Medecin Generaliste nouvelle grille tarifaire

« Plus personne ne va vouloir faire ce métier » : colère des syndicats de médecins face aux contreparties de la hausse des tarifs de consultation

Le 8 février dernier, l'Assurance maladie a confirmé sa volonté de financer la tarification à 30 euros des consultations des médecins généralistes. Si Frédéric Valletoux s'est dit favorable à cette mesure, les syndicats de médecins traitants, eux, fustigent les contreparties demandées par l'Etat.
Rédaction Public Sénat

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Ce matin, le ministre délégué chargé de la Santé, Frédéric Valletoux, a confirmé soutenir la hausse de la tarification des consultations médicales. En novembre dernier, la hausse de 1,50 euros était entrée en vigueur, faisant passer le tarif de la consultation de 25 à 26,50 euros. Cette décision arbitrale avait été prise alors que les négociations entre la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et les représentants de médecins libéraux avaient échoué début 2023. Alors que la CNAM a annoncé l’ouverture d’un nouveau cycle de discussions sur la tarification à 30 euros, les principaux syndicats de médecins généralistes s’indignent que des efforts puissent leur être demandés en retour.

Un rattrapage indexé sur l’inflation

Dans son communiqué, la CNAM « confirme qu’elle est prête à financer une revalorisation de la consultation du médecin généraliste à 30€ ». Mais, pour Agnès Giannotti, présidente du syndicat de médecins généralistes MG France, le montant « prend seulement en compte l’inflation ». Même constat pour le président d’honneur de la Fédération des Médecins de France (FMF), Jean-Paul Hamon : « Les 30 euros sont un simple rattrapage de l’inflation, en aucun cas une revalorisation ».

Pour pallier la « flambée » des charges, à laquelle les médecins généralistes sont confrontés, Agnès Giannotti souligne qu’il est en effet essentiel de compenser l’inflation. A ce sujet, Jean-Paul Hamon assure que l’indemnité kilométrique (qui s’élève aujourd’hui à 1 euro) n’a pas connu de revalorisation depuis 1994. Mais pour la présidente de MG France, les efforts financiers doivent également porter sur le forfait patientèle médecin traitant perçus par les praticiens. Elle préconise également une revalorisation des consultations longues, « qui devraient passer à 60 euros ».

La CNAM assure que « ces évolutions tarifaires ne seront mises en œuvre que si elles s’accompagnent d’autres évolutions en faveur de l’amélioration de la santé de la population ». Plusieurs contreparties seront donc soumises aux négociations. De son côté, Frédéric Valletoux a déclaré ce mardi qu’ « à partir du moment où l’Etat fait l’effort d’accompagner […], il faut peut-être [que les médecins] s’engagent à prendre plus de patients ». La question des gardes obligatoires reste également en suspens, après que le premier Ministre Gabriel Attal a annoncé fin janvier vouloir restaurer les « obligations de gardes pour les médecins libéraux, en soirée ou le week-end » dans les déserts médicaux.

Pour Jean-Paul Hamon, « les contreparties sont une injure à la profession ». Il déplore le manque de « cohérence » du gouvernement et redoute des mesures qui « reviendraient à vider définitivement ces territoires de médecins », qui risqueraient de « se réfugier dans le salariat ».

L’attractivité du métier en question

« Si on nous ajoute encore plus de contraintes, plus personne ne va vouloir faire ce métier ! », s’indigne Agnès Giannotti. Elle-même médecin généraliste, elle souligne l’ambivalence de son métier : « Le généraliste est celui qui organise le système de santé dans son ensemble. Le problème, c’est que c’est aussi celui qui accepte le plus de contraintes ». Sur le vieillissement de la profession et sa difficulté à attirer de jeunes médecins, Agnès Giannotti est catégorique : « Forcément, ils se tournent vers d’autres spécialités où ils peuvent gagner plus d’argent et où ils auront moins de contraintes ».

La présidente de MG France appelle donc à une réflexion collective pour « donner aux jeunes l’envie de s’installer ». Jean-Paul Hamon, lui, reste très pessimiste : « Ils n’ont pas l’intention de rendre attractif le métier et ils ont décidé de dégrader la qualité de la prise en charge des patients ». Le président d’honneur de la FMF déplore des décisions politiques qui « démantèlent » le métier de médecin généraliste, au profit d’une « succession de petits actes » redistribués à des cabines de téléconsultation, aux pharmaciens ou aux infirmiers. Pour Agnès Giannotti, le risque pour la santé publique est élevé : « Sans médecin traitant, c’est tout le système de santé qui va s’effondrer ».

« J’espère que ça va aboutir le plus vite possible » a déclaré Frédéric Valletoux, invité de la matinale de France Info. Cependant, la présidente de MG France prévient : « Nous ne signerons pas une convention qui rajoute des contraintes à des gens qui n’en peuvent déjà plus ». La prochaine séance plénière de négociations aura lieu « dans la première quinzaine de mars », après la tenue de réunions bilatérales avec chaque syndicat, selon l’Assurance maladie.

Myriam Roques-Massarin

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