BARBIE CAPTURE 1

« Les docus de Noël » : Barbie : une icône vraiment progressiste ?

Elle a fait rêver des millions de petites filles, elle leur a permis de se projeter dans des métiers historiquement réservés aux hommes, elle a même récemment été au cœur du long-métrage hollywoodien de Greta Gerwig dépassant le milliard d’euros de recettes et salué par de nombreuses associations qui défendent la cause des femmes dans le monde. 65 ans après sa création, Barbie est aujourd’hui brandie comme une icône du féminisme, de l’inclusion et de la diversité. La poupée lancée par Ruth Handler en 1959 est-elle vraiment tout cela ? C’est la question posée dans le documentaire de Nicola Graef et Julia Zinke « Barbie la femme parfaite ? » diffusé le 6 janvier à 22h sur Public Sénat.
Rebecca Fitoussi

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« La diversité chez Barbie est une évidence » ! Voilà le message porté par la maison fondatrice Mattel et revendiqué par ses fans. Un postulat qu’ont décidé de réinterroger les réalisateurs de ce documentaire. Diversité de façade ? Vaste opération marketing ? Le film décortique et analyse l’histoire de la poupée la plus vendue au monde – 59 millions de pièces vendues dans 12 pays en 2022.

Lorsque Barbie voit le jour en 1959, elle représente tout ce que les petites filles n’ont pas encore tout à fait le droit de s’offrir : être une femme indépendante, sûre d’elle, active, sexy. Avec Barbie, on ne joue pas à la maman, on ne donne pas de biberon, on ne change pas de couche. Avec Barbie on s’autorise une vie d’adulte moderne et libre. La poupée est tout de suite identifiée comme une icône féministe et progressiste, « la première influenceuse » de l’Histoire nous disent les réalisateurs. Barbie astronaute, Barbie chef de chantier, Barbie médecin, Barbie sans mari, sans enfants. La poupée colle exactement au mouvement d’émancipation des femmes des années 1960 et 1970.

Reste un point sur lequel le jouet en plastique n’évolue pas : son physique irréaliste : Taille XXS, jambes interminables, ventre honteusement plat. Un idéal de beauté très « années 1950 » qui, au fil des décennies, est devenu gênant. « Lorsque les filles déclarent ‘je veux ressembler à ma Barbie’, je ne pense pas que beaucoup de parents s’en inquiètent et disent ‘c’est un problème, nous devons y réfléchir, en parler, voir ce que cela signifie’. C’est complètement minimisé. Mais c’est ainsi que se fixent les premières normes, les premières limites et les premières représentations de ce à quoi mon corps doit ressembler. », alerte Carla Schriever, Professeure spécialiste du travail social.

Une critique longtemps ignorée par Mattel mais qui, depuis quelques années, fait mouche dans l’opinion. A l’heure où les femmes affirment leurs rondeurs, vantent leurs différences et revendiquent leurs dites imperfections, Barbie semble en décalage, un peu trop parfaite. Mais pas question pour l’entreprise de démoder sa poupée-star ! Pas question de lui faire rater le train du XXIème siècle ! Loin de se laisser dépasser, le géant du jouet continue donc de faire évoluer sa poupée au gré des tendances, des modes et des revendications sociétales. « Il ne faut jamais oublier que Mattel est un géant du jouet dont l’objectif est de vendre le plus de possible ! », affirme Carla Schriever. Business is business donc ! Va pour une Barbie avec plus de formes ! Avec une maladie de peau, un fauteuil roulant, une prothèse ! Mais attention, nous dit Carla Schriever : « Cette évolution n’en est qu’à ses débuts, il va falloir beaucoup de temps jusqu’à ce que ces poupées se retrouvent dans les foyers »

Et puis si l’on regarde dans le détail, « Barbie Curvy », la nouvelle Barbie avec des formes, n’a d’un peu plus rond que les cuisses. Toujours la même taille de guêpe, toujours ce ventre très plat et une poitrine inchangée. Barbie reste encore très éloignée de la réalité des corps des femmes.

Retrouvez le documentaire « Barbie la femme parfaite ? » le 6 janvier à 22h puis en replay sur notre site internet ici.  

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