Ce matin, la proposition de loi « visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée par la commission des affaires économiques du Sénat. Elle prévoit des assouplissements sur les pesticides et le stockage de l’eau, et entend calmer les tensions entre les agriculteurs et l’Office français de la biodiversité.
Écologie, accessoire politique par temps de campagne ?
Par Estelle Ndjandjo
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Candidat fraichement déclaré à la primaire citoyenne du Parti Socialiste, Manuel Valls cite soudain l’écologie en tête de ses objectifs. Pourtant l’ancien Premier ministre semblait, comme le souligne Corinne Lepage, d’avantage connu pour ses positions autoritaires, notamment autour de la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Pour cette ancienne ministre de l’environnement de Jacques Chirac, Manuel Valls est inconstant sur les sujets environnementaux : « Il cherche à s’attribuer le mérite de la COP21 pour le bien de sa campagne. C’est un productiviste qui n’a pas de sensibilité écologiste ».
Fillon, la fibre du nucléaire
Un autre ancien locataire de Matignon s’est lui aussi montré réticent face aux politiques écologiques dîtes « punitives ». Pour Daniel Boy, politologue au Cevipof et spécialiste des écologistes, François Fillon n’est pas un fervent supporter de l’environnement. Il explique : « J’ai lu son programme, il y a là des convictions anti-écologistes affirmées. Son socle, c’est le nucléaire et c’est pour lui intouchable ».
Le principe de précaution mis en place dans la constitution en 2005, à l’initiative de Jacques Chirac ne fait pas l’unanimité au sein de la droite. Et selon Daniel Boy, ce malaise n’est pas nouveau chez les Républicains, « à l’époque la majorité des parlementaires de droite y étaient complètement opposés. Ça a été un coup de force de Jacques Chirac. La droite n’a jamais été convaincue par le principe de précaution ».
Le climato-scepticisme à l’américaine
Et si être « anti-écolo » était un moyen de réaffirmer sa différence avec la gauche ?
Aux États-Unis en tout cas, l’« écolo-bashing » semble être devenu un sport apprécié des candidats républicains. Donald Trump, le président-élu en tête.
Climato-sceptique assumé, il a à plusieurs reprises remis en question le réchauffement climatique, allant même jusqu’à affirmer vouloir annuler les accords signés à Paris, en 2015, lors de la COP21.
Pour le politologue Jérôme Sainte-Marie, ce discours s’inscrit dans une logique électoraliste, « Donald Trump a remporté des voix dans des États où il y a des problèmes d’emplois dus à la baisse de l’activité minière ». Un discours récemment nuancé par Donald Trump qui s’est entretenu avec le prix Nobel de la paix et écologiste reconnu, Al Gore.
En cette fin 2016 et à la veille d’une campagne présidentielle, climato-scepticisme et remise en question du principe de précaution semblent donc annoncer une nouvelle ère. L’écologie ne serait pas un outil très efficace en période électorale. C’est ce que souligne Daniel Boy : « L’écologie ne représente que 5% des préoccupations des français ».
Retrouvez Déshabillons-les samedi 10 décembre 2016 à 15h.