Suite à trois recours déposés contre le choc des savoirs, dont un par la sénatrice écologiste Monique de Marco, le rapporteur public du Conseil d’Etat demande d’annuler la mise en place des groupes de niveau au collège, soit le cœur de la réforme portée par Gabriel Attal. S’il faut encore attendre la décision du Conseil d’Etat, son avis pourrait être suivi.
Sondages : Emmanuel Macron au plus bas, les Français ne veulent pas tourner la page des retraites
Par Public Sénat
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La reconquête de l’opinion après la séquence des retraites pourrait tourner au chemin de croix pour Emmanuel Macron. Copieusement hué et chahuté lors des trois déplacements de terrain qu’il a effectué cette semaine, en Seine-Saint-Denis, dans le Bas-Rhin et dans l’Hérault, le président de la République voit également sa crédibilité et sa popularité s’écrouler dans différents sondages. Si l’exécutif se montre déterminé à tourner cette page et à bâtir un nouvel agenda social pour relancer le train des réformes, il apparaît désormais que la séquence des derniers mois risque de laisser une marque au fer rouge sur ce second quinquennat.
78 % des Français n’ont pas trouvé l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, lundi 17 avril, convaincante, nous apprend un sondage Odoxa – Backbone Consulting réalisé pour Le Figaro* et publié jeudi. « C’est son pire niveau jamais enregistré », note l’institut. 59 % des personnes interrogées estiment que ce n’est pas le bon moment pour avancer sur d’autres sujets. Ils ne sont que 39 % à penser que cette page doit être tournée, en grande partie chez les sympathisants LR (à 60 %), la droite ayant largement soutenu le décalage de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, et chez ceux de Renaissance, le parti présidentiel (à 92 %).
« Les cent jours », une formule malheureuse
Les personnes interrogées par Odoxa – Backbone Consulting se montrent également très sceptiques sur le cap des « cent jours » fixé par le chef de l’Etat lors de sa prise de parole : 62 % estiment que ce n’est pas une bonne méthode et 79 % que ce délai n’est pas réaliste pour passer à autre chose. Lundi, Emmanuel Macron s’est donné « cent jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France », évoquant une série de chantiers, notamment autour du travail, de l’hôpital, de la lutte contre la fraude et des institutions. Mais il a été largement raillé par ses opposants politiques pour avoir utilisé cette formule, évocatrice de la fin du règne de Napoléon I, et qui couvre, dans le jargon historique, la période qui va du retour au pouvoir de l’empereur, après un premier exil sur l’île d’Elbe, jusqu’à la défaite de Waterloo, le 18 juin 1815.
« Du coup, le scepticisme règne : entre les deux tiers et les trois quarts des Français n’ont pas confiance dans l’exécutif pour obtenir des résultats sur les différents chantiers », note encore Odoxa – Backbone Consulting. Le marasme ne concerne pas seulement le chef de l’Etat, mais s’étend également au gouvernement. Cette enquête d’opinion a ainsi testé le niveau de confiance de quatre ministres. Résultat : aucun ne dépasse les 30 %, et plus de 7 Français sur 10 ne leur font pas confiance. Olivier Dussopt, le ministre du Travail qui a porté la réforme des retraites, se retrouve en queue de ce mini-classement (23 % d’opinions favorables). Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, arrive en tête avec 28 % d’opinions favorables, suivi par François Braun, le ministre de la Santé (26 %) et Pap Ndiaye à l’Education nationale (24 %).
Une cote de popularité au plus bas
En parallèle, un sondage BVA Pour RTL**, publié ce vendredi 21 avril, fait état d’une popularité qui n’a jamais été aussi basse pour Emmanuel Macron depuis sa réélection, il y a un an presque jour pour jour. Avec seulement 26 % d’opinions favorables, le président de la République renoue avec le palier atteint en octobre 2018, au plus fort de la crise des Gilets Jaunes. La défiance s’exprime dans l’ensemble de la population, « quel que soit l’âge ou le milieu social », note l’institut. Seulement 36 % des sondés lui reconnaissent « une stature présidentielle », même si « la force de ses convictions » et « son autorité » sont les deux qualificatifs les plus utilisés pour parler du chef de l’Etat (respectivement par 60% et 52 % de personnes interrogées). En revanche, ils ne sont que 13 % à le considérer comme « rassembleur ».
Là encore, les Français ne se montrent guère convaincus par la feuille de route esquissée lors de l’allocution de lundi. Pour 69 % des sondés, cette prise de parole n’a pas répondu à leurs attentes, et 73 % la jugent irréaliste. 40 % des personnes interrogées considèrent qu’Emmanuel Macron ne pourra plus réformer sans coalition de circonstance et 25 % sans avoir recours au 49.3. Surtout, la réforme des retraites est toujours dans les esprits : 74 % des Français estiment que la promulgation rapide du texte n’a fait qu’attiser la colère sociale, et 63 % souhaitent que la mobilisation se poursuive.
Cette enquête fait toutefois état d’importantes fractures dans l’opinion sur l’orientation à donner à la suite du quinquennat : 25 % des Français espèrent un virage à gauche, et 20 % que le président se rapproche davantage des idées de la droite. En revanche, une très large majorité, 64 %, cite l’amélioration du pouvoir d’achat comme la priorité des prochaines années.
* Enquête menée du 19 au 20 avril 2023 auprès d’un échantillon de 1 005 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, avec une marge d’erreur de 2,5 points
** Enquête menée les 18 et 19 avril auprès d’un échantillon de 1 002 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, avec une marge d’erreur comprise entre 1,4 et 3,1 points.
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