Paris SNCF : Le trafic des TGV tres perturbe après une attaque massive informatique, 800.000 voyageurs concernes

Attaques du réseau SNCF : quelles menaces planent sur les Jeux Olympiques ?

Le réseau SNCF a été frappé par un acte de sabotage massif et coordonné, laissant à quai 800 000 voyageurs. A quelques heures de la cérémonie d’ouverture, l’évènement sportif planétaire va être une cible privilégiée. Cyberattaques, drones, vidéoprotection… Ces derniers mois le Sénat a mené une série de travaux pour identifier les menaces.
Simon Barbarit

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En avril dernier, une mission d’information sénatoriale présentait son rapport et ses 55 préconisations pour « gagner la médaille d’or de la sécurisation » des Jeux Olympiques. A quelques heures de la cérémonie d’ouverture, l’objectif semble plus que jamais ambitieux.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, une « attaque massive » contre le réseau de trains à grande vitesse a affecté 800 000 voyageurs et devrait entraîner des perturbations jusqu’à la fin du week-end, selon le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou. La SNCF a « été victime cette nuit de plusieurs actes de malveillance concomitants touchant les LGV Atlantique, Nord et Est », a indiqué le groupe ferroviaire dans un communiqué, « des incendies volontaires ont notamment été déclenchés pour endommager (ses) installations ».

« On savait que ce serait le talon d’Achille, la difficulté étant que les lignes ferroviaires sont difficilement sécurisables. On a aussi mis l’accent sur la sécurisation des infrastructures de transports en Ile-de-France au risque que les attaques se concentrent sur le reste du territoire », observe la sénatrice (apparentée LR) Agnès Canayer corapporteure de la mission de sécurisation des Jeux Olympiques.

Dans leur rapport, les élus appelaient à « finaliser et tester les plans de transports des JOP, y compris en situation de crise, afin d’assurer le bon dimensionnement de leur sécurisation ». Lors d’un point presse, Jean-Pierre Farandou a précisé que des milliers de cheminots étaient mobilisés « pour réfléchir aux plans de transports compte tenu des dégradations enregistrées ». « L’idée, c’est quand même de faire circuler quelques trains et que tout ça aille le plus vite possible », a-t-il précisé.

Auditionné en mai dernier par la commission de l’aménagement du développement durable du Sénat, le PDG de la SNCF avait ciblé « les difficultés » liées au JO en Ile-de-France. « Pour la première fois dans la même journée, le Stade de France sera vidé et rempli deux fois. On ne l’a jamais fait […] On aura aussi beaucoup de gares près des épreuves qui seront beaucoup plus fréquentées que d’habitude. Le trafic va être multiplié par 10 avec des gares assez étroites », avait-il déclaré citant notamment les gares de la ligne du RER C. Jean-Pierre Farandou a indiqué que l’offre de trains et les personnels avaient été renforcés en Ile-de-France.

Les cyberattaques peuvent conduire à l’annulation des épreuves

Si le sabotage de la SNCF est dû à des incendies criminels, une autre menace, celle des cyberattaques, préoccupe grandement les autorités publiques. Auditionné par la commission de la défense du Sénat en octobre dernier, Emmanuel Naëgelen, le directeur adjoint de l’Anssi, (l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information), avait dressé un constat inquiétant. « Nous sommes convaincus que les Jeux Olympiques à Paris vont concentrer sur notre pays un niveau inédit d’attaques cyber de tout ordre. Les JO c’est 350 entités, dont 80 sont critiques, si elles subissaient une attaque d’ampleur, soit une grande partie des jeux pourrait être annulée », a-t-il alerté avant de préciser que beaucoup de ces acteurs n’avaient jamais été confrontés à ce type de menaces. C’est pourquoi, l’Anssi a mené de nombreux audits, distribué des kits d’entraînement à ces 350 entités dont 210 établissements de santé. Une autre difficulté pointée par le directeur adjoint de l’Anssi pour la sécurisation des JO portait sur le calendrier. « Les Jeux Olympiques et paralympiques, c’est deux fois 15 jours. En 15 jours, on ne peut pas reconstruire un système d’information détruit par un rançongiciel. Ça veut dire qu’on va devoir miser sur une détection la plus efficace possible des attaques pour pouvoir les enrayer le plus tôt possible et limiter leurs impacts. Il va falloir aussi mettre en place une sorte de médecine de guerre cyber avec des plans de remédiation très rapide pour pouvoir remonter le plus vite possible les systèmes d’information attaqués », avait-il indiqué.

Risque terroriste : la vidéoprotection en deçà de ce qui était prévu

La loi du 19 mai 2023 relative aux Jeux Olympiques, dite loi « JOP », prévoyait une série de dispositifs exceptionnels pour assurer sa sécurisation et avait pour point fort le déploiement de la vidéosurveillance intelligente pour surveiller les foules et le déploiement de scanners corporels à l’entrée des stades. « On est loin des objectifs fixés. Il n’y aura pas de scanners à ondes millimétriques et le déploiement de vidéoprotection ne sera pas optimum. Les Jeux Olympiques vont surtout servir de terrain d’entraînement pour ces nouveaux outils. Ce qui va conduire à utiliser plus de ressources en personnels », souligne Agnès Canayer.

Lutte anti-drone : les inquiétudes du Sénat

Cette semaine, le Premier ministre Gabriel Attal était sur la base militaire de Villacoublay pour se faire présenter le dispositif anti-drone qui sera déployé lors des Jeux Olympiques. Et a révélé qu’il y avait « 6 drones interceptés en moyenne chaque jour » aux abords des sites olympiques. C’est un sujet dont s’est emparée la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat en lançant une mission confidentielle sur le sujet en fin d’année dernière. Dans son rapport secret remis à l’Élysée, au Premier ministre et au ministre des Armées, le Sénat a émis des préconisations. « Elles sont mises en œuvre pour l’essentiel » a confirmé lundi à publicsenat.fr Cédric Perrin. Le président de la commission salue la réactivité de la Direction générale de l’armement (DGA). Le ministère des Armées n’avait pas vraiment le choix, au vu des tests réalisés et qui ne s’étaient pas révélés très concluants. Baptisés « Coubertin LAD 1 & 2 », en hommage au fondateur des Jeux Olympiques de l’ère moderne Pierre de Coubertin, ces exercices avaient montré les limites du système Parade. Un programme d’armement conçu pour fonctionner sur un espace dégagé et non dans un environnement urbain. Sa sensibilité trop élevée lui fait confondre les ailettes de climatiseurs avec des hélices de drones, comme l’avait révélé le Canard enchaîné. La France a donc fait appel à d’autres systèmes « Milad » « Bassalt » ou encore « Orcus ». C’est d’ailleurs ce dernier qui a permis la neutralisation de drones ce dimanche près du village olympique.

 

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