On connaît désormais le thème de la commission d’enquête que veut inscrire à l’agenda le groupe LR du Sénat. La réflexion s’est cristallisée la semaine dernière. En vertu de son droit de tirage annuel, la droite sénatoriale est bien décidée à lancer une commission d’enquête sur les conséquences du trafic de drogue en France « et les mesures à prendre pour y remédier ». Selon la droite sénatoriale, « le narcotrafic a des répercussions en termes d’insécurité, d’économie parallèle, de financements illégaux, d’interconnexions internationales et de santé publique ».
La hausse inquiétante des règlements de compte sur certains pans du territoire n’est probablement pas étrangère à cette motivation. À Marseille par exemple, on relève depuis le début de l’année 44 morts liés au trafic de stupéfiants. C’est du jamais vu. Trois n’avaient même rien à voir avec le narcobanditisme.
« Quand on voit les images, on a l’impression d’être en Amérique du Sud »
« L’idée, c’est d’essayer de comprendre comment ces réseaux mafieux sont arrivés en France. Quand on voit les images, on a l’impression d’être en Amérique du Sud », nous confiait il y a quelques jours un membre du groupe.
Les statistiques au niveau national connaissent également une trajectoire guère rassurante. En juin, la police judiciaire constatait une augmentation de 60 % des meurtres et tentatives de meurtres, dont une large majorité sur fond de trafic de drogue. 2022 a par ailleurs été une année record en termes de saisies, avec 157 tonnes de produits de stupéfiants.
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« Le trafic de stupéfiants ne cesse de gagner du terrain et s’implante, au fil des mois, dans de nombreuses communes de France, des petites villes rurales aux grandes métropoles », écrit Bruno Retailleau, le président du groupe LR, dans une proposition de résolution en vue d’une création de commission d’enquête, déposée cette semaine.
Celle-ci devra déterminer « la véritable ampleur » de ce trafic et sa « place dans l’écosystème de la criminalité », se pencher sur les conséquences sécuritaires, et proposer un certain nombre de mesures pour lutter contre le narcotrafic.
La lutte contre la drogue fait également partie des priorités défendues par Gérald Darmanin, depuis son arrivée place Beauvau en juillet 2020. Cette année-là, le ministère de l’Intérieur évaluait à 4 000 le nombre de points de « deal » sur le territoire.
La commission des lois du Sénat doit se prononcer sur la recevabilité de la commission d’enquête le 31 octobre.