« La ligne a été franchie ». Laurent Lafon, le président de la commission de la culture et de l’éducation du Sénat a confirmé avoir saisi l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) à propos d’une chronique de Guillaume Meurice, diffusée le 29 octobre sur France Inter. « France Inter n’est pas n’importe quelle chaîne, c’est une chaîne du service public qui est liée à l’Etat par un cahier des charges dans lequel il y a le respect et la dignité de la personne humaine », a expliqué le sénateur à Public Sénat. Il assure toutefois qu’il aurait également saisi l’Arcom si ce sketch avait été diffusé par une radio privée, car « le propos reste tout aussi contestable ».
L’humoriste Guillaume Meurice a soulevé un tollé après avoir comparé à l’antenne de France Inter le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, à un « nazi sans prépuce ». Ce qui lui a notamment valu des menaces de morts, mais également un avertissement de la part de la direction de Radio France. « J’ai saisi Roch-Olivier Maistre, (le président de l’ARCOM, ndlr), pour savoir quelles suites l’Arcom voulait donner à ce propos », indique Laurent Lafon.
« La phrase de Guillaume Meurice est, pour nous, plus que border line. La ligne a été franchie », estime encore le sénateur du Val-de-Marne. « La limite est toujours extrêmement complexe. Je reconnais un droit à l’erreur, on peut se tromper. Le problème avec Guillaume Meurice, c’est qu’il ne s’est pas excusé », explique l’élu. « Dans l’exercice un peu tangent de l’humour où l’on cherche les limites et où l’on cherche à exprimer des choses en dépassant ces limites, il faut aussi reconnaître parfois que l’on peut se tromper dans une blague, ce qu’il n’a pas fait. »
Le recadrage du président du Sénat
Invité ce mercredi 15 novembre de la matinale de France Inter, le président du Sénat, Gérard Larcher, coorganisateur avec Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, d’une marche contre l’antisémitisme qui a rassemblé 105 000 personnes à Paris dimanche, est également revenu sur cet épisode : « Permettez-moi de vous dire au préalable un mot sur les propos d’un humoriste sur votre antenne », a-t-il lancé. « Ce n’est pas un débat sur la liberté d’expression et il n’est pas question pour moi de remettre en cause la rédaction de France Inter et le service public. Je pense, comme la directrice de France Inter, que la limite du respect et de la dignité a été franchie », a-t-il condamné.