Qu’on ne s’y trompe : « J’aurais bien aimé mettre mes enfants dans le public ! », insiste-t-elle d’entrée de jeu, mais « malheureusement les collèges publics de notre secteur ne convenaient pas à ma vision de la scolarité ». C’est la visite du futur collège de son fils, dans le 18ème arrondissement de Paris, qui la décide à faire ce choix : « des enfants qui criaient, qui tapaient sur les portes, aucun encadrement… (mon fils) est revenu frustré, avec un sentiment d’insécurité ». Une expérience amère qui confirme son appréhension.
Un public qui dysfonctionne ?
« Je ne jugerai jamais le choix des parents qui scolarisent leurs enfants dans le privé » affirme Pierre Ouzoulias, sénateur CRCE-K des Hauts-de-Seine, « Mes enfants ont fait leur scolarité dans le public, mais c’était un public d’excellente qualité. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si j’avais été dans la situation de madame. ». Car au-delà des opinions de chacun sur le privé, c’est aussi une décision de parents, qui veulent le meilleur pour leurs enfants poursuit Amel : « On cherchait un cadre, une stabilité de l’équipe pédagogique. On voulait moins de grève, des programmes finis, pas d’absentéisme et des cours rattrapés. » détaille Amel.
Un constat alarmant, mais un témoignage qui n’étonne pas les sénateurs : « Il y a aujourd’hui une faiblesse structurelle du public, qui fait qu’il n’arrive pas à satisfaire un grand nombre de parents. C’est ça qu’il faut changer, notamment sur les remplacements » insiste Pierre Ouzoulias. Pour Laure Darcos, sénatrice LIRT de l’Essonne, le privé séduit aussi pour cette raison : « Peut-être avez-vous aussi trouver dans le privé le fait que le principal du collège était plus maître de son établissement ? ». Une autonomie bénéfique « pour trouver des remplacements et pour la surveillance » juge la sénatrice.
Sauver le public
Le privé deviendrait donc le remède aux dysfonctionnements de l’école publique ? Pour Max Brisson, Sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques : « Il faut restaurer la beauté et l’attractivité de l’école publique ! Cela nécessite plus de liberté pour les équipes pédagogiques, plus de confiance, plus d’autonomie pour les établissements. Une verticalité plus souple ».
Un système paré de vertus mais qui reste réservé à ceux qui en ont les moyens. « Le seul inconvénient, c’est le coût. » ajoute cette maman « Lorsque trois de mes enfants étaient scolarisés en même temps, je payais à peu près 1000 € » reconnait Amel, qui assurait seule ces frais.
Une charge financière que tout le monde ne peut pas assumer. Et c’est tout le problème pour le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, à l’origine d’une proposition de loi pour conditionner les subventions des écoles privées à des critères de mixité sociale. Si le collège des enfants d’Amel remplirait sûrement les critères, « ce n’est pas le cas de tous » insiste le sénateur : « En 10 ans, le pourcentage d’élèves très favorisés a été multiplié par deux dans les établissements privés. C’est considérable. […] Je crains qu’on finisse par avoir deux systèmes : un système pour riche, un système pour pauvres ».
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