Une semaine après avoir déposé plainte contre le sénateur de sa circonscription, Joël Guerriau, la députée Modem, Sandrine Josso avait appelé « le gouvernement à faire quelque chose par rapport à ce fléau » de la soumission chimique. Pour mémoire, l’élue de Loire-Atlantique accuse Joël Guerriau de l’avoir droguée en vue de l’abuser sexuellement. Ce dernier avait été mis en examen en novembre dernier pour « administration de substance afin de commettre un viol ou une agression sexuelle » et pour « détention et usage de substances classées comme stupéfiants ». Le sénateur nie les faits et reste présumé innocent.
A son retour dans l’hémicycle en janvier dernier, Sandrine Josso avait plaidé en faveur d’une mission gouvernementale sur la soumission chimique. Cette mission, placée sous l’autorité du Premier ministre et de la ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a été mise en place en avril et a déjà démarré ses travaux. Sandrine Josso est co-rapporteure de la mission avec la sénatrice RDSE, Véronique Guillotin. « Notre lettre de mission est assez claire. Nous voulons analyser l’ampleur du phénomène. Est-il sous-estimé ? Comment améliorer la prévention et l’information du public ? Le process pénal est-il à revoir ? », cite l’élue.
La mission a déjà effectué deux tables rondes et plusieurs déplacements. Elle a notamment entendu, Leïla Chouachi, pharmacienne, membre du centre d’addictovigilance de Paris et rapporteure d’une enquête annuelle sur la soumission chimique auprès de l’ANSM (l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé).
Publicsenat.fr avait interviewé Leïla Chouachi il y a quelques mois. Elle avait pu nous fournir des données assez inquiétantes. En 2021, 727 signalements suspects ont été recensés dont 86,4 % suite à un dépôt de plainte. En ce qui concerne les cas de soumissions chimiques, l’enquête annuelle avait dénombré 82 victimes avec une prédominance féminine (69,5 %/57 cas), âgées de 1 an à 64 ans. « Cela concerne tous les milieux, hommes ou femmes, quelle que soit l’orientation sexuelle. On a tendance à penser que ce sont des personnes qui ont laissé leur verre sans surveillance, mais dans la majorité des cas la prise du produit a eu lieu dans un contexte privé et les auteurs étaient connus des victimes », avait expliqué la pharmacienne.
La mission gouvernementale remettra son rapport et ses préconisations en octobre prochain.