Aujourd’hui, rares sont les joueurs qu’on pourrait qualifier d’« anges », dont on pourrait louer l’humilité, et qui pourraient se vanter de n’avoir reçu que deux cartons jaunes dans toutes leurs carrières. Dominique Rocheteau, lui, ne s’en vantera pas – fidèle à sa modestie – mais « quelque part, c’est un peu sa fierté ». S’il regrette aujourd’hui une forme d’arrogance de la part de certains joueurs, il applaudit des joueurs comme Lionel Messi, dont il admire « la personnalité et l’humilité ».
Jamais donneur de leçon, dans Foot sentimental (publié chez le cherche midi éditeur), il souhaite aujourd’hui partager son expérience et son savoir : « mon livre est adressé – à ma génération bien sûr – mais aussi aux jeunes. J’ai envie de transmettre avec une certaine humilité. ».
Une carrière modèle
49 sélections en Equipe de France, vainqueur de l’Euro en 1984, demi-finaliste en 1982 et 1984, grand joueur de l’AS Saint-Etienne, du PSG, et du Toulouse FC : la carrière de Dominique Rocheteau compte parmi les plus prestigieuses du football français. Cette passion pour le football lui vient de son père, son « premier exemple, premier entraineur » : « Je l’ai vu évoluer. C’était mon mentor » confie-t-il. Un mentor, et un modèle qui lui a appris la retenue, l’importance « d’avoir un certain recul », lui qui se reproche pourtant « son caractère » …
Un non-violent donc, qui ne comprend pas les excès de certains supporters, après l’attaque des bus lyonnais : « De la violence, il y en a toujours eu. Quand j’étais dirigeant au club de Saint-Etienne, on avait parfois le car caillassé. Donc ce n’est pas une première ». S’il favorise toujours « l’éducation, la pédagogie en amont » et invite à responsabiliser les supporters, il se veut intransigeant sur les sanctions : « il faut être hyper sévère vis-à-vis de ces individus ».
Football nostalgie
Qu’on ne s’y trompe pas, s’il se veut parfois critique envers la nouvelle génération, il s’en enthousiasme tout autant : « Sincèrement, je pense qu’on n’a jamais eu une si bonne Equipe de France. » Une « génération fabuleuse » qui doit ses lettres de noblesses à l’excellence de la « formation française, une des meilleures au monde », mais aussi grâce au football « des petits clubs, des amateurs ». Nostalgique, le footballeur reste attaché à ce football des petits villages, des territoires, où naissent les passions et les vocations.
C’est ce manque de proximité qu’il déplore aujourd’hui : « on a mis de la distance entre les joueurs et les supporters, regrette-t-il, les conférences de presse devant 100 personnes, je n’aurais pas trop aimé ça ». Une surmédiatisation qui a déconnecté un milieu déjà trop porté sur l’argent d’après lui : « L’argent a changé les choses, l’état d’esprit. Le milieu des agents fait désormais la pluie et le beau temps dans le sport. ». Incompréhensible pour lui qu’« un jeune de 14-15 ans obtient tout de suite son agent désormais ».
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