Jamais Dan Franck n’aurait imaginé que ses romans soient rattrapés par l’actualité ukrainienne

Jamais Dan Franck n’aurait imaginé que ses romans soient rattrapés par l’actualité ukrainienne

Né sous la plume des écrivains, Jean Vautrin et Dan Franck en 1987, le héros Boro, de son vrai nom, Blèmia Borowicz, est un reporteur photographe qui parcourt les champs de bataille dans le monde entier. Des pages d’histoire et d’engagement dans une œuvre romanesque « Boro, Est-Ouest » de Dan Franck publié aux éditions Fayard - Grasset qui résonne avec l’actualité. Un entretien à découvrir cette semaine dans Livres & vous sur Public Sénat.
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Qu'il s'agisse des années 30 avec la montée du nazisme ou de la création du mur de Berlin en 1961, en passant par la guerre d’Espagne, ou la résistance en France et la naissance de l’Etat d’Israël, « ce que l’on voulait" avec Jean Vautrin, explique Dan Franck au micro de Guillaume Erner, "c’était créer un héros populaire" qui traverse l'Histoire, ajoute l'auteur  comme "Alexandre Dumas pouvait créer ses personnages dans le roman historique du XIXe siècle ». Un personnage attachant, qui précise l’écrivain « défend toujours les battus de l’Histoire. Des romans qui se lisent bien mais qui nous permettent d’apprendre des choses ».

Un dandy d’Europe centrale au service des « battus de l’histoire »

Au fil des opus et des pages de ce dernier ouvrage « Boro, Est-Ouest », le héros se retrouve pris dans les vents de la grande Histoire. Il participe ainsi à l’arrestation de l’ancien haut dignitaire nazi Adolf Eichmann à Buenos Aires par le Mossad. Avant les tests ADN, avant l’empreinte génétique, pour identifier le criminel nazi, Boro le suit, s’installe derrière lui dans un bus et prend en photo… son oreille, preuve scientifique à l’époque pour s'assurer de l’identité d’une personne.
Pour Dan Franck, « ce rapport entre la grande Histoire et l’histoire qu’on s’invente » est l’une des clés du succès de son personnage. Un personnage également très engagé, très humaniste ajoute-t-il.

Un humaniste qui a nous fait découvrir l’Histoire pour comprendre l’actualité

« Tous les épisodes de cette saga sont choisis à la lumière de faits que me touchent et qui nous concernent tous » explique Dan Franck, en comprenant l’histoire, on comprend l’actualité et comme disait Shakespeare « le passé est un prologue » ! Car pour Dan Franck il y a un rapport entre les relations Est-Ouest, la guerre froide d’hier et ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine.

L’insurrection de Budapest en 1956 contre le régime communiste, « c’est la brutalité des forces soviétiques que l’on retrouve actuellement », de même que si le mur de Berlin a été construit explique l’auteur de Boro, c’est parce que les Berlinois de l’Est étaient attirés par les lumières de l’Ouest comme l’Ukraine l’est par l’Europe et que Poutine, « ce stalinien monstrueux traite les ukrainiens comme la Stasi traitait les allemands de l’Est ».
« Faire vivre ce héros me permet de comprendre à la fois les motivations clairement historiques de ce système politique, le stalinisme, et cette brutalité que l’on retrouve absolument partout aujourd’hui : C’est terrible car quand j’ai écrit ses lignes sur l’insurrection de Budapest, je n’imaginais pas une seconde qu’il y aurait un lien avec l’actualité ».

Car Boro allait sur les champs de bataille avec un Leica, un appareil photo, mais si l’histoire se déroulait de nos jours, Dan Franck en est sûr, il serait journaliste, caméra à la main.
Le journalisme de terrain, un métier dangereux rappelle Dan Franck. « Ils nous informent au prix de leur vie à l’image du reporter qui a trouvé la mort en Ukraine il y a quelques jours ».
« L’information n’est pas quelque chose de neutre, on ne va pas se promener sur des champs de bataille conclut l’écrivain, et j’espère que Boro contribuera à faire aimer ceux qui informent le public quitte parfois à risquer leur vie.

Retrouvez l’intégralité de l’émission ici.

« Boro, Est-Ouest » de Dan Franck - Ed. Fayard – Grasset
« La fille de Deauville » de Vanessa Schneider - Ed. Grasset

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