L'ethnopsychiatre Tobie Nathan a suivi durant trois ans une soixantaine de jeunes en voie de radicalisation. Il retrace son travail dans un livre intitulé « Les Âmes errantes » où il constate qu’il n’y a pas de profil type pour devenir une proie à la radicalisation.
Le seul point commun selon lui, c’est qu’ils appartiennent à une seconde génération de Français issus de l’immigration : « Leurs parents sont souvent coupés de leurs pays d’origine », note Tobie Nathan.
« S’adresse à l’intelligence de ces jeunes »
Pour l'ethnopsychiatre, les stratégies de compassion ou de punition envers les jeunes radicalisés ont échoué. « Il faut s’adresser à l’intelligence de ces jeunes car ils se posent des questionnements intellectuels. J’ai déjà discuté pendant des heures avec certains jeunes de l’unicité de Dieu ou de l’apocalypse. Il faut leur faire des contre-propositions intellectuelles. »
Même Tobie Nathan concède que s’entretenir pendant des heures avec ces jeunes est une méthode qui coûte trop cher pour être généralisée, elle peut permettre d’imaginer « des dispositifs plus politiques et plus sociaux » que les centres de déradicalisation créés durant le quinquennat de François Hollande.