Entre le nord et le sud de la France, entre les grandes villes et les territoires ruraux, la situation des ménages pauvres est loin d’être la même. L’étude « Pauvreté et territoires », publiée par l’INSEE le 3 octobre, explore ces disparités géographiques en classant pour la première fois les ménages pauvres en six profils. « Cette nouvelle répartition met en évidence le fait que ces ménages peuvent avoir des caractéristiques très différentes », souligne Mathilde Gérardin, auteure de l’étude.
Ces six catégories distinguent les plus de 9 millions de Français sous le seuil de pauvreté (établi à 1 120 euros par mois pour une personne seule) selon leur âge, leur insertion dans l’emploi et leur statut d’occupation de logement. En 2020, les ménages pauvres sont ainsi majoritairement des retraités, à 27 %. Un chiffre qui peut paraître conséquent, mais dont le poids est à relativiser selon Mathilde Girardin : « Les retraités ont un poids démographique important dans la population générale, et dans l’étude les ménages pauvres concernés sont souvent composés d’une personne vivant seule. »
18 % des ménages pauvres sont insérés dans l’emploi
Viennent ensuite les ménages insérés dans l’emploi, mais percevant de faibles revenus (50 % du SMIC maximum), qui constituent 18 % des ménages pauvres. « Ce sont essentiellement des familles nombreuses, qui se retrouvent sous le seuil de pauvreté essentiellement, car ces charges familiales importantes ont un impact fort sur leur niveau de vie », explique l’auteure de l’étude.
Les quatre autres catégories de ménages pauvres concernent les personnes sans emploi. On y retrouve 17 % de locataires de logements sociaux, de même que 17 % de locataires dans le parc privé. Les jeunes de moins de 30 ans représentent de leur côté 11 % des ménages pauvres. Enfin, 10 % sont des propriétaires, c’est d’ailleurs dans cette catégorie qu’on retrouve les ménages les plus pauvres avec un niveau de vie médian de 729 euros par mois et par personne.
Préparer la mise en place du plan pauvreté du gouvernement
Grâce à cette distinction en six profils, l’étude de l’INSEE permet d’observer que les ménages pauvres ne se répartissent pas de la même façon dans les territoires. De façon générale, ils sont 73 % à vivre dans une commune urbaine. Mais toutes les catégories n’y sont pas représentées de manière égale, note Mathilde Girardin : « En ville, on retrouve surtout des ménages pauvres de moins de 30 ans, concentrés dans les villes étudiantes, et des locataires du parc social, car les HLM sont largement concentrés dans les zones urbaines denses ». Au contraire, les ménages pauvres en milieu rural sont davantage des retraités et des propriétaires non-insérés dans l’emploi.
Cette étude de l’INSEE se décline également en 15 documents qui dressent un panorama détaillé de la pauvreté dans les régions de France métropolitaine, ainsi qu’à La Réunion et en Martinique. Sans grande surprise, c’est en Corse, dans les Hauts-de-France et en outre-mer que la part de ménages pauvres est la plus importante. Ce travail de diagnostic, réalisé en partenariat avec la Délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, permet de préparer la mise en place du plan pauvreté du gouvernement. Les premières mesures de ce Pacte des solidarités, présenté par la Première ministre Elisabeth Borne le 18 septembre dernier, entreront en vigueur le 1er janvier 2024.