Devant une grande partie du gouvernement (27 ministres étaient présents), Emmanuel Macron a conclu la Conférence nationale du handicap (CNH) en déclinant les mesures prévues en faveur de l’insertion et de l’inclusivité pour les personnes en situation de handicap. À travers la déclinaison des 70 mesures, le président de la République a voulu afficher un programme déterminé pour améliorer les conditions de vie des personnes en situation de handicap en se basant sur cinq axes : enfance et éducation, l’emploi, l’accessibilité, les soutiens financiers et humains et la pratique sportive.
“On ne bougera pas tout en six mois, sur l’accessibilité on sait qu’il faut des années”
Pour convaincre de sa détermination à répondre aux lacunes en matière de handicap, le président de la République a annoncé un certain nombre de dispositions financières, pour faciliter le quotidien des personnes en situation de handicap. La première, et la plus significative d’entre elles, concerne le remboursement à 100 % des fauteuils roulants d’ici 2024. De manière générale, 1,5 milliard d’euros seront dédiés à l’amélioration de l’accessibilité des lieux publics. Une somme qu’Emmanuel Macron qualifie de “ligne budgétaire conséquente qui doit être suivie d’effets”. Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée chargée des personnes handicapées, avait déjà annoncé poursuivre l’objectif de rendre l’intégralité des gares nationales accessibles pour les personnes en situation de handicap. 400 millions d’euros serviront à équiper l’ensemble des gares d’ici 2027.
Toujours sur la question de l’accessibilité, le dispositif “Ma Prime Adapt’ “qui permet, initialement, aux personnes de plus de 70 ans de financer des solutions pour aménager leur domicile à la réduction de leur mobilité, sera ouvert, à partir de 2024, aux personnes en situation de handicap. Une prise en charge financière renforcée sera également mise en œuvre pour les prothèses, ou pour l’achat de matériel permettant de parler comme les tablettes à commande oculaire et les logiciels de synthèse vocale. Malgré la détermination affichée, Emmanuel Macron reconnaît “qu’on ne bougera pas tout en six mois, sur l’accessibilité on sait qu’il faut des années”.
Accompagner pour “changer le quotidien des personnes”
80 % des personnes en situation handicap sont sujettes à un handicap invisible et nécessitent par conséquent des mesures différentes de celles évoquées plus haut. Des mesures destinées à “changer le quotidien des personnes”, selon le président de la République. En ce sens, la déconjugalisation de l’aide adulte handicapé (AAH) a été confirmée pour le 1er octobre et devrait “augmenter de 350 euros par mois en moyenne”.
D’autres mesures visent à faciliter l’insertion sur le marché de l’emploi. Emmanuel Macron a annoncé la simplification de la reconnaissance du statut de travailleur handicapé et a fait savoir sa volonté de revoir la liste des secteurs professionnels exonérés de l’obligation de compter une proportion de 6% de personnes en situation de handicap au sein de l’effectif total de l’entreprise.
Le statut de travailleur handicapé en Établissements ou services d’aides pour le travail (ESAT) devrait aussi connaître d’importantes modifications. Ces derniers ne bénéficient pas d’un statut salarié et sont donc sujets à un certain nombre de restrictions dans l’exercice de leurs droits. “Les 120 000 personnes qui travaillent en ESAT doivent pouvoir bénéficier de l’ensemble des droits sociaux”, affirme Emmanuel Macron. Le droit de grève est notamment concerné. Par ailleurs, Emmanuel Macron estime qu’ “il n’est pas acceptable qu’ils [les travailleurs en ESAT] soient rémunérés à 60 % du SMIC alors qu’ils travaillent à temps plein”.
“ Faire du handicap une politique publique naturelle”
Si les annonces ont été nombreuses, quelques associations manquaient à l’appel puisque le collectif Handicaps avait annoncé boycotter la rencontre pour protester contre une politique jugée insuffisante en matière de handicap, en faisant notamment référence à une récente décision du conseil de l’Europe sur l’insuffisante effectivité des droits de personnes handicapées en France. En ouverture de la CNH, Jérémie Boroy, président du conseil national consultatif des personnes handicapées, appelait le gouvernement à “passer d’une démarche de consultation unilatérale à une vraie co-construction” et “renforcer la participation des personnes concernées”.
Le président de la République a cherché à rassurer en appelant à “faire du handicap une politique publique naturelle”. En ce sens, Emmanuel Macron a annoncé la publication d’un “programme opérationnel et de points d’étape” détaillant la mise en œuvre des mesures. Un programme mis en pratique dans le cadre d’une “gouvernance renforcée” qui réunira les parties prenantes une fois par trimestre pour évaluer les difficultés.