Hier soir, le député Renaissance Quentin Bataillon, président de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur l’attribution des ondes TNT, est passé dans l’émission de Cyril Hanouna « Touche pas à mon poste », plusieurs fois sanctionnée par l’Arcom. Ce dernier a été entendu par les membres de la commission d’enquête le 14 mars dernier. Sur le plateau de C8, le député a ouvertement critiqué Yann Barthes, présentateur de l’émission Quotidien, entendu par la commission d’enquête le 27 mars, alors même que ses auditions ne sont pas terminées et que son rapport n’est pas encore écrit.
« C’est quelque chose de particulièrement grave »
Cette séquence a choqué, de tous les côtés. « Pour moi ce n’est pas une polémique, c’est quelque chose de particulièrement grave », a affirmé au micro de Public Sénat Guillaume Gontard, président du groupe écologiste du Sénat, « une commission d’enquête, c’est quelque chose d’important qui doit être fait avec sérieux, avec détachement, avec indépendance. Ce qui a été fait, c’est dramatique pour la démocratie, pour le travail parlementaire ».
Quentin Bataillon rappelé à l’ordre
Quentin Bataillon a été rappelé à l’ordre dans ses propres rangs : par Sylvain Maillard, président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, et par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée. Dans un communiqué, cette dernière a rappelé que le président d’une commission d’enquête devait faire preuve de « réserve et de discernement dans [ses] prises de position et [ses] expressions publiques, afin de garantir la sérénité des travaux et la crédibilité des investigations », sans pour autant demander de sanction envers le député.
Pourtant, le mal est fait. La suite des travaux de la commission d’enquête semble compromise, d’autant que son rapporteur, le député Insoumis Aurélien Saintoul, demande la démission de Bataillon dans un communiqué, où il dénonce la volonté de ce dernier de « préempter le travail du rapporteur et instiller le doute sur la qualité du rapport encore à écrire ». Guillaume Gontard a formulé la même demande : « Il doit tirer les conséquences et se retirer de cette commission d’enquête ». « Aujourd’hui, cette commission d’enquête n’a plus aucune valeur », a-t-il ajouté, « La question de l’indépendance d’un président d’une commission d’enquête qui se rend dans une chaîne dont le propriétaire fait l’objet de cette commission d’enquête se pose. La coupe est pleine ». Le député s’est défendu le 3 avril dans l’Opinion, en affirmant avoir voulu faire preuve de “pédagogie”.