Assurant de la « détermination du gouvernement à mener le combat » contre la criminalité organisée « et à apporter une réponse efficace et ferme », Didier Migaud assure que « c’est le premier chantier » qu’il « souhaite mener à bien ».
« Human » de Yann Arthus-Bertrand : L’humain avant les hommes
Par Marie Oestreich
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Comment ne pas être bouleversé par les mots de ces femmes et hommes qui nous livrent leur histoire à cœur ouvert. Filmées sur fond noir, avec peu d’indications de contexte, on pourrait s’y perdre. Mais les mots et les regards parlent d’eux-mêmes. Des confessions, des cris, des larmes… Tant de gages de sincérité qui nous renvoient à nous-même. À travers ces portraits face caméra, le film appuie où ça fait mal. Il passe par des thèmes universels tels que les inégalités, la pauvreté, la corruption, l’homophobie, la prostitution mais aussi le bonheur, l’amour et la haine. Une vision encyclopédique du monde, mais le film pose de manière si fondamentale la question du sens de la vie, qu’on est forcément transporté.
« Échangeons un instant, viens vivre ma vie et j’irai vivre la tienne »
« Échangeons un instant, viens vivre ma vie et j’irai vivre la tienne. On se retrouvera à mi-chemin sur l’équateur et on se fera un golf. ». La pointe d’humour de cette femme qui parle en souriant raconte autre chose : les hommes se regardent-ils ? Les hommes se comprennent-ils ?
Le témoignage de cet homme qui vit en Afrique et n’a ni de quoi se nourrir, ni l’opportunité de travailler est d’autant plus poignant : « On est couchés pour attendre la mort. C’est ce qui s’appelle la vie finie. ». Pendant que certains ont perdu le sens de la vie au point d’en voir déjà la fin, d’autres s’enrichissent. Le film nous rappelle que lien entre l’homme et la terre, c’est aussi le rapport entre ceux qui la cultivent, et ceux qui récoltent les recettes :
« J’ai perdu mes terres, ma maison, mon abri. La compagnie sucrière qui m’a expulsée me voit-elle comme un être humain ? Vous, président de la compagnie, vous êtes un être humain. Alors pourquoi avez-vous rasé ma maison et mes plantations ? Vous aussi vous vous nourrissez grâce au riz des paysans. Vous vous enrichissez grâce à leur travail. (…). Alors pourquoi vous, la compagnie, avez-vous détruit la terre des paysans ? Où êtes-vous nés ? ». Entre leçons de vie et « vie finie », introspection garantie. Avec du recul, Yann Arthus Bertrand le dit lui-même : « avoir écouté ces gens nous a rendus moins cons », et raconte les difficultés auxquelles il s’est heurté, comme en Chine où la loi interdit le principe d’interview, et à Dubaï lorsque les équipes se sont vues retirer leurs autorisations.
L’anonymat des témoignages donne d’autant plus d’intimité aux expériences partagées, à l’instar de celle de cet homme, latino-américain, qui a perdu son travail à 47 ans :
« Tu te regardes dans un miroir et tu te dis : qui es-tu, abruti ? Que fais-tu dans cette vie ? Pourquoi tu respires ? Pourquoi vois-tu le soleil ? Qu’est ce qui te rend utile dans ce bordel dans lequel tu vis ? »
Le photographe engagé, après avoir parcouru 60 pays et réalisé des entretiens dans 63 langues différentes, nous dresse ici un portrait de l’humanité. Mais est-on si éloigné des causes qu’il a toujours défendues : l’environnement et l’amour de la nature ? Un « bordel » qui résonne avec les images qui suivent les témoignages : vu du ciel, une vague de déchets dans laquelle on voit des hommes qui ramassent de quoi survivre… Une mise en perspective qui nous remet à notre place. Il ne s’agit pas ici de mettre l’Homme et la nature en opposition, il s’agit de retrouver, à travers des introspections personnelles, le lien sincère et profond qui existe entre eux.
Nature et hommes, comment faire le lien ?
Quel terrain d’entente entre l’homme et la nature ? Le film ne donne pas de solution miracle, mais Yann Arthus-Bertrand tente de rendre compte à l’état brut du lien des humains avec la nature. La question du point de vue se pose alors à nous naturellement. Quand l’homme occidental semble s’être éloigné de son environnement, certaines sociétés n’hésitent pas à faire de la nature la raison de leur humanité :
« Lorsqu’on travaille la terre, elle nous la rend en silence. Elle ne nous reproche rien, n’a pas de mots blessants. Elle nous donne en silence. La terre te rétribue à la mesure de ton effort. Plus tu la sers, mieux elle te le rend. »
Le message : L’amour de l’homme comme l’amour de la nature doivent revenir au centre de nos esprits. Au fond, la nature et l’homme, cela semble être le même combat : les deux peuvent être incontrôlables, violents, ou merveilleux… Le film nous apprend que malgré les difficultés ethniques, culturelles, religieuses, la réponse la plus attendue par tous les hommes reste l’amour. Et insister sur les liens entre homme et nature, quand le réchauffement climatique nous saute aux yeux, c’est l’urgence au cœur du film. L’occasion de se souvenir que les droits de l’homme et ceux de la nature devraient être indissociables. De quoi nous ouvrir les yeux.
Diffusion dimanche 23 décembre à 12 h 30