Narcotrafic : « Je suis très fier que le travail sénatorial soit repris par le gouvernement », salue le sénateur PS Jérôme Durain

Alors que le gouvernement présente ce vendredi son plan contre le narcotrafic, le PS entend lui aussi montrer que « sur le plan répressif, il prendra toute sa part dans la lutte contre la criminalité », tient à rappeler le sénateur Jérôme Durain. Sa proposition de loi, cosignée avec le sénateur LR, Etienne Blanc, « sera le véhicule législatif retenu par le gouvernement pour traiter de cette question du narcotrafic ». Le socialiste sera présent à Marseille, aux côtés des ministres.
François Vignal

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A la veille de la présentation du plan du gouvernement de lutte contre le narcotrafic, à Marseille, par les ministres de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et de la Justice, Didier Migaud, les socialistes n’entendent pas laisser toute la lumière à l’exécutif. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, et le sénateur socialiste de Saône-et-Loire, Jérôme Durain, ont invité ce jeudi la presse pour rappeler que le PS entendait, lui aussi, jouer la fermeté sur le sujet. Mais sans oublier l’autre jambe, faite de prévention et d’une dimension sanitaire.

« Je ne deviens pas retailliste, mais Bruno Retailleau vient sur nos propositions », soutient Jérôme Durain

Jérôme Durain connaît le sujet. Il a présidé la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic, aux côtés du très droitier sénateur LR du Rhône, Etienne Blanc, qui en était le rapporteur. Si elle vient du droit de tirage du groupe LR, le socialiste souligne que l’idée est aussi « partie de la gauche, avec les sénateurs des Bouches-du-Rhône Jérémy Bacchi (PCF), Guy Benarroche (EELV) et Marie-Arlette Carlotti, qui avaient demandé cette commission d’enquête ». Il en est ressorti un rapport, une série de propositions, dont la création d’un parquet national dédié, ou une DEA, l’agence américaine de lutte contre la drogue, à la française, pour « coordonner les efforts ». Propositions traduites sous forme d’une proposition de loi cosignée par Etienne Blanc et Jérôme Durain. Un travail salué à droite comme à gauche. Et même par l’exécutif. Au point d’en faire le « véhicule législatif » choisi pour porter le plan anti-narcotrafic du gouvernement.

« La proposition de loi sera le véhicule législatif retenu par le gouvernement pour traiter de cette question du narcotrafic », soutient Jérôme Durain, qui ajoute que « le texte est inscrit à l’ordre du jour du Sénat, le 27 janvier prochain ». « Je suis très fier que ce soit le travail sénatorial, le travail de nos élus, qui soit repris par le gouvernement. Ça veut dire qu’on a plutôt bien bossé. Ça, c’est plutôt très favorable. Et je ne deviens pas retailliste, mais Bruno Retailleau vient sur nos propositions. Finalement, il accepte de reprendre ce véhicule législatif, c’est une bonne nouvelle pour le Sénat », ajoute le sénateur de Saône-et-Loire au micro de Public Sénat (voir la première vidéo, images d’Aurélien Romano).

« Le PS prendra toute sa part » sur le sujet

Interrogé au micro de Public Sénat mercredi, Bruno Retailleau dit en effet vouloir pour « le véhicule proposé », que « la PPL du Sénat soit la base des dispositions législatives que nous pourrions adopter ». Dans l’entourage du premier ministre, qui va « piloter ce plan », on ne confirme cependant pas encore ce jeudi. Le véhicule législatif sera officiellement annoncé « demain ». Mais Michel Barnier entend bien « s’appuyer sur le rapport des sénateurs Durain et Blanc » dans une logique de « consensus transpartisan ».

Preuve de cette bonne entente de circonstance : Jérôme Durain a vu Michel Barnier mercredi dernier et Didier Migaud lundi soir. Pas Bruno Retailleau, mais les deux hommes se connaissent déjà. Il pourra le saluer dès demain. Car Jérôme Durain sera présent, ce vendredi, aux côtés des ministres à Marseille, comme Etienne Blanc. « Je les accompagne, j’ai été invité par le premier ministre et les ministres concernés, comme président de la commission d’enquête. Ça ne vaut pas soutien politique », tient à préciser Jérôme Durain, « en revanche, ça vaut signal, que le PS prendra toute sa part ».

Olivier Faure : « Sur la répression des narcotrafiquants, notre détermination sera totale »

Les socialistes profitent en réalité de l’annonce du plan du gouvernement pour contredire l’image de laxisme, « entretenue par la droite et l’extrême droite ». Le sujet de la sécurité n’a pas toujours été simple à gauche, qui se divise depuis longtemps sur la question. Quand Jean-Pierre Chevènement était ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin, certains lui reprochaient une ligne trop dure. Depuis, le PS a cherché plusieurs fois à faire son aggiornamento sur la sécurité. Mais la pédagogie, c’est la répétition. « Sur le plan répressif, le PS prendra toute sa part dans la lutte contre la criminalité », lance ainsi Jérôme Durain.

« Sur la répression des narcotrafiquants, notre détermination sera totale », insiste Olivier Faure, qui prépare une « convention sur la sécurité » pour début 2025, histoire de montrer « à nouveau, notre capacité à gouverner ». Il ajoute, à qui veut l’entendre :

 La gauche dans son ensemble doit se responsabiliser sur le sujet. 

Olivier Faure, premier secrétaire du PS.

Olivier Faure ne veut « pas de tabou », ni de « démagogie » sur la lutte contre le narcotrafic

Mais s’il n’y a « pas de tabou », le numéro 1 du PS ne veut pas non plus de « démagogie ». Il appelle à « ne pas avoir de vision exclusivement répressive », notamment sur « les jeunes, qui sont plus victimes de leur entourage ». Il tacle au passage le style du ministre de l’Intérieur. « Je préférerais avoir Jérôme Durain à l’Intérieur plutôt que Bruno Retailleau, car les narcotrafiquants n’ont pas peur des mots, mais de la détermination », lance-t-il, demandant « des moyens », plutôt que « des belles phrases ».

Le député de Seine-et-Marne marque encore sa différence avec le ministre de l’Intérieur sur la question des consommateurs, que Bruno Retailleau entend viser plus durement. « Nous distinguons deux catégories : il y a les trafiquants et les consommateurs qui sont aussi des victimes. Il ne faut pas mélanger les uns avec les autres. Et ne pas considérer que désormais, les consommateurs sont des criminels. Cette confusion n’arrange rien. Nous devons chercher à attraper les gros bonnets et à soigner ceux qui sont dépendants à toutes formes d’addictions », soutient Olivier Faure. Regardez :

« A la manœuvre », Michel Barnier « pilote et donne l’impulsion sur le sujet »

On le voit, le PS n’entend pas laisser la droite et le gouvernement tirer seuls la couverture, alors que les projecteurs seront braqués demain sur les ministres. Michel Barnier lui-même suit le sujet de près. Il a réuni Bruno Retailleau et Didier Migaud, ce jeudi, à 15h30, pour une réunion de travail pour « appeler à la mobilisation générale ». Message envoyé : « Le premier ministre pilote et donne l’impulsion sur le sujet », soutient l’entourage de Michel Barnier, où on présente « un premier ministre à la manœuvre, conscient du problème, qui touche les villes mais aussi crée de l’insécurité dans les villages, les campagnes ».

S’il faut attendre demain pour les détails, l’objectif du plan sera évidemment de « mieux appréhender et de combattre le narcotrafic ». Mais de viser aussi « toutes les activités illicites » qui l’accompagne : « Blanchiment d’argent, économie souterraine », ou encore « traite des êtres humains, proxénétisme, travail illégal, trafic d’armes, cyber criminalité ». C’est pourquoi le ministre du budget sera aussi dans la boucle, ayant la main sur les douanes et les services fiscaux. En résumé, Matignon espère « mettre tout le monde autour de la table » en associant bien sûr « le Parlement », à commencer par le Sénat.

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