Les sujets d’inquiétude autour des Jeux olympiques et paralympiques ne manquent pas pour les villes hôtes. Bien qu’il ne fasse pas les grands titres, la pression qui pourrait s’exercer sur le système de santé de cet évènement hors normes alimente les inquiétudes à cinq mois de la cérémonie d’ouverture. Afflux exceptionnel de visiteurs, risques sécuritaires en cas de mouvement de foule ou d’attaque terroriste, ou encore conséquences d’une canicule : plusieurs éléments pourraient mettre à rude épreuve les établissements de santé, qui peinent déjà à gérer le quotidien.
« Éviter la saturation de notre système de santé n’a rien d’aisé, quatre ans après le choc de l’épidémie de Covid », s’est inquiété le président de la commission des affaires sociales du Sénat. Philippe Mouiller (LR) a mis les pieds dans le plat, à l’occasion d’un débat en séance avec le gouvernement, intitulé « JO 2024 : la France est-elle prête ? »
« Nous savons tous que, parfois durant l’été, le système est déjà extrêmement saturé », rappelle le sénateur Philippe Mouiller
Le sénateur a mis l’accent sur les services d’urgence. « Nous savons tous que, parfois durant l’été, le système est déjà extrêmement saturé », a rappelé le sénateur des Deux-Sèvres. Pour rappel, pas moins de 15 millions de visiteurs sont attendus pour les olympiades, selon l’Office de tourisme de Paris.
« Nous voulons parer aux besoins de soins des différents athlètes, de la famille olympique, ainsi que des visiteurs […] et ceci, sans dégrader l’offre de soins pour les usagers habituels de notre service public hospitalier », a répondu Amélie Oudéa-Castéra. La ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques a fourni une estimation calculée par les agences régionales de santé, en particulier l’ARS de la région d’Île-de-France. « Les simulations nous montrent une anticipation sur le trafic aux urgences de l’ordre de 5 % », a-t-elle précisé.
Une polyclinique au cœur du village olympique
Selon la ministre en charge des Jeux, des « démarches » ont été entreprises pour augmenter le nombre de lits « en aval » des urgences. L’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris) a prévu d’ouvrir 360 lits supplémentaires. C’est 5 % par rapport aux lits habituellement ouverts un mois d’août. En octobre, l’AP-HP indiquait au Parisien qu’ « environ 730 professionnels médicaux, paramédicaux » de plus devraient être mobilisés par rapport aux été précédents.
Tout n’est pas encore parfaitement calé, notamment pour les effectifs médicaux nécessaires à la polyclinique éphémère, réservée aux 10 500 athlètes au cœur du village olympique, à cheval sur Saint-Denis et Saint-Ouen. « On a en même temps un besoin d’affiner les besoins d’urgentistes. C’est le sens du travail que nous sommes en train d’achever avec le comité d’organisation », a souligné Amélie Oudéa-Castéra. Cette structure temporaire, gérée par l’AP-HP, fonctionnera avec une « petite équipe centrale » et un « ensemble de médecins volontaires dans les différentes disciplines », selon la ministre.
Un travail à mener avec la médecine libérale
La planification avec la médecine est, elle aussi, toujours en cours. « Nous réfléchissons, avec Frédéric Valletoux [le ministre de la Santé, ndlr] à la manière de bien associer la dimension des médecins libéraux à notre effort collectif en faveur de la santé, pour lequel tout est anticipé, y compris les situations sanitaires exceptionnels qui font l’objet de la part du ministère de la santé de plans d’action spécifiques complémentaires », a ajouté la ministre des Sports.
À Paris, outre la polyclinique des athlètes, plusieurs hôpitaux devront prendre en charge des publics spécifiques : Georges-Pompidou (15e arrondissement) pour les délégations officielles olympiques, l’hôpital Avicenne (Bobigny) pour les milliers de journalistes accrédités et l’hôpital Bichat (18e arrondissement) pour les athlètes.