Hier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, 100 sénateurs ont dénoncé le contenu du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. L’un des signataires de la tribune, Olivier Paccaud était invité de la matinale de Public Sénat. Le sénateur de l’Oise estime que cet enseignement ne doit pas être réalisé par des associations, mais par les parents ou par les enseignants.
Trafic de drogue : « Marseille est le nouveau Medellín », dénonce le sénateur Stéphane Le Rudulier
Par Lauriane Nembrot
Publié le
Dans la nuit de lundi 3 à mardi 4 avril, trois fusillades ont éclaté dans plusieurs quartiers de Marseille. Au moins trois personnes ont été tuées au cours des échanges de tirs. Parmi les victimes, l’une d’elles était mineure et âgée d’à peine 16 ans.
Suite à ces drames, Stéphane Le Rudulier, le sénateur Les Républicains des Bouches-du-Rhône, a tenu à alerter les autorités sur la situation. Présent dans l’hémicycle du Sénat mercredi 4 avril pour assister à la session hebdomadaire de questions au gouvernement, il a évoqué « la guerre des gangs sur fond de trafic de drogue » qui « fait rage » à Marseille.
« Trois morts », a énuméré le sénateur, « trois morts de plus et on se dirige malheureusement vers un nouveau record après les 39 morts en 2021 ». « Le ministre de la justice déclarait il y a peu qu’il n’y avait pas de coupe-gorge en France. Je l’invite bien volontiers à Marseille car il existe bien pire encore : des « narcocités » qui ont fait la sécession et où la Kalachnikov a remplacé Marianne avec un usage débridé des armes à feu », a aussi déclaré Stéphane Le Rudulier.
Marseille est aujourd’hui l’otage des cartels.
Un trafic de drogue toujours plus important
« Les règlements de compte ont fait plus de 300 morts en 10 ans », a détaillé le parlementaire. Ce taux de mortalité ferait du Vieux Port et de Marseille « un nouveau Medellín », en référence à la cité colombienne qui fut le fief historique du baron de la drogue Pablo Escobar.
Véritable plaque tournante du trafic de drogue dans l’Hexagone, la cité phocéenne a été le théâtre de dizaines de fusillades depuis le début de l’année. Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, 1.2 tonne de cannabis a été saisie par les autorités à Marseille depuis le 1er janvier. 509 personnes soupçonnées de trafic de drogue ont également été interpellées.
« Marseille est aujourd’hui l’otage des cartels », a ainsi résumé Stéphane Le Rudulier au micro du Sénat mercredi 4 avril. Et pourtant, « les moyens de sécurité ont été mis en œuvre », reconnaît le sudiste. Comme le rappelle Stéphane Le Rudulier, 300 policiers supplémentaires, trois compagnies de CRS ont été envoyées en renfort à Marseille dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants.
Même si 39 points de deal ont été démantelés grâce à ces renforts, « c’est une guerre d’usure et non pas une guerre éclair ». « Nos forces de l’ordre combattent au quotidien ces cartels. Mais l’arsenal judiciaire et juridique semble marquer le pas. Pensez-vous que la réponse pénale est à la hauteur de la stratégie de déstabilisation des réseaux menée par les forces de l’ordre ? » a-t-il questionné au terme de sa prise de parole.
Il faut que la justice puisse suivre les activités de police judiciaire et de police de sécurité.
Renforcer la réponse pénale
En l’absence du garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, c’est son homologue à l’Intérieur et aux Outre-mer Gérald Darmanin qui a répondu au sénateur de droite. « Il faut que la justice puisse suivre les activités de police judiciaire et de police de sécurité », a reconnu Gérald Darmanin dans l’hémicycle du Sénat. En conséquence, des moyens supplémentaires devraient être alloués par le ministère de la Justice afin de poursuivre la lutte anti-drogue à Marseille, a fait savoir Gérald Darmanin. Ces fonds pourraient notamment venir abonder le parquet, a-t-il précisé ce mercredi. Un appui pour prêter main-forte aux « magistrats qui accompagnent le travail que nous faisons », a relevé le ministre de l’Intérieur.
Mais en dépit de moyens supplémentaires, le ministre déplore un système pénal encore insuffisant pour freiner le trafic de drogue en France. « L’une des difficultés de la police et de la gendarmerie c’est que les écoutes téléphoniques fonctionnent mal », insiste Gérald Darmanin. « Aujourd’hui, les gens passent par internet ou des applications cryptées. Nous n’avons pas le droit d’écouter ces conversations cryptées - le droit ne nous le permet pas - ce que nous pouvons faire pour lutter contre le terrorisme et qui prouve son efficacité », a précisé Gérald Darmanin. « Ce que nous ne pouvons pas faire pour le banditisme, je le soumets à votre Assemblée pour aider la police et la justice à être encore plus efficaces », a-t-il aussi glissé à l’intention des sénateurs.
« Évidemment je pense qu’il faut améliorer la chaîne pénale notamment les places de prison, le fait de ne pas proliférer de non-lieu ou de classements sans suite parce que ça procure un sentiment d’hyperpuissance aux narcotrafiquants, qui n’hésitent plus, maintenant, à tuer des mineurs », fait valoir le sénateur.