Suite à trois recours déposés contre le choc des savoirs, dont un par la sénatrice écologiste Monique de Marco, le rapporteur public du Conseil d’Etat demande d’annuler la mise en place des groupes de niveau au collège, soit le cœur de la réforme portée par Gabriel Attal. S’il faut encore attendre la décision du Conseil d’Etat, son avis pourrait être suivi.
Jeux Olympiques : une étude donne la France 3ème au classement des médailles
Par Jonathan Dupriez
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Une France couverte de médailles d’or à l’issue des Jeux Olympiques ? C’est en tout cas la projection faite par l’institut Gracenote Nielsen, dans une étude publiée hier. Dans ce rapport de prévision, l’Hexagone obtiendrait 60 médailles, dont 27 en or, lors des Jeux de Paris 2024, ce qui la placerait au troisième rang derrière les Etats-Unis (112) et la Chine (86). Dans le détail, si la France apparaît en 4ème position du tableau, juste derrière la Grande-Bretagne au total de médailles (60 médailles contre 63 pour le Royaume-Uni), les sportifs français seraient toutefois devant la délégation britannique du fait d’un nombre plus important de médailles d’or, 27 au total, contre 17 pour nos concurrents d’Outre-Manche. D’où la troisième place française, les médailles d’or étant la variable déterminante du classement.
« Meilleurs JO depuis 124 ans »
Et la projection de Nielsen Gracenote a de quoi flatter la délégation française qui ne serait qu’à 12 breloques des indétrônables leaders américains. A titre de comparaison, lors des derniers Jeux Olympiques de 2021 à Tokyo, la France n’était qu’en 8ème position, obtenant un total de 33 médailles, dont 10 en or. Elle pourrait donc obtenir jusqu’à trois fois plus de sacres en 2024. En outre, l’étude donne la France sur le podium de 28 sports différents des JO, contre 15 à 19 sports en moyenne. « Il s’agirait d’un nouveau record pour la France », relève Gracenote Nielsen, soulignant que la France « devrait connaître ses meilleurs Jeux olympiques depuis 124 ans » sans toutefois faire tomber le record des Jeux de 1900 où la France avait glané 102 breloques à domicile.
Modèle statistique de prévision des médailles
Pour réaliser cette projection, Gracenote Nielsen a mis en œuvre un modèle statistique « basé sur des résultats individuels, et collectifs des Jeux Olympiques, des championnats du monde et des coupes du monde précédents » lui permettant de « prévoir les médailles d’or, d’argent et de bronze les plus susceptibles d’être remportées par chaque pays », précise l’institut.
Profiter du « home-advantage »
Disputer les Jeux chez soi présente en tout cas d’indéniables avantages pour la délégation française à l’approche de la compétition. Les 574 compétiteurs connaissent mieux leur environnement que leurs adversaires, les infrastructures où ils devront s’illustrer, sans oublier le soutien du public, une variable scientifiquement prouvée notamment dans les sports collectifs. Selon l’anglicisme consacré dans le monde du sport, la délégation française, entend faire jouer à plein le « home-advantage » pour performer aux JO de Paris. Et cet « avantage d’être à domicile » s’est illustré récemment lors des Jeux de Tokyo en 2021. Le Japon avait réalisé une excellente performance, progressant de 15 médailles par rapport à l’olympiade de Rio en 2016.
Helsinki et Atlanta, deux exceptions à la règle du « home advantage »
Depuis la Seconde Guerre mondiale, seulement deux pays hôtes n’ont pas fait progresser leur nombre de médailles par rapport à l’édition précédente. En 1952, la Finlande, aux Jeux d’Helsinki, a accusé un léger recul de 2 médailles. En 1996 à Atlanta, les Américains ont vu leur total de médailles reculer de 7 breloques en étant pays hôte, comparativement aux précédents Jeux de Barcelone en 1992 (101 médailles à Atlanta contre 108 à Barcelone).
« Ambition Bleue »
Pas de quoi saper les ambitions françaises de médailles qui repose aussi sur des moyens financiers accrus dédiés aux sportifs. Les athlètes français ont ainsi bénéficié d’un soutien budgétaire colossal pour s’entraîner, via l’Agence nationale du Sport (ANS). Cette dernière a vu sa dotation bondir depuis les Jeux de Rio en 2016, passant de 67,8 millions d’euros par an pour atteindre 114 millions en 2024, soit une augmentation de 68% des crédits alloués à l’ANS. « Cette augmentation inédite a par exemple permis aux fédérations d’améliorer leurs programmes de préparation et d’augmenter leurs équipes d’encadrement – entraineurs, personnels médicaux et paramédicaux » précise le site gouvernemental dédié à l’ANS. Depuis 2020, le gouvernement a aussi mis en place un programme d’accompagnement des athlètes nommé « Ambition bleue » pour leur offrir des conditions optimales de préparation. « Jamais il n’y a eu autant de moyens développés pour préparer les athlètes », confirme le sénateur LR de l’Isère, Michel Savin, connaisseur du monde sportif. « On ne pourra pas mettre la préparation des sportifs en cause » précise-t-il.
Sportifs attendus au tournant
Les athlètes se savent en tout cas attendus au tournant par le gouvernement, et plus particulièrement, par le chef de l’Etat ayant placé de grands espoirs de médailles en eux. Emmanuel Macron avait affiché la couleur dès septembre 2021, lorsqu’il avait reçu à l’Elysée, les sportifs fraîchement médaillés de Tokyo. « Je vous le dis très clairement, on doit faire beaucoup plus ! Beaucoup plus. Parce que ce sont nos Jeux, à la maison, et c’est attendu (…). La France peut très clairement intégrer un jour durablement le top 5 olympique et paralympique. J’y crois », disait alors le Président de la République.
Pour Fabien Archambault, historien à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, le positionnement du chef de l’Etat prouve la politisation des Jeux. « On voit que le pouvoir politique fixe des objectifs, cela veut dire que c’est un enjeu important. Mais c’est aussi très banal, car ce mécanisme est rejoué à chaque fois, à chaque olympiade même s’il s’amplifie en tant que pays hôte. » Pour l’historien, les JO, « officiellement apolitiques » sont à l’inverse, « fondamentalement politiques. »
« Ça se voit que le Président n’a pas fait de sport »
Cette politisation, synonyme de pression sur les sportifs, n’est pas au goût de tous. « Ça se voit que le Président n’a pas fait de sport » tacle Michel Savin. « Le sport ce sont des compétitions, une préparation et un environnement qui comptent certes, mais il ne faut pas oublier les adversaires. Je pense que tous les athlètes de tous les pays se sont préparés de la meilleure manière possible. Alors, que le meilleur gagne, ça ne sert à rien de mettre la pression sur les athlètes. Je fais confiance aux Français, ils se sont bien préparés et ils donneront le meilleur d’eux-mêmes. »
Les médailles aux JO, mesure de la puissance des nations
Si le Président de la République a placé autant d’espoir de médailles, c’est aussi pour exister aux yeux des autres nations, dans ce fameux classement. Une vision qui ne date pas d’hier selon les spécialistes. Pour Fabien Archambault, historien à l’Université Paris-1 Panthéon Sorbonne, les Jeux d’Anvers, en 1920, ont marqué « un tournant » dans l’importance des médailles pour comparer la puissance des nations. « C’est à ce moment-là que les athlètes ne sont plus des compétiteurs individuels, mais deviennent les représentants d’une nation. Et à partir de là, les gouvernements considèrent qu’il en va du prestige de la nation, de bien figurer dans ce classement des médailles. »
Médailles et « soft power »
Depuis, les médailles sont un outil de soft-power par excellence. « Les grandes puissances visent le haut du tableau, voire arriver en tête pour les Etats-Unis et l’URSS pendant des années, et pour tous les petits pays, obtenir une médaille d’or, permet de figurer de manière positive dans le concert des nations », confirme Fabien Archambault, historien et auteur de l’ouvrage «Les Légendes du siècle, une histoire des Jeux en douze médailles » (Flammarion 2024.)
Pour tenter de se hisser le plus haut possible au tableau des médailles, la France n’a pas non plus lésiné sur les primes accordées aux médailles, réhaussées spécialement pour l’occasion des JO de 2024. Ainsi, un médaillé d’or, percevra 80 000 euros de prime (contre 65 000 à Tokyo), 40 000 euros pour l’argent, et 20 000 pour le bronze. De quoi donner une belle carotte aux athlètes tricolores.
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