La tuerie dans l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse en 2012, l’assaut lancé dans la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015, le massacre du Bataclan en novembre la même année… Les drames n’ont pas épargné la carrière du procureur de la République. Et pourtant, il n’a jamais cédé à la haine et ne s’est jamais laissé envahir par l’émotion : « quoi que j’aie pu ressentir ou éprouver » affirme-t-il, « ça n’avait rien de commun avec ce qu’avaient pu ressentir les gens qui avaient souffert dans leur chair, et ceux qui avaient perdu des êtres proches ». Quand on l’interroge sur son lien avec les Français, celui qui a grandi dans un petit village de 700 habitants dans les Pyrénées-Orientales déclare avec cet accent du midi qui le caractérise : « j’ai toujours été frappé par le degré de bienveillance dont je bénéficie de la part des gens qui viennent me voir. »
Employer le bon ton au cœur de la terreur
Au regard de tous les événements tragiques auxquels il a dû faire face en 46 ans de carrière, Il l’avoue lui-même : « des fois je me dis que je dois être un peu chat noir, j’ai eu des affaires très lourdes quasiment dans tous les postes que j’ai occupés ». Ce sont justement ces « dossiers emblématiques » qui l’ont mis « sous la lumière des projecteurs ». Cela fait selon lui, partie de ses « responsabilités » et affirme qu’« il faut les assumer ». Si sa formation en communication n’a pas duré plus d’une demi-journée, il a rapidement trouvé les mots justes et adopté le bon ton pour rassurer les Français. Malgré son sang-froid, a-t-il été touché par ces drames successifs ? Bien sûr qu’il l’a été. Il est d’ailleurs à l’origine de l’ouverture d’une cellule psychologique après les attentats de Charlie Hebdo, conscient que « trois ou quatre » de ses collègues « n’allaient vraiment pas bien ». Afin de montrer l’exemple il a été le premier à se saisir de cette cellule psychologique et à consulter lui-même.
Vers un engagement en politique ?
Dans l’esprit de beaucoup de Français, il restera à jamais cette voix rassurante en temps de crise. Sa proximité avec les citoyens a par ailleurs éveillé quelques espoirs d’un engagement en politique. François Molins révèle à ce sujet avoir « eu des propositions » d’entrée en politique mais les a refusées. En effet, il souhaite « se rendre utile autrement », la politique étant selon lui bien trop souvent « l’art des compromis ». Or, attaché à son « indépendance » et à sa « liberté », il explique : « je n’ai pas envie de me trouver dans des situations où je serais tenu de porter ou de défendre des choses auxquelles je n’adhérerais pas totalement ». Grâce à ses mémoires, Au nom du peuple français, il entend justement retrouver par un autre chemin les citoyens. Son « fil rouge » ? « Mieux expliquer la réalité et le contenu du métier de procureur ». Fort de la confiance que les Français lui accordent, il explique que son livre est « une façon de rappeler que dans la crise de légitimité qu’elle traverse, la justice est rendue au nom du peuple français, et c’est, parce qu’elle est rendue en son nom, que j’ai pensé qu’il était légitime de rendre compte à un moment donné de ce que j’avais fait. »
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