« Sur la primo-vaccination, l’impact du passe vaccinal a été relativement limité », estime le PDG de Doctolib

« Sur la primo-vaccination, l’impact du passe vaccinal a été relativement limité », estime le PDG de Doctolib

Le cofondateur et PDG de Doctolib était auditionné ce jeudi par la commission d’enquête sur le passe vaccinal. D’après lui le passe vaccinal n’aurait pas véritablement accéléré la prise de rendez-vous pour la primo-vaccination, alors que cela avait été spectaculaire lors de l’annonce du passe sanitaire en juillet et pour l’intégration des différentes doses de rappel au passe.
Louis Mollier-Sabet

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La commission d’enquête créée pour examiner « l’adéquation du passe vaccinal à l’évolution de l’épidémie » continue ses travaux, alors qu’Alain Fischer évoquait mercredi dernier l’extinction du passe vaccinal d’ici « fin mars, début avril. » Les sénateurs auditionnaient ce jeudi Stanislas Niox-Chateau, cofondateur et PDG de Doctolib afin d’essayer d’évaluer à quel point les annonces du gouvernement sur le passe sanitaire, puis le passe vaccinal, avaient pu influencer la prise de rendez-vous et si – aujourd’hui encore – ce type de dispositif pouvait être efficace pour inciter à la vaccination.

» Lire aussi : Fin du passe vaccinal : « Ça peut aller assez vite, d’ici la fin mars, début avril », affirme Alain Fischer

Le PDG de Doctolib détaille un peu l’historique de la campagne de vaccination entamée il y a à peu près un an maintenant : « Pendant 4 ou 5 mois, le nombre de rendez-vous était équivalent au nombre de doses que la France recevait, donc il y avait un embouteillage. Ensuite la prise de rendez-vous a évolué en fonction des publics éligibles (en mai) et des annonces relatives au passe sanitaire en juillet. » L’annonce du passe sanitaire semble bien être une rupture pour le cofondateur de la plateforme qui rassemblait 80 % des rendez-vous pris en France à l’époque : « On a eu une forte accélération avec l’élargissement des personnes éligibles en mai, mais surtout avec le passe sanitaire en juillet. Le record de rendez-vous c’est le 13 juillet avec 1,7 million de rendez-vous pris ce jour-là et 1,2 million le jour de l’allocution du Président, alors qu’en mai, même avec l’ouverture aux plus jeunes, on était au maximum à 650 000. »

« La réalité est que chez les 3,9 millions de nos concitoyens non-vaccinés, on ne voit pas d’évolution de la demande de rendez-vous depuis quelques semaines »

Il est important de noter que les chiffres communiqués par Stanislas Niox-Chateau sont des chiffres concernant uniquement la plateforme Doctolib, qui ne prennent pas en compte les rendez-vous pris en pharmacie, en médecine libérale ou bien sur d’autres plateformes. « Entre le mois d’avril et le mois d’octobre, 75 à 80 % des rendez-vous étaient pris sur internet [principalement sur Doctolib]. C’est moins le cas aujourd’hui, parce que la campagne de vaccination est beaucoup plus décentralisée et passe moins par les grands centres de vaccination. Nos chiffres ne sont donc plus représentatifs. » Alors, comment évaluer la pertinence de l’annonce, puis de l’entrée en vigueur du passe vaccinal, respectivement en décembre et en janvier dernier ?

« Depuis quelques semaines, on est à 15 ou 20 000 prises de rendez-vous par jour, voire 4 ou 5 000 sur les derniers jours », précise le PDG de Doctolib, pour les données de sa plateforme uniquement. Il ajoute cependant : « Sur les primo-vaccinations, les chiffres sont publics. L’impact du passe vaccinal a été relativement limité. La réalité est que chez les 3,9 millions de nos concitoyens non-vaccinés, on ne voit pas d’évolution de la demande de rendez-vous depuis quelques semaines, voire depuis quelques mois. » Stanislas Niox-Chateau précise tout de même que les annonces récentes du gouvernement – sur la troisième dose notamment – avaient bien des effets « assez similaires à ce qu’il s’est passé le 12-13 juillet [au moment de l’annonce du passe sanitaire, ndlr]. » Une tendance semble bien se dégager, alors que le gouvernement évoque une extinction du passe vaccinal pour le printemps prochain.

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Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)

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