Laurence Rossignol plaide pour des quotas dans les grandes écoles afin de lutter contre les violences sexuelles

Laurence Rossignol plaide pour des quotas dans les grandes écoles afin de lutter contre les violences sexuelles

Alors qu’une enquête interne de Polytechnique révèle l’importance des violences sexistes et sexuelles dans les grandes écoles, Laurence Rossignol appelle à « démasculiniser » ces « lieux de pouvoir », quitte à passer par des quotas. Une condition « nécessaire », d’après elle, pour lutter contre ces violences.
Louis Mollier-Sabet

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Une enquête interne de Polytechnique, à laquelle Le Monde a eu accès, révèle que près d’une étudiante sur quatre interrogée déclare avoir été victime d’une agression sexuelle dans le cadre de leur scolarité, tandis que onze jeunes femmes disent avoir été victimes de viol ou de tentatives de viol entre 2018 et 2022. Des faits qui dépassent largement « des affaires de comportements désinhibés » pour Laurence Rossignol, sénatrice socialiste et membre de la délégation aux droits des femmes : « Ces écoles sont des machines à produire des personnes qui feront partie des élites, il y a de véritables enjeux. Et dans ces écoles qui forment à entrer dans des lieux de pouvoir masculins, les violences sexistes et sexuelles sont des armes de dissuasion vis-à-vis des filles qui pourraient y entrer. »

« Les violences sexuelles ce sont des marques d’hostilité pour signifier aux filles qu’elles ne sont pas les bienvenues »

D’après l’ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, il y a « un lien entre la résistance à la féminisation des lieux de pouvoir et l’usage des violences sexistes et sexuelles comme arme de dissuasion. » Le « faible nombre de filles qui se présentent à ces concours est assez éloquent », ajoute-t-elle. Effectivement, en l’occurrence, seules 17 % des élèves de Polytechnique sont des femmes : « On peut faire toutes les campagnes d’information, de communication, ça ne bouge pas. Les filles ne se présentent pas à Polytechnique parce que ce sont des lieux hostiles. Les violences sexuelles, la misogynie, ce sont des marques d’hostilité pour leur signifier qu’elles ne sont pas les bienvenues. » Laurence Rossignol dresse un constat « d’échec de la pédagogie de la féminisation », et qu’après « 40 ans à s’émouvoir de la faible proportion de filles dans ces écoles, on peut se dire qu’on a fait le tour de l’incitatif. »

Dans un tweet, la sénatrice en appelle à mettre en place des quotas de mixité : « Démasculiniser ces lieux est une condition pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. La mixité est toujours le meilleur moyen. » Pourtant nombre des révélations autour des violences sexistes et sexuelles dans les grandes écoles concernent des écoles de commerce, beaucoup plus féminisées. « Je ne dis pas que la mixité est une solution universelle mais c’est a minima une condition », répond la sénatrice socialiste, qui poursuit : « Il y a des écoles où les filles ont beaucoup de mal à faire changer la culture d’une école, et il n’y a de toute façon jamais de solution miracle. » D’autant plus qu’au-delà de la question des violences sexuelles, « c’est un vrai problème pour la France qu’il y ait si peu de filles dans les écoles d’ingénieurs, qui se passent des femmes. Cela pose des problèmes de formation, de niveau, de compétences. »

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Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)

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