A 33 ans, Martial Jardel est médecin de famille en Haute-Vienne. Le phénomène de désert médical, le jeune praticien l’a découvert à la fin de ses études. « En 2021, après mon internat, je suis parti pendant cinq mois avec mon camping-car, faire dix remplacements de quinze jours dans des déserts médicaux. Ça m’a donné une vision plus éclairée de l’état de la médecine générale. Ce qui se passe est grave. Les médecins généralistes doivent se saisir de ce sujet.»
Un médecin différent toutes les semaines dans un centre médical de l’association
Cette prise de conscience motive le généraliste à agir. « Ça fait 30 ans que l’on bloque sur la question du médecin de famille qui ne veut pas s’installer dans certains territoires. L’installation complète, c’est trop d’engagement. On ne peut pas en demander beaucoup à peu mais peu à beaucoup”, juge Martial Jardel.
Il a alors l’idée de fonder Médecins solidaires en 2022. Si les communes ne peuvent faire venir de médecins, un médecin viendra à la commune. « À tour de rôle, les médecins de l’association se relaient pour assurer chacun une semaine de consultation, dans l’un des cinq centres de santé de Médecins solidaires » décrit-il. Les critères d’implantation ? « On travaille avec l’ARS pour identifier les foyers les plus brûlants, les territoires où il n’y a plus de présence médicale », précise Martial Jardel. À la clé, rémunération et hébergement dans un gîte de caractère pour le médecin.
Un bénéfice à ces regards croisés
Côté patients, Martial Jardel reconnaît qu’à ses débuts, l’initiative a pu générer une forme de défiance. « Les gens se demandaient quelle serait la qualité des soins, comment serait-assuré le suivi des dossiers d’un médecin à l’autre. »Sans remettre en cause la pratique de la médecine de famille, il y a un bénéfice « à ces regards croisés », souligne Martial Jardel.
Le médecin en est convaincu : « On ne peut plus faire comme avant et s’appuyer sur des méthodes anciennes pour en finir avec les déserts médicaux. La mise en cause des politiques publiques, ça ne fait pas avancer le schmilblick. Nous sommes la seule initiative qui apporte une présence médicale dans des territoires où il n’y a plus personne. »
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