Suite à trois recours déposés contre le choc des savoirs, dont un par la sénatrice écologiste Monique de Marco, le rapporteur public du Conseil d’Etat demande d’annuler la mise en place des groupes de niveau au collège, soit le cœur de la réforme portée par Gabriel Attal. S’il faut encore attendre la décision du Conseil d’Etat, son avis pourrait être suivi.
Attaque du domicile du maire de l’Haÿ-les-Roses : « Maintenant nous sommes à portée de coups qui peuvent être mortels »
Par Romain David
Publié le
Les maires de France appellent leurs administrés et l’ensemble des élus à se rassembler ce lundi, à partir de midi, devant chaque mairie en soutien à Vincent Jeanbrun, le maire LR de L’Haÿ-les-Roses dans le Val-de-Marne, dont le domicile a été attaqué ce week-end. « C’est consternant. Imaginez-vous ce qu’ont subi sa femme et ses enfants à une heure du matin ? », a réagi ce lundi, au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, Luc Carvounas, le maire PS d’Alfortville. « On a franchi un nouveau cap, tout le monde le dit et le reconnaît », alerte notre invité.
« Vincent Jeanbrun et moi participions vendredi soir à une réunion Zoom avec tous les maires du Val-de-Marne organisée par la préfète. Il fait partie de ces maires qui lors de ce Zoom ont interpellé les représentants de l’Etat pour dire : ‘J’ai un problème avec ma police municipale qui n’a plus assez de cartouches de flashball. Le maire de Villejuif, ce soir-là, a pris la parole pour dire qu’il avait exfiltré sa famille menacée. Le maire de Bonneuil-sur-Marne a dit la même chose », rapporte Luc Carvounas.
Les maires en première ligne face aux émeutes urbaines
La maison de Vincent Jeanbrun a été ciblée par un camion-bélier dans la nuit de samedi à dimanche, auquel les occupants ont mis le feu après avoir enfoncé la clôture du domicile. L’édile se trouvait à l’hôtel de ville au moment de cette attaque. En revanche, sa femme et l’un de ses enfants ont été blessés en fuyant pour échapper aux émeutiers, a rapporté Vincent Jeanbrun dans un communiqué, dénonçant une « tentative d’assassinat d’une lâcheté inqualifiable ».
Depuis la mort du jeune Nahel mardi, abattu par un tir de policier en marge d’un contrôle routier à Nanterre, des violences urbaines ont éclaté en région parisienne et dans de nombreuses villes de France. 157 personnes ont été interpellées dans la nuit de dimanche à lundi, selon un bilan du ministère de l’Intérieur. Les autorités ont répertorié 352 incendies sur la voie publique et 297 incendies de véhicules.
« Nous, les maires, sommes extrêmement exposés. Désormais, on sait où l’on vit. Certains disent que nous sommes à portée de baffes, maintenant nous sommes à portée de coups qui peuvent être mortels. J’appelle l’Etat à nous donner les moyens d’accomplir nos fonctions ! », martèle Luc Carvounas. Lui-même indique avoir été menacé plusieurs fois de morts. « Au moment où je vous parle une personne, reconnue comme mentalement déficiente, a été arrêté quatre fois dans ma commune avec un couteau dans chaque main, hurlant qu’elle allait me tuer. Madame la préfète a pris un arrêté d’internement pour que demain, il ne puisse pas sortir sans son accord. Oui, les responsables de l’Etat sont à nos côtés quand nous sommes en grande difficulté, il faut le reconnaître », indique le socialiste qui dénonce, en revanche, une forme d’abandon au quotidien.
« Je ne fais pas partie de ces maires qui réclament l’état d’urgence »
« Les coupables seront poursuivis avec la plus grande fermeté », a fait savoir Elisabeth Borne après l’attaque contre le domicile de Vincent Jeanbrun. Mardi, Emmanuel Macron doit recevoir les maires de 220 communes victimes d’exactions. « Nous ne laisserons rien passer », a encore martelé la cheffe du gouvernement en marge d’un déplacement à l’Haÿ-les-Roses. « Je n’y crois pas », soupire Luc Carvounas. « Nous nous sentons abandonnés. Une fois que la Première ministre et ses ministres sont venus, ont dit ce qu’ils ont dit, que se passe-t-il de plus ? A-t-on plus de policiers ? Plus de moyens ? », interroge l’élu.
« Je demande à nos collectivités que l’on nous rende de l’argent. Depuis six ans l’Etat ne cesse de ponctionner sur nos budgets de fonctionnement pour nous empêcher de faire notre travail comme il se doit parce qu’ils n’ont aucune conscience de ce qu’est le métier de maire et de ses réalités, ce n’est pas leur matière », s’agace encore cet ancien député. Il rejette en revanche certaines prérogatives accordées aux maires, estimant que l’Etat se déleste de ses propres obligations sur les élus locaux. « Je ne fais pas partie de ces maires qui réclament l’état d’urgence, de la même manière que je considère que ce n’est pas à un maire de prendre des arrêtés de couvre-feu », explique Luc Carvounas. « C’est à la préfecture et à l’Etat de prendre leurs responsabilités, de dire à des populations qu’elles doivent rester chez elle. Le maire n’est pas là pour être liberticide », conclut-il.
Pour aller plus loin