« Marseille en grand ». C’est le nom du plan pour Marseille que va annoncer jeudi le président de la République Emmanuel Macron au coeur d’une visite de trois jours dans la cité phocéenne. Il prévoit des aides de plusieurs milliards d’euros en faveur des écoles, des transports et du logement, et renforcer la lutte contre les violences urbaines et le trafic de drogue.
Un plan d’urgence qui intervient à la toute fin du quinquennat
Les sénateurs des Bouches-du-Rhône saluent l’arrivée de ces annonces même s’ils s’interrogent sur le calendrier, à la fin du quinquennat. Pour le sénateur Stéphane Ravier, conseiller municipal RN à Marseille, “cette urgence ne date pas d’hier. Il y a déjà eu des mineurs tués, avec des nombres records de règlements de compte et cela fait longtemps qu’un tiers de la population marseillaise vit en-dessous du seuil de pauvreté. »
Le sénateur écologiste Guy Benarroche ne perd pas de vue l’objectif de réélection du président de la République. « On peut considérer que tout ce qu’il va annoncer ne sera pas anodin dans le contexte de la campagne présidentielle. Après, Emmanuel Macron aura beau jeu de dire qu’il veut travailler jusqu’au dernier jour de son quinquennat, encore faut-il qu’il y ait une application de ses promesses, après son mandat. »
La sénatrice LR Valérie Boyer et conseillère municipale est très dubitative sur ce nouveau plan : « j’attends d’abord d’avoir le bilan du plan du Premier ministre Jean-Marc Ayrault en 2013 qui avait promis des milliards d’euros pour aider Marseille. Des promesses qui n’ont pas été tenues et dont Emmanuel Macron est comptable puisqu’il était à l’époque secrétaire général adjoint de l’Elysée. »
Des rats dans les salles de classe
Le premier pilier du plan annoncé jeudi par Emmanuel Macron sera la rénovation des écoles de la ville. Plusieurs centaines de millions d’euros seront débloquées pour remettre aux normes 200 écoles sur les 444 établissements que compte la Ville. Si l’Etat intervient sur une compétence de la municipalité, c’est qu’il y a urgence. Le sénateur communiste Jérémy Bacchi témoigne : « J’ai visité certaines écoles où il y a des rats qui circulent dans les salles de classe. Les jours de pluie, il pleut dans des salles de classe et les instituteurs utilisent des poubelles pour récupérer l’eau ! On n’imagine pas ça en France. »
La mobilité et les transports sera aussi au coeur de ce plan alors que la 2e ville de France compte seulement 2 métros. Selon Guy Benarroche, « les transports à Marseille constituent une véritable fracture sociale. Il y a toute une partie de la ville qui est démunie en termes d’accès aux transports en commun. »
Lutter contre les logements insalubres
Quasiment trois ans après l'effondrement d’immeubles dans le centre-ville de Marseille, ayant fait 8 morts, le président de la République devrait annoncer des moyens supplémentaires pour rénover les logements. « Il y a un énorme programme de rénovation des immeubles à mettre en place », rappelle Guy Benarroche. Entre les passoires thermiques, les familles logées dans des espaces trop petits et les logements insalubres, les problématiques sont diverses. »
« Les offices HLM ont des moyens importants mais le parc de logements sociaux, construit à la va-vite dans les années 1960 pour les Pieds noirs revenant d’Algérie, est tellement immense et vétuste, qu’il est difficile à entretenir », constate le communiste Jérémy Bacchi.
Pour Stéphane Ravier, le problème du logement à Marseille est aussi lié à l’insécurité. « Il y a des dizaines de milliers de logements vides à Marseille. Dans un contexte d’insécurité, des familles quittent des logements et d’autres refusent de les occuper. »
L’insécurité et le trafic de drogue, principales inquiétudes
La sécurité sera l’un des autres piliers des annonces présidentielles alors que les jeunes tués lors de règlements de compte se multiplient à Marseille, dans un contexte de trafic de drogue tout-puissant dans les quartiers. La lutte contre le trafic de drogue c’est le coeur du problème selon le sénateur communiste Jérémy Bacchi. « Plutôt que de s’en prendre au petit dealer de quartier, il faut casser le réseau en amont et renforcer les contrôles de douane. Les moyens des douanes ont fondu ces dix dernières années si bien que le port de Marseille est quasiment un espace de libre circulation de la drogue et des armes. »
La sénatrice LR Valérie Boyer ne croit pas du tout à la stratégie du gouvernement pour remédier à l’insécurité. « On ne peut pas créer une dizaine de postes de juges à Marseille et en même temps ne pas construire les places de prison promises. On ne peut pas tenir un discours ferme sur le régalien et refuser toutes les propositions de la droite pour lutter contre les squats, contre l’immigration clandestine et contre la délinquance des mineurs. Ce qu’il faut pour Marseille, c’est moins de communication et plus de résultats. »