En novembre dernier Bruno Retailleau annonçait une « campagne de communication » censée conduire à un « électrochoc » dans la population. Il promettait d’insister sur « les liens entre l’usage de stupéfiants, les violences des trafiquants et les infractions qui en découlent ». Quatre mois plus tard, le ministre de l’intérieur a tenu parole en présentant non pas une campagne de prévention contre l’usage des drogues mais une « campagne de culpabilisation ». « Et je l’assume complètement […] J’assume de vouloir rompre avec cette logique victimaire qui consiste à présenter les usagers de drogue exclusivement comme des victimes d’une addiction […] Je ne suis pas ministre de la Santé », a-t-il insisté. L’ancien sénateur a repris son paradigme plusieurs fois cité devant le Parlement. « Pour qu’il y ait une offre, il faut qu’il y ait des consommateurs ».
« Il faut dire au consommateur qu’il s’associe à toutes ces conséquences »
Le clip sorti concomitamment dure 30 secondes. Il montre une personne allumer un joint et sniffer un rail de coke. Le produit prend feu et forme le contour d’une scène de crime avec la mention : « Chaque jour, des personnes payent le prix de la drogue que vous achetez ». Le ministre a précisé que ce clip était financé par l’argent de la vente des biens confisquée des trafiquants.
« Les victimes se comptent par centaines […] Il faut dire au consommateur qu’il s’associe à toutes ces conséquences », a souligné le ministre. Bruno Retailleau a par ailleurs rappelé sa volonté de « frapper les consommateurs au portefeuille » avec des amendes forfaitaires délictuelles « qui atteignent pour les stupéfiants 652 315 unités au 31 janvier 2025 ». « En un mois, on a une hausse de 8 %, c’est 16 300 amendes qui ont été attribuées, le taux de recouvrement est à 53 % ».
Les chiffres de la consommation sont aussi en hausse. 1,1 million de personnes ont consommé de la cocaïne en 2023. Le cannabis compte 5 millions de consommateurs. L’usage de MDMA est passé entre 2019 et 2023 de 400 000 à 750 000 personnes ».
Mais le ministre l’assure : « Nos forces de sécurité sont à l’œuvre ». En 2023, 23 tonnes de cocaïnes avaient été saisies. Sur les 11 premiers mois de 2024, ce sont 47 tonnes.
Alors que plusieurs élus à gauche plaident pour une légalisation du cannabis, une proposition de loi en ce sens du sénateur socialiste, Gilbert-Luc Devinaz a même été déposée l’année dernière, le ministre estime « qu’elle ne réglerait rien ». « Cette voie-là, c’est la voie de l’échec », a-t-il estimé prenant des comparaisons étrangères ou le cannabis a été légalisé ou le trafic de cigarettes qui explose en France, alors que le produit est légal.
Autre argument, le cannabis « constitue une cause majeure d’accidents de la route puisqu’en 2022, un conducteur sur cinq était positif aux stupéfiants dans un accident mortel ».
« Nous avons besoin d’une rupture en matière culturelle », a-t-il conclu rappelant que la proposition de loi visant à sortir la France du piège contre le narcotrafic avait été adoptée à l’unanimité au Sénat. « Il va nous permettre de lutter contre la criminalité organisée mais il y a l’autre bout de la chaîne ».