Périnatalité : « Infantiliser les femmes ne mène à rien de bon » selon la journaliste Renée Greusard
Le 14 mai dernier, la mission d’information sur l’avenir de la périnatalité auditionnait quatre journalistes spécialistes des questions de grossesse et de parentalité. Une audition qui a permis d’évoquer la question de la santé mentale durant le post-partum, l’information qui est faite autour et l’insuffisance des moyens alloués aux maternités.
Santé mentale périnatale : entre silence et culpabilisation
En propos liminaire, Florence Lassarade, sénatrice Les Républicains de la Gironde, rappelle qu’« une femme sur sept présente une dépression post-partum et que le suicide est la première cause de décès des mères dans les mois suivant l’accouchement ». L’occasion de souligner que si la santé mentale des femmes durant la période post-partum est davantage considérée au sein de notre société, des progrès sont encore à faire. Anna Roy, sage-femme et chroniqueuse dans l’émission La Maison des maternelles sur France 2 affirme qu’ « en France, on a vraiment beaucoup de mal à prendre en compte la santé mentale comme faisant vraiment partie de la santé ».
Ce mal-être parental réside notamment dans l’isolement et le silence auquel les parents peuvent faire face durant cette période. C’est ce que relève Renée Greusard, journaliste au Nouvel Obs : « Une part du mal-être des parents, aujourd’hui, réside dans le fait qu’ils sont très isolés ». Un malaise qu’elle a elle-même expérimenté : « Je vous parle en tant que journaliste, mais il est important pour moi de situer que cette parole est aussi celle d’une mère qui a fait une dépression post-partum en 2015 ».
Mais selon les auditionnées, la dégradation de la santé mentale des femmes durant et après leur grossesse demeure également dans des pratiques culpabilisantes et infantilisantes à leur égard : « les grossesses sont devenues surmédicalisées, on culpabilise les femmes dès lors qu’elles s’octroient une liberté en dehors des prescriptions en vigueur », selon Renée Greusard.
Informer, vulgariser et communiquer autour de la grossesse
Pour pallier ce silence, ou à l’inverse ce trop-plein de prescriptions qui amènent à la culpabilisation, les quatre journalistes prônent une meilleure information autour de la grossesse et de la périnatalité. « Plus il y a d’informations, mieux c’est », affirme Katrin Acou-Bouaziz, chef du service société/grossesse au magazine Parents. Une information qui peut notamment passer par de la vulgarisation scientifique. C’est ce que souligne Anna Roy : « J’aimerais rappeler à quel point la vulgarisation médico-scientifique est importante ». Un constat que partage également Zoé Varier, créatrice du podcast In Utero sur France Inter : « La vulgarisation scientifique, c’est un enjeu de santé publique et de culture générale ». Une vulgarisation qui peut permettre de « réduire la mortalité périnatale » en incitant les femmes enceintes à consulter dès que nécessaire.
Renée Greusard appelle également à une formation faite à tous les parents permettant de « sortir des fantasmes de la parentalité », pour éviter de tomber des nues au moment de l’arrivée de l’enfant, une formation plébiscitée par l’historienne Yvonne Knibiehler, que la journaliste a rencontrée dans le cadre d’une interview. Une formation destinée aux parents, mais également à l’entourage, car « les personnes les moins informées sur la parentalité sont celles qui n’ont pas d’enfant », ainsi « une partie de la population ne comprend pas ce que ce veut dire d’avoir un enfant ». Des pratiques qui sont déjà réalisées à l’étranger : « En Espagne, on fait des formations pour les grands-parents sur comment être grand-parent, comme s’occuper de cette femme qui vient d’accoucher », affirme Zoé Vanier.
Cette information pourrait également être communiquée entre les parents concernés : « il faudrait créer des groupes WhatsApp entre les personnes qui accouchent en même temps » propose Renée Greusard.
Des moyens insuffisants alloués aux maternités
Au-delà de l’information, la prise en charge de la périnatalité en France reste limitée en raison du manque de personnel et de moyens alloués aux maternités. Zoé Vanier, à ce sujet, rapporte les propos du directeur de la maternité de l’hôpital Cochin à Paris : « Aujourd’hui, à Port-Royal, on ne peut plus accompagner les femmes enceintes comme on le devrait ». Un constat qu’Anna Roy confirme en tant que sage-femme, qui a quitté l’hôpital : « On manque beaucoup de temps ». Un manque d’effectifs et de temps qui engendrerait une véritable maltraitance des femmes enceintes : « Je suis partie de la salle d’accouchement parce que je maltraitais les gens ».
Une carence de personnels qui entraîne également la fermeture de maternités. Un rapport rendu par l’Académie de médecine en février 2023 recommande d’ailleurs la fermeture des maternités qui pratiquent moins de 1 000 accouchements par an, invoquant le manque de compétence du personnel qui pourrait en découler et qui menacerait ainsi la sécurité des femmes. Ce rapport préconise également la mise en place de « structures hôtelières-hospitalières » dans lesquelles les patientes pourraient résider dès lors que leur maternité se trouve trop loin de leur logement. Face à cette recommandation, Anna Roy affirme être d’accord avec le rapport. Mais elle formule une réserve sur la proposition de ces hôtels hospitaliers : « Faire des hôtels où l’on va mettre les femmes le dernier mois en attendant qu’elles accouchent ou en attendant qu’elles soient déclenchées, c’est désastreux ».
Les quatre journalistes ont formulé plusieurs recommandations pour pallier cette précarité au sein des maternités : la nécessité que chaque femme soit accompagnée par une sage-femme, former plus de personnel et allouer plus de moyens aux maternités pour éviter leur fermeture. Une autre proposition : créer un outil permettant de rassembler l’ensemble des maternités en France et de les classer en fonction des services proposés. C’est ce que propose Katrin Acou-Bouaziz : « Il n’y a actuellement pas d’outils qui rassemblent les maternités avec les différents services proposés ».
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