Le Doliprane « continuera à être produit en France », s’engage le ministre de l’Économie
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Quatre ans après la pandémie de covid-19, le projet de vente d’une filiale de médicaments grand public par Sanofi à un fonds américain donne la migraine à la représentation nationale. Le géant pharmaceutique français est en discussion avec CD & R pour lui céder potentiellement le contrôle d’Opella, sa filiale qui commercialise une centaine de références accessibles sans ordonnance dont le Doliprane, le célèbre médicament au paracétamol. « Nous n’acceptions pas ce changement de cap du gouvernement », s’est exclamée en ouverture des questions au gouvernement, ce 16 octobre la sénatrice Anne-Sophie Romagny (Union centriste). La sénatrice de la Marne a rappelé qu’il y a seulement un an, l’exécutif s’était engagé dans une stratégie de « reconquête sanitaire » et de préservation des lignes de production françaises.
Y voyant une menace sur l’emploi, mais aussi sur notre « souveraineté industrielle » et « sanitaire », la parlementaire a déclaré qu’elle ne partageait pas « l’optimisme » du ministre de l’Économie, lequel s’était exprimé lundi devant les salariés à Lisieux (Calvados). Elle n’est pas la seule, d’autres collègues ont ensuite pris la parole, comme Corinne Féret (PS) ou Pascal Savoldelli (PCF).
« Le Doliprane sera produit en France, il continuera à être produit en France »
« Je ne suis pas optimiste, je suis déterminé, sous l’autorité du Premier ministre, à obtenir des garanties extrêmement fermes », a répondu le ministre de l’Économie. Concernant les discussions avec le groupe pharmaceutique, Antoine Armand a rappelé que les exigences portaient sur « le maintien de l’emploi dans la durée, de l’empreinte industrielle, de la recherche et développement » ou encore du maintien du siège. « Le Doliprane sera produit en France, il continuera à être produit en France », a fait savoir l’ancien député, pour qui « rien n’est exclu à ce stade ». Promettant de mener « pleinement la procédure légale des investissements étrangers en France », le ministre a souligné à nouveau qu’il étudiait « la possibilité d’une prise de participation » de l’État dans l’entreprise, afin de pouvoir peser sur les orientations stratégiques.
Relancé par les sénateurs sur le risque que Sanofi ne respecte pas les engagements, il a ajouté qu’il faudrait des « clauses » pour s’assurer qu’ils soient tenus. Le ministre a également été interrogé sur la raison pour laquelle il n’avait pas menacé de faire usage de son veto, comme le gouvernement Attal l’avait fait en avril. À cette époque, Biogaran (filiale de Servier), leader du marché français pour la production de génériques, était menacé de passer sous pavillon étranger. « Pourquoi ne l’avez-vous toujours pas fait ? » s’est exclamée Corinne Féret. « La procédure ne peut pas commencer avant même le dépôt d’un projet de cession », a rétorqué le ministre.
Antoine Armand s’engage à étudier le système des aides publiques aux entreprises
Pour le sénateur Pascal Savoldelli, qui s’inquiète des postes dans la division recherche du groupe « en voie d’être supprimés » dans son département, la vente démontre l’objectif du laboratoire à vouloir « s’enrichir ». L’élu du Val-de-Marne a souligné que le groupe avait bénéficié d’un milliard d’euros de crédit impôt recherche en dix ans. « Cette vente est scandaleuse. Sanofi, avec l’aval de l’État, abandonne la recherche en oncologie ! »
Le ministre de l’Économie a reconnu que la question des aides et des financements publics méritait « sans doute d’être regardée avec beaucoup plus d’acuité ». « Nous allons mener un travail pour connaître l’ensemble des soutiens publics, et pas seulement le crédit impôt recherche dont Sanofi a bénéficié, et l’ensemble des dispositifs d’emploi, qui sont en cours d’évolution dans notre pays », s’est engagé à nouveau Antoine Armand.
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