« Beaucoup d’humoristes ne veulent plus jouer dans les universités nord-américaines dites woke »,  regrette Anthony Kavanagh

Humoriste québécois débarqué en France il y a 25 ans, Anthony Kavanagh revient sur un début de carrière marqué par le racisme, les embûches qu’il a dû surmonter et la montée en puissance du wokisme dans les universités américaines. Cette semaine, Anthony Kavanagh est au micro de Rebecca Fitoussi dans l’émission d’entretien Un monde, un regard.
Stella Naville

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ll n’a pas toujours connu le succès, et parfois même, l’humoriste n’a pas réussi à décrocher un seul sourire de son public. Même si les années ont passé, il se souvient très précisément de ces épreuves : « Ça m’est arrivé deux fois de monter sur scène et de ne provoquer aucun rire. C’étaient des galas privés. Je devais avoir 19 ou 20 ans ». Et même si cette expérience était pour le moins traumatisante, elle ne l’a pas découragé. Au contraire, cela lui a forgé « une carapace » pour affronter les injustices qu’il a rencontrées dans le monde du spectacle.

« Un humoriste noir doit justifier sa couleur »

Que ce soit au Québec ou en France, l’humoriste se souvient avoir été régulièrement confronté au racisme. « On m’a souvent dit que, même si j’avais du succès, je ne pourrais pas faire la une d’un magazine parce que j’étais noir. On m’a également refusé un rôle de médecin à cause de ma couleur de peau », se remémore l’artiste avec émotion. Anthony Kavanagh évoque aussi son impression de devoir justifier sa couleur de peau et davantage prouver son talent.

« On m’a également refusé un rôle de médecin à cause de ma couleur de peau », Anthony Kavanagh

Vers un cinéma français plus diversifié

Aujourd’hui, si l’humoriste reconnaît une meilleure représentativité de la population noire dans le cinéma français, il déplore que certains se réfugient derrière le succès d’une seule vedette pour ne pas offrir de rôles à de nouveaux artistes noirs. « Il y a eu une évolution, je dois l’admettre » mais s’empresse-t-il d’ironiser « On dit souvent pour Omar, si, mais pour les autres, non ».

L’humoriste regrette également que les réalisateurs français proposent presque toujours les mêmes personnages aux acteurs de couleur : « Dans les films français, les noirs incarnent souvent des personnes issues des quartiers difficiles ou qui sortent de prison. Et puis, la couleur de peau de l’acteur est toujours évoquée à un moment ou un autre du film, comme s’il fallait la justifier », contrairement aux États-Unis.

L’impossible humour dans les universités wokes

S’il a été lui-même confronté au racisme, aujourd’hui Anthony Kavanagh regrette qu’il soit de plus en plus difficile de se produire dans les universités nord-américaines. « Il y a beaucoup d’humoristes qui ne veulent plus jouer dans ces établissements, où on te dit ce qu’il ne faut pas dire. Les étudiants n’y ont plus aucun humour, plus de second degré » regrette Anthony Kavanagh.

Pour l’artiste on doit pouvoir rire de tous, à condition de commencer par soi-même : « Je déteste les gens qui rigolent des autres, mais dès qu’on se moque d’eux, ils ne trouvent plus ça drôle. La première personne qui doit te faire rire, c’est toi-même ».

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