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Les internes en médecine en grève pour protester contre leurs conditions de travail

Dans un communiqué paru le 4 avril, l'intersyndicale nationale des internes appelle à une « journée nationale sans internes », ce vendredi 28 avril. Les différents syndicats de médecins internes réclament, à l’unisson, « que les médecins de demain soient reconnus à leur juste valeur : des acteurs incontournables du système de soins ».
Henri Clavier

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« La vocation à n’importe quel prix n’existe pas. Sans conditions de travail dignes nous ne pouvons pas soigner correctement les gens, nous ne pouvons pas continuer d’exercer notre métier », déclare Olivia Fraigneau, présidente de l’intersyndicale nationale des internes (Isni). L’Isni dénonce des conditions de travail de plus en plus précaires qui, cumulées au stress, finissent par devenir dangereuses. Dans un contexte de crise de l’hôpital, les internes dénoncent un système qui repose de plus en plus sur eux, avec des conséquences concrètes : plus de responsabilités (alors qu’ils sont en formation) et plus de temps de travail.

« La charge de travail trop importante affecte énormément la santé mentale des internes »

L’intersyndicale dénonce, en premier lieu, un temps de travail excessif et un non-respect du plafonnement du temps de travail fixé à 48 par semaine et exige un décompte réel du temps de travail. Une enquête de l’intersyndicale identifie plutôt une moyenne de 58 heures de travail par semaine pour les internes avec cependant des variations importantes en fonction des services et des hôpitaux. « D’autant plus qu’il y a eu un arrêt du Conseil d’État, en juin dernier, qui enjoint tous les hôpitaux à se doter à un dispositif fiable de décompte du temps de travail et actuellement », explique Cédric Cardoso, président du Syndicat Représentatif Parisien des Internes en Médecine Générale (SRP-IMG).

« La charge de travail trop importante affecte énormément la santé mentale des internes », poursuit Cédric Cardoso (SRP-IMG) qui explique que l’intersyndicale recherche davantage un respect des plafonds horaires que paiement des heures supplémentaires. Le communiqué de l’intersyndicale insiste sur le stress important auquel sont exposés les internes qui pour deux tiers d’entre eux souffriraient d’anxiété.  

Une revalorisation salariale de 300 euros bruts par mois espérée

Au-delà des conditions de travail, les internes réclament également une revalorisation salariale pour lutter contre la précarité financière. « On demande une revalorisation salariale puisque si on ramène 58 heures par semaine à notre rémunération, ça nous fait un taux horaire d’environ 6 euros brut de l’heure », estime Cédric Cardoso. Il demande une revalorisation de 300 euros brut par mois, à laquelle s’ajoute une indemnité logement indexée sur le prix des loyers. Cette dernière mesure vise plus spécifiquement l’Île-de-France où le parc immobilier est tendu et les loyers élevés. Par ailleurs, les solutions de logement en internat ne sont pas similaires selon les régions et sont quasiment inexistantes à Paris.

Un problème structurel ?

À travers son communiqué, l’intersyndicale rappelle que ces mesures sont indispensables pour garantir l’attractivité du métier. Alors que l’hôpital public est déjà exposé à des difficultés de recrutement, ne pas prendre en compte les revendications de l’intersyndicale revient à prendre « un risque important pour le futur de l’hôpital public », affirme Cédric Cardoso. « De plus en plus d’internes se détournent de l’hôpital public alors qu’il y a 20 ans c’était la voie royale », rappelle Cédric Cardoso. En 2019, les internes représentaient plus de 30 % du personnel médical dans les hôpitaux.

Néanmoins, le soutien reste assez faible au sein de la profession car si « globalement on reçoit des soutiens, ça ne veut pas dire que les praticiens seniors nous soutiennent », précise Cédric Cardoso avant d’expliquer « qu’il y a quelque chose dans les mœurs qui veut que les internes subissent l’organisation ».

 

 

 

 

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