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Economie européenne : qu’attendre de 2023 ?

Alors que l’inflation galope dans tous les pays du monde, en Europe les prévisions sont noires. L’incertitude autour de la guerre en Ukraine continue de faire peser un risque de récession sur l’économie européenne. Explications avec Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste au cabinet de conseil BDO. 
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« La moitié des pays de l’Europe pourraient être en récession en 2023 ». Et meilleurs vœux, bien sûr. Les prévisions de Kristalina Georgieva, la directrice du Fonds monétaire international, pour la nouvelle année sont loin d’être réjouissantes. Dans un entretien à la chaîne américaine CBS, dimanche soir, la cheffe du FMI a dépeint un portrait de l’économie mondiale à faire pâlir 2022, et dans lequel la situation de l’Europe est fortement ébranlée par la crise énergétique liée à la guerre.
L’Europe se relevait doucement du choc de la pandémie de covid-19 et des confinements à répétition et le premier semestre de 2022 apparaissait dynamique. Mais la claque de la guerre en Ukraine l’a frappée en plein fouet. Si les autres régions du globe sont impactées par la guerre, l’Europe l’est bien plus durement. Selon les prévisions du FMI, la moitié des pays de l’Europe pourrait être en récession en 2023.A la différence des autres régions dont l’inflation est en partie tirée par la consommation, l’inflation sur le Vieux continent, elle, est importée. En effet, l’Europe qui était dépendante à environ 40 % de la Russie pour son approvisionnement en gaz a souffert des coupures, de l’embargo et en bout de course de la flambée des cours. En décembre, la Banque centrale européenne (BCE) a estimé l’inflation à 8,4 % en 2022 et anticipait une inflation de 6,3 % en 2023.

» Lire aussi : Prévisions économiques pour début 2023 : « On est au bord de la récession », selon l’économiste Christian de Boissieu

A l’image de son alter ego américain, la BCE a remonté ses taux à 1,5-2 % en décembre pour limiter la hausse des prix, mais cela pourrait ne pas avoir autant d’effets qu’espéré. « Comme l’inflation en Europe est importée, les politiques de hausse des taux des banques centrales sont moins efficaces pour réduire l’inflation », explique Anne-Sophie Alsif, docteure en sciences économiques EHESS et cheffe économiste au BDO, un cabinet de conseil.

Une dissociation entre la politique monétaire et budgétaire

Pour l’économiste, la situation est paradoxale car les indicateurs économiques en Europe sont plutôt bons : la plupart des entreprises ont des carnets de commandes assez remplis, la demande est bonne, le taux de chômage atteint des niveaux plutôt bas (6,8 % pour la population active européenne en 2022 selon le bureau international du travail). « Et cela parce que la politique budgétaire entretient une demande, assure Anne-Sophie Alsif. Mais en même temps la politique monétaire est toujours peu expansionniste - on augmente les taux pour juguler l’inflation. Il y a une dissociation entre la politique monétaire et la politique budgétaire. »La situation délicate l’est d’autant plus que l’incertitude est grande concernant la suite des événements sur la scène internationale. Pour Anne-Sophie Alsif, ce tableau noir décrit par le FMI serait un peu trop pessimiste. « Je ne vois pas une récession de cet ordre, mais plutôt un très fort ralentissement de l’économie en Europe. En revanche un ou deux pays, l’Allemagne et l’Italie, pourraient bien être en récession en 2023. » Selon la spécialiste des prévisions économiques, l’alarmante situation décrite par le FMI échoue à prendre en compte les politiques budgétaires accommodantes mises en place par les économies européennes pour soutenir la croissance et aider les ménages et entreprises. En Allemagne notamment, un plan de 200 milliards d’euros a été débloqué pour faire face à la crise énergétique.

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Société

Procès de l'assassinat de Samuel Paty : tous les accusés ont été reconnus coupables

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)

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