Selon un rapport, le bilan carbone du numérique représente 3 à 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre
Longtemps perçu comme un angle mort des politiques publiques, le bilan carbone du numérique français gagne en attention. En octobre 2020 déjà, des sénateurs déposaient une proposition de loi visant à réduire l’empreinte environnementale de nos activités numériques. Près de trois ans après la promulgation de la loi, les résultats du rapport de l’ADEME et l’Arcep, mandatés par le gouvernement, nous offrent des précisions sur la question.
Par Victoire Radenne
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Et si nos écrans étaient parmi les plus grands ennemis du climat ? C’est ce qu’ont cherché à savoir le Ministère de la Transition écologique et le Ministère de l’Économie qui ont confié, le 6 août 2020, la réalisation d’une étude conjointe à l’Agence de la transition écologique « ADEME » et à l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse « l’Arcep » sur l’évaluation de l’impact environnemental du numérique en France. Les deux organisations ont remis ce 19 janvier les résultats du rapport : nos activités numériques représentent aujourd’hui 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et 2,5 % de l’empreinte carbone nationale.
Sans surprise, les écrans et téléviseurs sont les objets les plus polluants, qui à eux seuls génèrent l’essentiel des impacts environnementaux (de 65 à 92 %), suivi des centres qui stockent nos données (de 4 à 20 %) puis des réseaux (de 4 à 13 %). Les résultats du rapport montrent que la phase de fabrication est la principale source d’impact environnemental (écrans, réseaux et centre de données), suivie de la phase d’utilisation des objets.
Une augmentation des gaz à effet de serre qui pourrait atteindre +60 % d’ici 2040
Ces faits avaient déjà été présentés dans une proposition de loi en 2020 initiée par le sénateur LR de l’Ain Patrick CHAIZE, promulguée le 15 novembre 2021. Dans la mission d’information sénatoriale, les sénateurs avaient alerté sur l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre du numérique, qui pourrait atteindre + 60 % d’ici à 2040, soit 6,7 % de l’empreinte carbone nationale, si aucune politique de sobriété numérique n’est déployée.
Le texte transpartisan, cosigné à l’époque par plus de 130 sénateurs de toutes sensibilités politiques, appréhendait pour la première fois les impacts environnementaux de toute la chaîne de valeur numérique, des terminaux aux centres de données, en passant par les réseaux, et proposait des solutions pour les réduire. La proposition de loi s’attaquait notamment à l’obsolescence, en contraignant les vendeurs à fournir sur une période plus longue les mises à jour nécessaires au bon fonctionnement des logiciels.
« L’un des grands chapitres de la pollution humaine »
Le récent rapport livre des précisions supplémentaires sur le bilan carbone du numérique français. Les impacts moyens annuels de l’utilisation du numérique sur le changement climatique sont similaires à 2 259 km en voiture / habitant. Parmi tous les impacts environnementaux, l’épuisement des ressources énergétiques fossiles, les radiations ionisantes, ainsi que l’épuisement des ressources abiotiques (minéraux et métaux), qui ressortent comme des impacts prédominants du numérique. Ces facteurs secondaires ayant pour l’heure font l’objet de beaucoup moins d’évaluations.
Pourtant, le bilan carbone du numérique dans son ensemble serait « l’un des grands chapitres de la pollution humaine » selon Guillaume Pitron, journaliste et auteur de l’ouvrage Enfer numérique. A l’antenne de Public Sénat en mars 2022, le journaliste avait alerté sur « la totale méconnaissance des infrastructures polluantes qui se cachent derrière nos vies dématérialisées ». A l’heure actuelle, 3 millions de centres stockent nos données dans le monde et chaque citoyen est relié à 100 serveurs par jour qui fonctionnent en permanence. Si le numérique était un Etat, il serait le 6e émetteur de gaz à effet de serre de la planète, selon une étude de la Global e-Sustainability Initiative (GeSI) publiée en 2015.
La délégation aux droits des femmes du Sénat organisait une matinée de débat autour de l’opportunité d’introduire la notion de consentement dans la définition pénale du viol. Pour la majorité des intervenants, cette notion est partout dans l’enquête et dans la procédure, sauf dans la loi.
Suite à trois recours déposés contre le choc des savoirs, dont un par la sénatrice écologiste Monique de Marco, le rapporteur public du Conseil d’Etat demande d’annuler la mise en place des groupes de niveau au collège, soit le cœur de la réforme portée par Gabriel Attal. S’il faut encore attendre la décision du Conseil d’Etat, son avis pourrait être suivi.
Une large majorité de la chambre haute s’est opposée au texte de Samantha Cazebonne, visant à interdire la corrida et les combats de coqs aux mineurs de moins de 16 ans. La proposition de loi était pourtant soutenue par des élus de tous bords, ravivant le clivage entre défenseurs de la cause animale et protecteurs des traditions locales.
Ce mardi, Marie-Arlette Carlotti, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône, était invité de la matinale de Public Sénat. Membre de la commission d’enquête sur le narcotrafic, elle est revenue sur les mesures présentées vendredi dernier par Bruno Retailleau et Didier Migaud dans le cadre de leur plan de lutte contre le trafic de drogue.