« C’est la prise de conscience que les narcotrafiquants ont pris pied dans nos prisons, c’est la pieuvre qui a gagné du terrain ! » Le sénateur centriste Olivier Henno a fait part de sa stupéfaction ce 29 mai aux questions d’actualité au gouvernement, une semaine après les révélations du Parisien sur le passé de Mohamed Amra, le détenu libéré par un commando lors d’un transfert, au péage d’Incarville (Eure). Deux agents pénitentiaires ont perdu la vie dans cette évasion, et trois autres ont été blessés.
Selon le quotidien, la sonorisation de la cellule du prisonnier entre 2022 et 2023, lorsqu’il été incarcéré à la Santé, sont éloquentes. Grâce à plusieurs téléphones portables, l’homme continuait de gérer ses réseaux à distance, son trafic de stupéfiant, allant même jusqu’à organiser depuis sa cellule des enlèvements ou des séquestrations.
« Cette audace, cette violence est tout à fait nouvelle. N’y a-t-il pas urgence d’une remise à plat », s’est interrogé le sénateur Olivier Henno. Une question « parfaitement légitime », a reconnu le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti. Le garde des Sceaux a admis que ces écoutes faisaient état d’une « d’une dangerosité certaine qui ne semblait pas avoir été prise en considération ». « J’ai la ferme intention de faire la lumière sur la prise en charge du détenu Amra et notamment ce qui concerne le partage d’informations », a-t-il ajouté. Il a annoncé le lancement d’une enquête, confiée à l’Inspection générale de la Justice.
Éric Dupond-Moretti a dit partager « l’interrogation » du sénateur sur « l’adaptation de notre modèle carcéral à ces détenus particulièrement violents et sans aucune limites ». Ce mercredi à 17 heures, le ministre va réunir tous les directeurs interrégionaux des services pénitentiaires pour mettre en œuvre l’accord conclu avec les organisations syndicales pénitentiaires, mais aussi pour trouver de « nouvelles mesures structurelles » concernant la prise en charge des détenus les plus dangereux. « J’entends mettre en œuvre ces mesures le plus rapidement possible », s’est-il engagé.
D’autres réponses seront apportées dans le cadre du projet de loi contre la grande criminalité, présenté cet automne.