher pour y stationner. Pour le sénateur de Paris Ian Brossat, il faut aller plus loin.
Dans un communiqué après la mort de Paul Varry, l’élu communiste estimait qu’il était temps de « lever le tabou sur l’interdiction des SUV à Paris ». Dans une proposition de loi, il propose désormais de donner aux élus locaux les moyens d’interdire ces véhicules dans toutes les villes.
Des restrictions de circulation pour les véhicules lourds
Le texte, divisé en deux articles, propose d’abord que les maires et les présidents des collectivités puissent « restreindre la circulation des véhicules personnels dépassant un certain poids ». Ce seuil de poids serait fixé à 1,8 tonne pour les véhicules thermiques et à 2 tonnes pour les véhicules 100 % électriques, dont l’équipement est en moyenne plus lourd.
Cette restriction pourrait aller jusqu’à l’interdiction « dans les agglomérations où le partage de la voirie est parfois délicat », « afin de protéger les autres usagers ». Dans tous les cas, la mesure ne concernerait pas les véhicules professionnels, le transport de personnes handicapées, ainsi que les véhicules utilisés pour accomplir des missions de service public.
Des SUV plus dangereux que les autres voitures, selon des études étrangères
Pour justifier ces mesures fortes, Ian Brossat s’appuie sur plusieurs études étrangères qui démontrent que les SUV sont plus accidentogènes que les autres véhicules, avec une plus grande gravité des blessures causées sur les usagers vulnérables de la route. Ces données n’existent pas en France. Dans sa proposition de loi, Ian Brossat demande ainsi au gouvernement de fournir au Parlement un « rapport sur l’accidentologie par type de véhicule », six mois après la promulgation de son texte.
Selon l’assureur AXA, qui a analysé en Suisse les accidents en fonction du type de véhicule impliqué, les voitures de plus de 2,1 tonnes causent « 10 à 27 % d’accidents de plus que les autres types de voitures ». Selon une autre étude, réalisée cette fois-ci par un institut belge spécialiste de la sécurité routière, le risque de blessure mortelle chez les piétons et les cyclistes « augmente de 50 % lorsqu’ils sont heurtés par un véhicule de 1,8 tonne, par rapport à un véhicule de 1,2 tonne. »
Pour le sénateur communiste, la restriction de l’usage des SUV répond également à un impératif écologique et social. L’empreinte carbone des véhicules les plus lourds est en effet plus élevée que celle des véhicules légers, ils utilisent à la fois plus de ressources lors de leur fabrication, mais émettent aussi davantage de particules fines. Les SUV posent enfin la question de « l’accès à l’automobile pour les classes populaires », estime le sénateur. En effet, le prix d’un SUV neuf s’élève en moyenne à 42 000 euros, contre 36 000 euros pour les autres types de véhicules.