Phillipe Diallo, Président de la Fédération Française de Football : « c’est presque un projet de société, une sorte de vivre ensemble, qu’on est amené à diriger »

Le 28 février 2023, après des semaines de crise, Noël Le Graët sous le coup de plusieurs accusations d’harcèlement moral et sexuel, est contraint à la démission. Un an après, la nomination de Philippe Diallo, jusqu’ici vice-président, a-t-elle permis de changer les choses ? Le nouveau président a-t-il mis fin à l’entre-soi dénoncé à l’époque ? Qu’a-t-il mis en place pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes ? Interrogé par Anne-Laure Bonnet sur le plateau de Sport, etc. il revient, sur 12 mois à la tête de la première fédération sportive de France.
Axel Dubois

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Répression des violences sexistes et sexuelles, transparence au sein des clubs et fédérations, démocratisation des instances dirigeantes, inclusion des femmes sur le terrain et au sein des équipes dirigeantes… nombreux sont les dossiers que Philippe Diallo a dû reprendre après sa nomination. Peu connu du grand public, l’ancien vice-président se retrouve à la tête d’une Fédération comptabilisant près de 2,4 millions de licenciés. Un poste à haute responsabilité, parfois considéré comme un véritable « ministère des Sports bis ». Un an après sa nomination, c’est l’heure d’un premier bilan pour le président de la FFF. Rencontre.

 

Un an après la démission de Noël Le Graët, est-ce que la situation est apaisée au sein de la Fédération Française de Football ?

Je le crois. On a réussi avec toute l’équipe à ramener de la sérénité. Tout le monde a bien compris que la responsabilité qui nous incombe est plus large. J’ai 2,4 millions de licenciés au sein de la fédération, ça veut dire qu’avec leurs familles c’est 15 à 20 millions de Français qui tous les week-ends sont concernés par le foot. De ce point de vue, vous avez une responsabilité qui dépasse la simple pratique du football : c’est d’une certaine manière presque un projet de société, une sorte de vivre ensemble, qu’on est amené à diriger. Ça, ça nécessite de la sérénité, mais aussi de l’inclusion.

 

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Il a été beaucoup question ces derniers mois dans le monde du sport de violences sexistes et sexuelles, mais aussi de violences morales auprès des plus jeunes au sein des clubs : qu’est-ce que vous avez changé ? C’est un sujet qui est au centre des préoccupations de la FFF.

Sur mes 2,4 millions de licenciés, j’ai à peu près 1 million de mineurs, garçons et filles. Donc quand les parents nous confient leurs enfants, il faut qu’on ait une forme de contrat de confiance avec eux.

Sur mes 2,4 millions de licenciés, j’ai à peu près 1 million de mineurs, garçons et filles. Donc quand les parents nous confient leurs enfants, il faut qu’on ait une forme de contrat de confiance avec eux. Il faut que la Fédération ait zéro tolérance par rapport à toute déviance. Ça nécessite de l’éducation, de la formation, à la fois pour les licenciés et pour les éducateurs. Et ça nécessite aussi des sanctions. Malheureusement dans une grande communauté comme celle-ci, on n’est jamais à l’abri de dérives ; moi, mon rôle c’est de les identifier et de les sanctionner.

 

Ça a été le cas, vous en avez identifiées ?

Oui, parce qu’on a mis en place des contrats d’honorabilité – c’est-à-dire la vérification des éducateurs auprès des jeunes – et on vient de mettre en place une plateforme anonymisée, « jalerte.fff.fr », qui permet à toute la communauté du football, lorsqu’il est témoin ou victime d’une agression, de la signaler.

 

Est-ce alors utile, comme le demandent dans leur rapport Marie-George Buffet et Stéphane Diagana de priver de subventions publiques les fédérations qui ne font pas leur travail, qui ne mettent pas en place un vrai plan de lutte contre les violences ?

Parfois, on caricature le mouvement sportif. Evidemment il y a eu des manques. Evidemment, il y a beaucoup à faire. Mais il faut que le ministère nous aide. J’ai la chance d’être à la tête d’une fédération qui a des hommes, des femmes, des moyens financiers, qui me permettent de mettre des choses en place. Il y en a d’autres qui sont dans des situations plus difficiles. C’est ceux-là qu’il faut aider, pour qu’ils aient la même rigueur de contrôle et de sanction.

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Vous évoquiez le ministère : la situation a été très compliquée pour Amélie Oudéa-Castéra, c’est encore elle la mieux placée pour gérer tous les projets du monde sportif français ?

Je travaille avec elle comme ministre de tutelle depuis maintenant pas mal de temps, et nous avons établi une très bonne collaboration. En ce qui me concerne, pour le football, je dirai que c’est une bonne ministre.

 

Un autre grand axe de la FFF, c’est le développement du foot féminin, à tous ses niveaux, tant pour les jeunes femmes amateures que pour les professionnelles, puisque vous allez créer la Ligue de football féminin.

Il faut faire de la place aux femmes sur le terrain mais aussi en dehors des terrains : en 2024, il y aura des élections pour mettre en place l’exécutif de la FFF, 50% des élus seront des femmes.

Cela fait plusieurs décennies que le football féminin s’est développé en France, mais finalement sans avoir tellement la dynamique qu’on souhaitait. La Coupe du Monde de 2019, ça a été un vrai rassemblement, beaucoup de téléspectateurs, beaucoup de gens dans les stades, et puis après peut-être un soufflet qui est un peu retombé. Aujourd’hui, je veux doubler le nombre de licenciées dans les 5 ans. Je pense que la demande, elle est là. Cette année on a eu +12% de jeunes filles inscrites dans les clubs, donc c’est une très forte dynamique. […].

C’est un projet d’intégration. Il faut faire de la place aux femmes sur le terrain mais aussi en dehors des terrains : en 2024, il y aura des élections pour mettre en place l’exécutif de la FFF, 50% des élus seront des femmes.

 

Retrouvez l’intégralité de l’émission ici.

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